Série noire: en Suisse, le Rafale encore tenu en échec par le F-35

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Des Rafale - Sputnik Afrique, 1920, 30.06.2021
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Pour remplacer sa flotte aérienne, la Suisse vient d’opter pour le F-35. Un coup dur pour les Européens, mais surtout pour France, dans la mesure où jusqu’à présent le Rafale n’est jamais parvenu à s’imposer face à son concurrent américain dans un véritable match. Retour sur un échec prévisible, bien qu’illogique.

Clap de fin pour les rêves de Dassault en Suisse. Le Rafale ne sera pas le pilier de la flotte de combat helvète pour les prochaines décennies. Tel en a décidé le Conseil fédéral, qui a rendu sa décision ce 30 juin: c’est le F-35A de l’américain Lockheed-Martin qui rafle ce juteux marché de cinq milliards de francs suisses (4,6 milliards d’euros) avec la vente de trois escadrons de F-35.

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Un sacré revers pour Florence Parly, et pas seulement au regard de sa volonté de recentrer les ventes d’armes françaises sur le Vieux continent, qui a déjà contribué à la chute des exportations tricolores. Alors que depuis des mois, les contrats grec, croate et plus récemment égyptien étaient mis en avant pour démontrer que le Rafale marquait son grand retour sur le marché des avions de combat, le fleuron de Dassault a une nouvelle fois perdu un appel d’offres.

La Suisse, un appel d’offres sur mesure pour le Rafale

Car c’est bien là la grosse différence avec les contrats récemment remportés par la France en Grèce, Croatie, Égypte et même avant au Qatar et dans une moindre mesure en Inde: ils s’agissaient de négociations intergouvernementales… sans réelle mise en concurrence. Depuis son premier vol, jamais le Rafale n’a remporté un appel d’offres face au F-35, même lorsque Dassault bradait ses technologies. Une réalité implacable que met en exergue ce énième échec en Suisse.

Cet échec est d’autant plus dur à avaler pour Paris que, malgré les annonces de l’exécutif suisse selon lesquelles les F-35A «sont les mieux adaptés pour protéger à l’avenir la population suisse contre les menaces aériennes», le Rafale semblait le mieux répondre aux attentes des Suisses. En effet, ceux-ci cherchaient dans le remplaçant de leurs F5 Tiger un appareil «à usage multiple». En tête de liste de ses missions, la défense aérienne, mais également l’appui au sol et la reconnaissance. Un cahier des charges qui semblait taillé sur mesure pour un appareil multirôles tel que le Rafale, qui a déjà fait ses preuves en opération.

L’avantage du Rafale semblait d’autant prononcé que, sur le papier, le F-35 n’a pas le profil d’un intercepteur, visible de l’ennemi et manœuvrable en cas de combat aérien. Le dernier né de Lockheed-Martin, par sa furtivité, est clairement un avion de projection dont le but premier est de pénétrer les défenses antiaériennes adverses afin de pouvoir frapper des objectifs terrestres lourdement protégés. On est bien loin de la doctrine de l’armée suisse, qui n’a pas pris part à un conflit depuis quatre siècles.

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Par ailleurs, un système aussi verrouillé que celui d’un appareil de cinquième génération tel que le F-35 instaurera une dépendance de Berne à l’égard de Washington, ce qui semble jurer avec l’historique volonté d’indépendance des Helvètes. De plus, si le coût semble avoir pesé lourd dans la décision des Suisses, avec un prix d’achat bien moindre pour le F-35, son entretien demeure quant à lui nettement plus élevé que celui d’un Rafale. Étonnant donc de voir la presse helvète mettre en avant «le meilleur rapport qualité-prix sur sa durée de vie» de l’appareil américain et ses simulateurs de vol… dont tous ses concurrents sont aussi dotés.

Comme si cela ne suffisait pas, le rouleau compresseur américain a également su faire feu de tout bois. En plus de casser les prix, aux côtés des aéronefs du numéro un mondial de l’armement, Raytheon a proposé cinq systèmes défense sol-air de longue portée Patriot, face au SAMP/T du consortium franco-italien Eurosam. Là encore, les coûts auraient fait pencher la balance en faveur de l’offre américaine.

Quant au lobbying politique sur lequel Paris mise, pas dit que la France face le poids face à la puissance de feu de l’administration américaine. Sous la houlette des Démocrates celle-ci a, ces dix dernières années, su transformer son droit extraterritorial en véritable arme de dissuasion.

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