Kadhafi héros d'un film de fiction

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Mouammar Kadhafi - Sputnik Afrique
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Le mensonge en temps de guerre est depuis longtemps une arme utilisée par tous les combattants. L’histoire étrange de l’assaut raté de la capitale libyenne par les rebelles est un mensonge qui bat tous les records.

Le mensonge en temps de guerre est depuis longtemps une arme utilisée par tous les combattants. L’histoire étrange de l’assaut raté de la capitale libyenne par les rebelles est un mensonge qui bat tous les records. Précisons que c’est bien Tripoli qui a été assiégée, et non pas la capitale de l’opposition Benghazi, ainsi on sait qui l'a emporté. Et imaginons qu’à l’issue de la guerre libyenne, avec ses événements mystérieux, on décide d’écrire le scénario d’un film d’action. D’autant plus qu’il sera certainement écrit prochainement.

Un film intitulé Où est le colonel?
Le plus étonnant est la disparition totale du colonel Mouammar Kadhafi de la scène informationnelle pour faire le bilan de la situation de la journée de mardi. Il n’est pas apparu en public depuis juin, bien que des enregistrements vidéo aient été diffusés parfois. Et à l’heure actuelle, il est clair que le dirigeant libyen a complètement disparu. Ce qui arrive, bien sûr, en temps de guerre.

Sur l’écran on voit le cratère de l’explosion à Bab al-Azizia où Kadhafi se serait caché dans un bunker souterrain depuis six mois. La caméra évite délicatement de s’attarder sur les cadavres déchiquetés près du cratère. Des experts de type européen travaillent vêtus de combinaisons blanches. La voix-off: "Il y a quelques semaines, à Benghazi les rebelles ont arrêté par erreur des agents britanniques. Londres les a qualifiés de diplomates. Plus tard, ces diplomates, comme l’a rapporté le journal britannique Telegraph, aidaient les rebelles à planifier l’attaque contre la capitale. Parmi eux se trouvaient des médecins légistes, introuvables en Libye."

L’un des diplomates en combinaison soulève un tube à essai avec un liquide rougeâtre, l'approche de la lumière et dit: "C’est lui. Aucun doute. Kadhafi est mort." Le réalisateur, en jurant comme un charretier, exige de réécrire le scénario. A l’écran on voit une sorte d’hôpital au milieu des ruines, les infirmiers recouvrent jusqu’à la tête un homme étendu sur un lit. On entend des voix: "C’est lui."

Les images documentaires: Barack Obama, en chemise sans cravate, le col ouvert, en tenant un discours pendant son congé à Martha's Vineyard dans le Massachusetts, annonce la fin du règne de pratiquement 42 ans de Kadhafi. La voix-off: "Si au début de l’assaut de Tripoli on dit "fin", alors c’est la fin."

La mer, une vedette s’amarre à un sous-marin presque immobile sur les vagues, un homme âgé est hissé à bord. Steven Seagal surgit des profondeurs du sous-marin en passant difficilement par la trappe. "Le voyage ne sera pas long, mon colonel", dit Seagal.
Les dernières images: un homme vêtu d’un burnous marron regarde les dunes quelque part dans la péninsule arabique en écoutant le bruissement du sable. La voix-off: "Tous les documents sur les transactions financières et politiques de Mouammar Kadhafi avec les dirigeants de l’UE et des Etats-Unis ont brûlé pendant l’assaut de Tripoli."

Le père avait deux fils intelligents…
On annonce la mort de certaines personnes tellement de fois, qu’on commence à s’interroger sur les raisons de leur immortalité évidente. Si l’on compte combien de fois on a mentionné pendant cette guerre Seif al-Islam et son frère Mohamed, on comprend que leur père Mouammar Kadhafi ne joue pas le rôle principal dans la comédie. Il est plutôt question de savoir avec lequel des fils le Conseil national de transition de Benghazi décidera de signer les accords de paix, si on en arrive là.

Une fois, c’est un hasard, deux fois, c’est une coïncidence, trois fois, c’est une opération ennemie, disait le personnage Goldfinger, l’une des bêtes noires de James Bond. Et qu’en est-il des frères Kadhafi? Mohamed a été appréhendé par les rebelles en direct sur la chaîne Al Jazeera, mais il a été libéré par ses partisans. Seif, qui a accordé mardi une interview aux journalistes dans l’hôtel Rixos à Tripoli, aurait été également capturé par des rebelles. Et il se serait lui-même enfui. Pour l’instant c’est plutôt une coïncidence, mais si on se souvient combien de fois on avait annoncé la mort des deux frères…

La voix-off: "Le père était un scélérat, mais les petiots sont innocents. Alexandre Pouchkine." La voix étouffée du réalisateur: "Quel Pouchkine? On va faire autrement: l’homme-araignée surgit et monte Seif sur un mur…"

La période des congés
L’assaut de Tripoli, auquel ont participé deux groupes de rebelles mal organisés, à l’Est et à l’Ouest, a étrangement coïncidé avec la période des congés. Tous les gens sérieux se reposent, et seules les rebelles libyens s’emparent des villes (ou pas). On a déjà parlé de Barack Obama. Mais voici une autre histoire étrange. Le secrétaire général de l’OTAN n’a pas reçu la lettre de Dmitri Rogozine, représentant de la Russie auprès de l’OTAN, concernant les victimes parmi la population civile de la Libye suite aux raids aériens de l’Alliance. En fait, tout le monde est en congés. Vraiment tout le monde?

La voix-off: "Dès le début de l’automne dernier l’administration américaine a commencé à discuter des informations au sujet d'éventuels troubles au Moyen-Orient, qui ne seraient pas forcément profitables aux Etats-Unis. Il paraissait également désagréable de les soutenir ou de les condamner. Après réflexion, il a été décidé que le mieux serait de qualifier les événements de la lutte pour la démocratie. Or les événements en Libye ne sont rien de tout cela…"

Le cri du réalisateur: "Qu'est-ce c'est que cette conspirologie et cette politologie? Qu’est-ce qu’on est en train de tourner? Je veux voir tout de suite Steven Seagal et le Spiderman!"

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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