Poutine-Medvedev : le Maître et l’Aspirant

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Malgré les exhortations privées du sénateur américain Biden, Vladimir Poutine vise la succession de Dimitri Medvedev (1) et son parti, Russie Unie, se place en pole position pour remporter les législatives de décembre 2011.

Malgré les exhortations privées du sénateur américain Biden, Vladimir Poutine vise la succession de Dimitri Medvedev (1) et son parti, Russie Unie, se place en pole position pour remporter les législatives de décembre 2011. Une décision sans surprise pour l’ "hyper-premier ministre" qui règne sans partage sur la Russie depuis douze ans. Et la question de sa victoire à l’élection présidentielle du 4 mars 2012 est un non-sujet. Quel que soit le résultat, il ne modifiera en rien les rapports de forces intérieurs favorables à l’ancien directeur du FSB (2). De là à estimer que l’enjeu 2012 ne sera qu’une "Commedia dell’arte", il n’y a qu’un pas… "L’important n’est pas de voter, mais de bien compter" et à ce jeu-là, les relais du Premier ministre sont imbattables. Marketing et clientélisme sonnent l’arrivée du messie réincarné, celui que les Russes plébiscitent depuis la fin de l’ère chloroformée de Boris Eltsine.

"Démocratie dirigé ", "autocratie éclairée", "champ clos", "système à la russe"… les variations sur l’interprétation du régime et du tandem au pouvoir Poutine-Medvedev Medvedev-Poutine sont infinies. Tocqueville voyait dans la Russie "l’Amérique moins les libertés… moins les lampadaires" (3) . D’aucuns dissertent à l’envi sur l’arithmétique de ce mot de passe à deux noms. On ne compte plus les analyses qui invitent le lecteur à démêler l’écheveau d’un système où les survivances communistes côtoient l’indécence d’une économie de cash vertigineuse. On ne compte plus encore les fictions littéraires où la goguenardise de l’élite embourgeoisée aux affaires est disséquée sans ménagement. Le "modèle Poutine" est-il parvenu à la "fin de son Histoire" (4)?  Certainement pas. Le Maître (Poutine) n’est pas prêt à passer la main et l’absence de relief de son Aspirant (Medvedev) conforte son rang. 

Certains dinosaures de l’analyse soviétique rêvent en secret d’un "printemps russe" en 2012 et d’une lame de fond populaire qui briserait la camisole du pouvoir pour rendre au peuple sa liberté. D’autres cherchent à manipuler les opinions en ce sens. Mais la situation russe peut-elle s’apprivoiser à l’aune des précédents méditerranéens ? Et de quelle liberté parle-t-on, celle d’un système imposé de l’extérieur nécessairement supérieur au sien ?


L’improbable "printemps russe"


"Si les gens savaient par quels petits hommes ils sont gouvernés, ils se révolteraient vite" (Charles-Maurice de Talleyrand). Une pensée que les peuples arabes ont bu jusqu’à la lie. Il est cependant encore trop tôt pour appréhender la portée du cataclysme géopolitique qui secoue le monde arabe depuis plusieurs mois. L’Islam radical s’y posera-t-il en recours ? La pression chiite brisera-t-elle l’influence sunnite en poussant l’Arabie Saoudite dans le précipice ? C’est l’ensemble-monde qui s’en trouve fragilisé dans un contexte d’interdépendance de l’information où beaucoup se rejoignent dans le rejet massif des gouvernants. Entre aspirations populistes et tendances altermondialistes, l’imaginaire anonyme des réseaux sociaux rêvent de terrasser ceux qui accaparent le pouvoir et les richesses. 

Une floraison révolutionnaire qui pourrait, selon certains, gagner la Russie. Au moins trois facteurs seraient réunis pour faire flancher le régime en place. D’une part, le vide démographique creusé par l’absence de progression de l’espérance de vie et une baisse constante de la population (5). D’autre part, la situation économique de beaucoup de ménages a progressé et l’économie de rente donne le sentiment que tout va bien dans le meilleur des mondes. Les enseignes françaises se portent à merveille (Groupe Auchan, Renault, PSA…) et profite, en agglomération, de l’amélioration des pouvoirs d’achats. Or, n’est-ce pas encore Tocqueville qui estime que les révolutions prennent plus facilement racine lorsque les indicateurs économiques évoluent dans le bleu ? Enfin, la tradition autoritaire serait en voie d’essoufflement et ne serait plus la garante d’une forme d’indépendance nationale.

Autant d’arguments qui ne résistent pas aux réalités. A l’exception d’une poignée d’ONG et de quelques originaux, je ne connais pas de Russes spontanément prêts à faire le siège du Kremlin, une faux à la main, le Mausolée de Lénine à leur droite. Pour obtenir quoi ?  Les Garry Kasparov et autres Boris Nemtsov n’ont guère de capacités pour rassembler les masses. En cas de victoire de Poutine on voit mal comment un séisme révolutionnaire pourrait faire tomber un système qui, quelque part, contente la majorité. Même les communistes ne veulent pas d’une révolution qui perturberait leur position et leur emprise régionale. Ainsi, la comparaison avec le " printemps arabe " nous semble totalement farfelue.

 

Un projet 2012 ?


La chute de l’URSS a-t-elle sérieusement sorti la Russie de son sommeil utopiste ? Piégé dans un système de pensée où le miroir ne reflète que des bienfaits, le pays commence seulement à se regarder tel qu’il est. Une forme d’introspection sans condescendance pour stimuler sa croissance. Le chemin est encore long comme le montrent les statistiques en hausse des meurtres sur contrat, les passages à tabac de journalistes, les intimidations pour délit d’opinion, les mentalités de contournement de la loi, l’enracinement de la corruption à tous les niveaux de la société… autant de phénomènes renvoyés par le miroir-stratège qui ne tranchent pas le problème de connaître ce qui réellement menace la Russie, et qui, peut-être, attend sagement dans son dos : elle-même.

Koursk, incendies, naufrages à répétition de bateaux de croisière, night-clubs dont les toits s’effondrent (Perm en 2010…), stades de football branlants, crash d’avions, prises d’otages impromptues, permanence des incidents au Nord-Caucase… En Russie, on continue aussi de mourir faute de soins dans certains hôpitaux, on ampute des membres au petit bonheur la chance en province, on n’accouche pas le dimanche, on graisse la patte pour un traitement antidouleur, on se tue au travail… Mais si l’Européen s’en offusque, le Russe l’accepte, persuadé que l’immensité de son territoire sera son salut. Le sentiment de vivre sur une île, hors du temps (6).

D’apparence inébranlable, la forteresse russe chavire-t-elle de l’intérieur ? Plusieurs médias russes se font l’écho de la théorie d’une "Russie qui tombe". Un peu comme si pour que l’Etat réagisse et prenne des décisions, il fallait attendre le drame et le sang. Or, si cette "Russie qui tombe" est une réalité à ciel ouvert, il convient de résister à la tentation idéologique de creuser la tombe d’un pays dont l’Europe ne peut politiquement pas se passer.

Fragile, l’Etat russe l’est assurément par son héritage et sa jeunesse. La thérapie de choc du tandem Gaïdar-Eltsine dans les années 1990 a forcé le capitalisme sauvage qui a sarclé les fondements de l’économie planifiée. Une époque permissive dont certains ont aujourd’hui la nostalgie mais qui contenait intrinsèquement les ferments de cette "Russie qui tombe"… devant laisser la place à une Russie dont on ne voit pas bien ce qu’elle doit être… à part être elle-même, un "pôle d’équilibre géopolitique entre l’Europe et l’Asie" (H. Kissinger).

Dans la quête du "sauvons ce qui peut encore l’être" (prestige international, rang, rente pétrolière, feu nucléaire…), le tandem Poutine-Medvedev a lancé de grands travaux. La politique de réforme des armées, qui commence à porter ses fruits notamment avec la création d’un vrai corps de sous-officiers inspiré du modèle français, est certainement un succès après 15 ans d’atermoiements. Mais ses hésitations entre l’affairisme, la vraie-fausse "débureaucratisation" et la mainmise des experts continuent de retarder le développement des autres secteurs (industrie lourde, infrastructures hospitalières, universités…). L’Administration n’est pas encore "un point d’insertion du politique dans le social, du raisonnable dans le relationnel" (Eric Weil) pour projeter le pays dans la modernité.

Le "projet 2012" du prochain président n’est pas, d’ailleurs, celui de faire cesser les doutes sur cette modernité ? C’est ce qu’il ressort de l’ensemble des déclarations du tandem, qui refuse la fatalité de sombrer dans le sous-développement et les prophéties obscurantistes des extrémistes. Le " projet 2012 " du tandem devra rapidement convaincre dans un contexte aiguë de précarité. Le pays est, en effet, sujet à une atmosphère bigarrée d’angoisse et de fébrilité, où cette précarité s’invite dans les interstices de toutes les couches de la société. L’idéologie a muté en croyance dans l’immédiateté. Comprendre cette précarité, c’est comprendre pourquoi la civilisation de la charrue regarde vers la lumière arrogante des Yacht sans avidité. Entre le sanglot du clochard et l’anxiété du PDG la volonté de brûler la vie se partage sur fond de chasse à l’ennui et de survie. Avec une espérance de vie oscillant entre 60 et 66 ans pour les hommes, la perception des choses est nécessairement différente de celle des voisins. Quand bien même je suis un cadre supérieur de Gazprom avec un salaire mensuel net de 15 000 dollars, le lendemain m’effraie et je dois dépenser le plus vite possible ce que j’ai. D’autres pratiques essaiment également au travers de placements en devises à l’étranger, ou bien dans la pierre, mais la peur et le refus de l’insatisfaction accompagnent chaque mouvement.

 

Medvedev ne survivra pas à Poutine


"Qui contrôle le passé contrôle l’avenir. Qui contrôle l’avenir contrôle le passé " (George Orwell). Dans son fonctionnement, le tandem excelle dans l’art de l’analepse. Pas un mois ne s’écoule sans que Dimitri Medvedev révère le passé, ses années de formation à Saint-Pétersbourg… Pas une semaine ne s’écoule sans que Vladimir Poutine mitraille des slogans démagogiques couronnant de vertu l’ancienne armée Rouge, la victoire de Stalingrad et le génie d’Andropov… La cohésion de la population russe n’est jamais aussi forte que dans l’adversité, d’où ces incessants rappels à un passé mythifié. Et on les comprend lorsque l’on se souvient que plus de 20 millions de Soviétiques ont versé leur sang dans la Seconde guerre mondiale. Au comptoir du Kalina Bar, un lounge branché de Moscou, ces échos patriotiques sont appréciés et en tant que Français, notre position n’est jamais évidente. "Sans nous, tu serais un petit Allemand. C’est Joukov qui a libéré Berlin et pas l’Amérique ! " m’ont encore récemment lancé sur le ton de la boutade deux jeunes hommes d’affaires gorgés de Talisker.

Le rétroviseur soviétique s’accroche aux mentalités. Poutine cite le passé, mais il sait que tout ne peut pas être comme avant. Museler les intellectuels, ne rien changer, aplatir le dialogue ou liquider ses opposants n’est guère tenable pour qui veut être fréquentable sur la scène internationale. Son action vise au premier chef à garantir la sécurité et la longévité de l’élite dirigeante, celle qui l’a adoubé en 1999 lorsque Boris Eltsine l’a publiquement intronisé comme son dauphin légitime. Protecteur de multiples intérêts politico-financiers, Poutine a su se rendre indispensable sur la scène intérieure. Dire que l’ancien guébiste revisite l’histoire pour transformer le mensonge en vérité comme les héros de 1984 est un raccourci qui peut s’expliquer par la lassitude de certains experts face à une élite qui craint le changement. En ce sens, la peur d’une "nouvelle chute de l’URSS" sous forme de renversement du régime alimente un torrent de fantasmes créé par le Kremlin lui-même. 

Dans cette partition musicale acceptée par la majorité qui conduit au point d’orgue de l’élection présidentielle en mars 2012, Poutine est donc le Premier violon. Dimitri Medvedev joue sans conviction les remplaçants et se complaît, par choix ou par obligation morale, dans ce rôle effacé. Il doit tout à son Premier ministre : sa carrière, son train de vie, ses relations sociales, sa surface internationale… Medvedev ne fonctionne pas sans Poutine et l’erreur de nombreuses diplomaties européennes aura été de vouloir traiter la Russie de façon clanique, imaginant une concurrence à fleurets mouchetés au cœur du tandem. Un mot, un geste, une intonation… autant de signes qui anticiperaient l’émancipation de Medvedev de "l’emprise poutinienne". Cette lecture totalement spécieuse a fait le jeu de Poutine, véritable instigateur de cette interprétation clanique.

Critiquer Poutine serait le test de l’honnêteté intellectuelle... Alors observons froidement les choses : force est de constater que Dimitri Medvedev reste cet élève prometteur, ce rouage administratif qu’il a toujours été depuis son intégration dans l’Administration présidentielle. Il avait esquissé l’idée d’une possible remise de peine pour l’oligarque Mikhaïl Khodorkovski (7) et d’une nouvelle réflexion sur les droits de l’Homme en Russie, en vain. Medvedev cristallise l’impuissance d’un Président élu, tenu par son aîné, sans autre pouvoir que celui d’enregistrer des actes validés par le gouvernement. Medvedev hume le parfum envoûtant des allées du pouvoir sans oser modeler le pouvoir exécutif à sa main. Il a pris goût à l’exercice du pouvoir mais en 2012, n’ayant pas la faculté de "tuer le père" pour confisquer son héritage, il ne fait aucun doute que seul Poutine personnifiera le pouvoir.

A cet égard, Vladimir Poutine est, comme il le dit lui-même, le pur produit des services secrets qu’il a toujours été (8). Il doit faire peur pour que la Russie fasse peur et reste la puissance respectée qu’elle a toujours été. Il jongle avec les outils de communication et s’expose dans toutes positions au travers d’un "moi je" à peine gêné : Poutine torse nu armé d’un fusil de chasse, Poutine effectuant une prise "osotogari" sur un tatami de judo, Poutine en plongée sous-marine, Poutine à la popote, Poutine pilote de chasse, Poutine pilote de Formule 1, Poutine en Harley, Poutine à ski, Poutine au piano… L’agent en poste à Dresde est passé maître dans l’art du narcisse masqué sur fond d’autoritarisme marketing. Et ses groupies, au premier desquels le Président Medvedev, veillent au grain médiatique de leur idole. L’ensemble des leviers régaliens sont entre ses mains et l’avenir de Medvedev lui est suspendu. Sur l’échiquier politique russe, il joue à la fois avec les blanc et avec les noirs. Il s’est octroyé une "pause constitutionnelle" entre 2008 et 2012 mais il personnifiera derechef le pouvoir dès le printemps prochain. D’où l’inquiétude légitime de Lilya Chevtsova du Carnegie Endowment de Moscou par rapport au retour de l’autocrate leader d’opinion à la tête de l’Etat. "Ce n’est pas encore la Corée du Nord car V. Poutine ne se nomme pas lui-même", a-t-elle confié librement à la radio Echos de Moscou le mois dernier. Sauf qu’en l’espèce, le tsar n’a jamais abandonné le pouvoir ! Pas un média qui ne consacre au quotidien de sujet sur Vladimir Vladimirovitch. Avec Poutine, l’audimat est garanti. C’est même lui qui dans le domaine militaire a signé les plus gros contrats dont celui du "BPC Mistral" avec la France ! Ainsi, Poutine a imposé son style et son don d’ubiquité médiatique fait désormais partie de la routine. Il profite de la docilité muette des plus faibles et de l’ego verbeux des puissants. Il place ses hommes qui représentent ses clients.

La "machine et les rouages" (Michel Heller) du tandem fonctionnent donc à merveille pour empêcher le retour à l’imprévisibilité et maîtriser la politique des tabloïds. C’est l’avènement d’une "routine politique" (Helène Carrère d’Encausse) qui canalise les convulsions sociétales et annihile tout éveil séditieux. La course perpétuelle à la résurrection du messie qui délivrera le peuple de ses souffrances est savamment cultivée. La société civile est sous contrôle et l’opposition politique tamisée par le filtre des services secrets.

Reste à savoir si cette opposition a réellement pris le pas sur l’aliénation sociale et si la société jouit de vrais îlots d’initiatives… D’une part, la timide renaissance du parti des Pommes, Iabloko, avec l’appui d’une ancienne figure libérale des années Boris Eltsine, Grigori Iavlinski, est intéressante mais ne saurait faire illusion. Le XVIe congrès du parti a pudiquement dardé un slogan en faveur d’une "Russie exigeant le changement". Une rhétorique sans prétention soutenue par une petite partie de l’intelligentsia dont le politologue Andreï Ryabov, l’économiste Igor Nikolaïev et Dimitri Mouratov, le rédacteur en chef du journal d’investigation Novaya Gazeta. Pourquoi et comment feraient-ils mieux que durant l’heure de gloire des Pommes dans les années 1990 ?

D’autre part, l’émergence impromptue et mort-née de Mikhaïl Prokhorov, 46 ans, à la tête du parti Juste Cause depuis juin 2011 est un exemple troublant de création ex-nihilo d’opposition politique contrôlée. Jouissant d’une fortune estimée par Forbes à 22 milliards de dollars, Prokhorov est le premier oligarque à entrer dans l’arène politique depuis l’arrestation de Khodorkovski en 2003. Son objectif était de positionner son parti en second lors des élections législatives de décembre 2011. Diplômé en finances, il a fait ses premières armes dans la banque aux côtés de Vladimir Potanine, jusqu’à prendre la direction de Norilsk Nickel. Interpellé en 2007 à Courchevel dans le cadre d’une enquête sur un réseau d’Escort girls, il est immédiatement blanchi. Proche du groupe Bolloré, il a été décoré de la Légion d’Honneur en 2011 et ne s’est pas interdit certaines opérations de communication dans des revues de bon aloi (9). Mais cet oligarque qui se voulait un soutien de Dimitri Medvedev (et non de Poutine…) ne se jettera finalement pas dans l’arène politique, évincé par un vote interne de son parti le 14 septembre 2011. Prokhorov a été victime de son propre ego. Estimant avoir carte blanche pour agir à sa guise avec une liberté de ton, il a dû se rendre à l’évidence : Juste Cause ne peut être qu’un parti d’opposition "aux ordres".

 

***

L’ensemble du pays vit à l’heure poutinienne depuis douze ans et le " moment medvedevien " git dans les limbes d’un avenir semé d’embûches. Il n’existe plus comme à l’époque eltsinienne d’éclatement des centres de pouvoir dont l’efflorescence plus ou moins confidentielle laissait le champ libre à la concurrence politique. La domination charismatique de Poutine a produit un jeu artificiel de factions rivales créant l’apparence de divergences d’opinion. Mais c’est lui qui garde la tutelle absolue sur le pays. C’est également lui qui, de temps à autres, s’auto-désigne comme la pierre angulaire des réformes en conformité avec ses intérêts. Au total et quoi qu’on en pense, 2012 est bien la chronique de la victoire annoncée du Maître (Poutine) sur son Aspirant (Medvedev), qui a encore le temps de grandir...

 

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

 

[1] Lors d’une visite en Russie, M. Biden aurait prié le Premier ministre de ne pas se présenter à l’élection.

[2] Le FSB est le service fédéral de sécurité. Ses missions font partie de celles qui revenaient, avant la chute de l’URSS, au KGB à l’exception du renseignement extérieur incarné par le SVR.

[3] Cité par JF. Colosimo, L’apocalypse russe, Dieu au pays de Dostoïevski, Fayard, 2008, p. 87.

[4] Entretien entre Marina Koroleva et Konstantin Remtchukov, Echos de Moscou, 8 septembre 2011. François Roche et Georges Sokoloff, « Vladimir Poutine, l’énigme du Kremlin », Foreign Policy n°7, 2007, pp. 32-51.

[5] Selon l’INSEE, l’espérance de vie des hommes ne dépassait pas les 60 ans en 2007.

[6] Nikolaï Spasskii, « Une île nommée Russie », GlobalAffairs, 11 juin 2011.

[7] Condamné en 2005  pour fraude fiscale et blanchiment, son principal forfait a été de tenter sa chance en politique contre V. Poutine avec des appuis américains. Cf. Martin Sixsmith, Putin’s oil: the Yukos affair and the struggle for Russia, Continuum, 2010.

[8] Entretiens avec Vladimir Poutine à la première personne, Editions Eksmo, 2000. Contrairement à ce pensent plusieurs belles plumes françaises, nous n’estimons pas que le KGB peut se comparer à l’ENA en tant que vivier pour une élite politique.

[9] Entretien entre Patrick Wajsman et Mikhaïl Prokhorov, « Une réussite russe… », Politique internationale, Printemps 2010, pp. 11-28. Cf. Natalie Raïbam et Sergueï Smirnov, « Prokhorov a quitté Juste Cause », Vedomosti, 15 septembre 2011.

 

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