Trains nucléaires russes, possible option en réponse au déploiement de missiles US en Europe?

© Photo Troupes balistiques stratégiques russes (RVSN)Un train lance-missiles russe (archive photo)
Un train lance-missiles russe (archive photo) - Sputnik Afrique
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L'expert militaire Alexeï Leonkov estime que les trains lance-missiles russes Bargouzine pourraient être une réponse au déploiement de missiles US en Europe, relate le journal russe MK. D'ailleurs, d'autres experts considèrent que la reprise de ce projet suspendu depuis 2017 risque de relancer la course aux armements.

Les trains nucléaires Bargouzine, testés en Russie pour la première fois en 2016, pourraient devenir un facteur de dissuasion pour les États-Unis qui envisagent de déployer des missiles de courte et moyenne portée en Europe, a déclaré l’expert militaire russe Alexeï Leonkov cité par le journal MK.

Selon l'expert, Washington considère ces trains capables de lancer des missiles balistiques intercontinentaux comme «un cauchemar».

D’ailleurs, d’autres experts estiment que la réalisation du projet Bargouzine, suspendu depuis 2017, n’est qu’une option puisqu’elle pourrait relancer la course aux armements.

«Si nous ne voulons pas que les États-Unis déploient des missiles balistiques intercontinentaux en outre de leurs missiles à courte et moyenne portée en Europe, nous ne devons pas initier ce processus. Sinon, ils déploieront des missiles intercontinentaux supplémentaires dès que nous mettrons en service le Bargouzine. Cela risque de relancer la course aux armements», a notamment indiqué Viktor Essine, ancien chef d’état-major des Forces de missiles stratégiques russes, dont les propos ont été repris par MK.

Molodets, prédécesseur de Bargouzine

À l’époque de l’URSS, Moscou avait déjà des complexes ferroviaires lance-missiles dans son arsenal. Le train RT-23OuTTKh Molodets équipé de missiles balistiques intercontinentaux 15J61 et 15J62 a été surnommé SS-24 Scalpel par l'Otan pour sa précision «chirurgicale», rappelle le journal.

Selon M.Leonkov, l'apparition de «trains nucléaires» qui circulaient à côté de trains passagers et de marchandises en URSS a été un «choc» pour le Pentagone. Il était presque impossible de comprendre lequel des trains devait être la cible d'une frappe préventive.

«Il était difficile de reconnaître un système de missiles doté d’ogives nucléaires parmi les milliers de trains qui sillonnent les étendues russes, même en utilisant des satellites d'espionnage modernes», note l'expert.

Les États-Unis ont été obligés de maintenir constamment 18 satellites-espions au-dessus de l’URSS pour surveiller les mouvements des trains, mais cela ne garantissait pas une détection efficace du Molodets, selon lui.

En 1991, l’URSS disposait de trois divisions de ces trains: à Perm, Krasnoïarsk et Kostroma. Lors des négociations sur le désarmement nucléaire, Washington a insisté sur leur démantèlement. Cette arme a été progressivement retirée d’exploitation à partir de 1993. Cela a permis à Washington de réduire ses dépenses militaires en diminuant le nombre de satellites survolant simultanément le territoire russe, selon M.Leonkov.

En 2002, les États-Unis se sont unilatéralement retirés du Traité sur la défense antimissile (ABM).

Bargouzine: moins encombrant et plus efficace

Les travaux de conception d’une nouvelle version du train lance-missiles baptisé Bargouzine ont commencé en Russie en 2012. En 2016, le nouveau train a passé ses premiers tests mais le projet a été suspendu en 2017.

Le train Molodets était équipé de missiles de 105 tonnes et il fallait renforcer la voie ferrée pour permettre son passage. Chaque train Bargouzine est doté de 24 missiles RS-24 d’une portée de 11.000 kilomètres utilisés par les systèmes Iars. Ces missiles sont plus légers et chaque wagon du train militaire ne pèse pas plus que celui d’un train de marchandises.

Le programme d'armement russe à l’horizon 2027 ne prévoit pas de financement pour le projet Bargouzine. Toutefois, selon le général Essine, la Russie devrait réagir si les États-Unis déploient leurs missiles en Europe ce qui rend possible la relance du projet Bargouzine.

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