Le porte-avions US dernier cri n’est qu’«un beau gâchis» qui «a de gros ennuis»

© REUTERS / U.S. Navy/ Gitte SchirrmacherLe porte-avions américain Gerald R. Ford
Le porte-avions américain Gerald R. Ford - Sputnik Afrique
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Le président américain, Donald Trump, a loué le porte-avions USS Gerald R. Ford, le système d'armes le plus moderne et le plus cher de l'arsenal du Pentagone, comme «un grand symbole de la force américaine». Mais l'analyste militaire Roger Thompson a raconté à Sputnik qu’il ne partageait pas l’optimisme du commandant en chef.

« Les navires de la classe Gerald R. Ford ont de gros ennuis », a déclaré dans une interview à Sputnik Roger Thompson, l'auteur du livre intitulé Lessons Not learned: The U.S. Navy's Status Quo Culture, ajoutant que toute la classe des « super-porte-avions », un terme officieux utilisé pour les porte-avions les plus grands, dépasse le budget prévu et prend beaucoup de retard.

« Je n'exagère pas quand je dis que la moitié de ses systèmes ne fonctionnent pas. Leurs pilotes ont une longue tradition de ne pas être bien qualifiés pour les combats aériens. Mon livre décrit des pertes importantes dans des exercices de combat aérien simulés contre des pilotes israéliens, britanniques, canadiens et australiens, par exemple. C'est un beau gâchis », a raconté l'analyste militaire.

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Roger Thompson, qui travaille en tant que professeur à l'Université Kyung Hee de Séoul, a également ajouté que Donald Trump était « déconnecté de la réalité », car il croit que les navires de la classe Ford sont des chefs-d'œuvre d'ingénierie.

En particulier, l'expert militaire a déclaré, entre autres choses, que le porte-avions était « une chose du passé » et « une relique de la Seconde Guerre mondiale », exhortant le Pentagone à se concentrer sur des navires qui sont mieux adaptés à la guerre moderne.

« Plus aucune grande puissance du monde n'exploite de porte-avions. Plusieurs pays qui les exploitaient, comme le Canada et l'Australie, les ont finalement mis hors service parce qu'ils ne sont pas rentables », a expliqué l'analyste.

Il fait savoir qu'à l'heure actuelle la marine américaine possède dix porte-avions en service, ajoutant que le président actuel, Donald Trump, envisage d'accroître leur nombre à 12 navires, ce qu'il avait promis pendant sa campagne présidentielle.

« Ce n'est pas une nouvelle promesse. Ronald Reagan voulait [une marine de 600 navires, ndlr] et ne l'a jamais obtenue », a lancé M. Thompson.

Par ailleurs, l'interlocuteur de Sputnik a expliqué pourquoi le commandement américain était aussi obsédé par l'idée des super-porte-avions.

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« Ils essaient de retourner à leurs jours de gloire de la Seconde Guerre mondiale quand c'était les États-Unis contre le Japon, porte-avions contre porte-avions, la bataille de Midway [une bataille aéronavale majeure entre les armées japonaises et américaines en juin 1942, ndlr]. Il y a aussi trop d'argent et trop d'emplois associés au complexe militaro-industriel pour se débarrasser si facilement de ce type de navire démodé », a-t-il noté.

En outre, selon lui, il y des preuves de plus en plus évidentes que les porte-avions de la marine américaine sont vulnérables aux sous-marins et aux nouveaux armements antinavires. Dans le même temps, il affirme qu'« une culture très dysfonctionnelle et corrompue » de la marine américaine empêche de révéler ce défaut majeur.

« Ils suppriment des preuves que les porte-avions sont vulnérables dans les exercices. La défense contre les sous-marins reste faible. C'est bien documenté dans mon livre. Les officiers, qui ont essayé de signaler dans leurs publications que les porte-avions avaient été détruits dans des exercices, sont harcelés et expulsés de la marine », a conclu Roger Thompson.

​Le porte-avions USS Gerald R. Ford devrait être mis en service en 2017, avec un retard de trois ans. Selon les estimations, le développement et la construction de ce bâtiment géant a déjà coûté aux contribuables américains plus de 12,8 milliards de dollars (11,9 mds EUR) dans le cadre d'un programme de 36,3 milliards de dollars (34 mds EUR) qui est en proie à des dépassements de coûts, provenant de tels projets militaires que l’avion F-35 et le destroyer Zumwalt.

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