Des avions, des navires et même des missiles américains sont bourrés de puces contrefaites de fabrication chinoise. Tels sont les résultats de l’enquête présentés ces jours-ci au Sénat américain par le comité pour les forces armées. Les sénateurs sont préoccupés car les missiles intercepteurs ou les pilotes d’hélicoptères pourraient ne pas atteindre leurs cibles.
Plus d'un million de pièces de contrefaçon
Approximativement, la quantité des pièces contrefaites employée dans du matériel militaire américain peut dépasser un million. De l’avis des sénateurs, ce n’est que la partie émergé de l’iceberg car la commission n’a vérifié qu’une partie des chaînes de livraison. Des milliers d’avions de combat et de navires de guerre américains sont commandés par des appareils incluant des circuits intégrés chinois de contrefaçon.
Un marché de gros de la contrefaçon
Dans environ 7 cas sur 10 les équipements contrefaits provenaient de Chine et 20 % du Canada et de l’Angleterre. Ces pays sont des plaques tournantes de la revente des pièces chinoises contrefaites. Au cours des auditions, des photos prises dans le marché d’appareils électroniques dans la ville de Shenzhen montrant des boîtes remplies de microprocesseurs ont été visionnées. Les habitants lavent dans la rivière des puces défectueuses ou usées, puis les sèchent au soleil avant de les livrer à des grossistes en matériel électronique.
La roulette russe
Dans certaines conditions une pièce contrefaite peut jouer un mauvais tour, a affirmé le spécialiste du renseignement sur la concurrence Evgueni Iouchtchouk.
Une production non-contrefaite passe par des tests sérieux de qualité, surtout dans l’industrie de l'armement. Son prix élevé comprend, outre le coût de fabrication, le pourcentage de vices de fabrications. Mais lorsque c’est de la contrefaçon, c'est la roulette russe: ça peut soit marcher, soit non.
Le choix de se fournir à l'extérieur
Dans les années 90, l’administration du président Bill Clinton a proposé au Pentagone de réduire les dépenses et de renoncer à produire des circuits intégrés dans les entreprises américaines. Le Pentagone a alors commencé à en acheter à des fournisseurs extérieurs. Et au fur et à mesure que la Chine devenait l'épicentre de la production électronique les pièces chinoises évinçaient celles des concurrents.
Une solution originale
Le Sénat a trouvé une solution originale. Il a exigé que la Chine ferme d’urgence son marché noir de l’électronique. Aux auditions on a même invité l’ambassadeur de la République Populaire Chinoise, mais celui-ci a diplomatiquement refusé l'invitation.
Les résultats de l’enquête du Sénat américain ont aussi été commentés par des experts chinois. Ils qualifient d’infondées les accusations adressées à la Chine. La seule solution pour les Etats-Unis est d’acheter les pièces en question en Corée et au Japon, mais leur prix augmenteront de centaines de fois.