L’ex-agent de la NSA Edward Snowden met à l’épreuve les relations entre les Etats-Unis et les autres pays.
Les fracassantes révélations de Snowden sur l’activité des services secrets américains ont déjà provoqué une série de scandales diplomatiques. De nombreux hommes d’Etat, y compris des dirigeants de pays considérés comme amis de l’Amérique, ont fait l’objet d'une surveillance.
Chacune des révélations faites par Edward Snowden, qui est réfugié depuis un an en Russie pour échapper à la justice américaine, déclenche un scandale international. Ont été plus particulièrement concernés le président de la République française, la chancelière allemande, les dirigeants du Mexique et du Brésil. Il s’avère que l’Agence Nationale de Sécurité (NSA) a collecté des informations dans plus de 190 pays. Les agents des services secrets américains ont intercepté des conversations téléphoniques, des correspondances électroniques, ils ont noté des transferts d’argent concernant aussi bien de simples citoyens que de puissants hommes d’affaires, des notables politiques et même des chefs de gouvernements et des présidents. Mais ce n’est pas tout. Dans le collimateur de la NSA se trouvent les instances dirigeantes de l’ONU, de l’Union Européenne, de l’OSCE, de l’AIEA, du FMI et de la Banque Mondiale.
L’espionnage mené par les services secrets américains atteint des sommets, constate Alexandre Goussev, directeur de l’Institut de planification et de prévision stratégiques, le docteur en sciences politiques :
« Nous nous doutions tous que les grands de ce monde pouvaient être sur écoute mais pour beaucoup ce fut la révélation d’un extraordinaire cynisme. Nous savons que le téléphone d’Angela Merkel était sur écoute depuis l'an 2000 alors qu’elle n’était pas encore chancelière. En rendant publiques certaines affaires, Snowden a évidemment ouvert les yeux au monde entier. »
Une des plus importantes révélations de Snowden est liée à l’interception, lors du sommet du G8 en 2009, de discussions ultrasecrètes de Dmitri Medvedev qui occupait alors le poste de président de la Russie. Il se trouve que cela s’est passé aussitôt après sa rencontre avec le président des Etats-Unis, Barak Obama, au cours de laquelle les dirigeants des deux pays s'était parlé de façon amicale et avaient convenu de donner une nouvelle impulsion aux relations russo-américaines. Cette mise sur écoute n’a rien révélé de compromettant pour Dmitri Medvedev, cependant cet épisode est par lui-même extrêmement désagréable.
Snowden a également appris au monde que les Etats-Unis ont espionné durant des années les administrations militaire et diplomatique d’Israël, ainsi qu’en Chine des banques et le ministre du commerce. Les Chinois ont riposté en accusant les Etats-Unis de « double langage » et d’« hypocrisie ».
La réaction des responsables mondiaux à la divulgation de ces informations peut être qualifiée de très discrète. Le plus souvent tout se termine au niveau des ministères des affaires étrangères. Personne ne veut amplifier le scandale des « écoutes », peut-être parce que l’on ne souhaite pas que soient dévoilés des détails et que l’on tient à garder secrètes les activités de ses propres agents.
Dans tous les pays on collecte des informations pour la sécurité nationale, assure le directeur général du Centre d’information politique, Alexei Moukhine :
« Snowden a dit ce que tout le monde savait mais que personne n’osait exprimer à haute voix. Il a assumé une mission difficile, en sacrifiant sa vie personnelle au nom de l’intérêt général. Je pense que les pays qui ont maintenant connaissance des nombreux secrets du renseignement américain doivent tout simplement lui être reconnaissants. »
Les correspondants d’Edward Snowden à qui il a remis des fichiers secrets affirment que tout n’est pas encore sorti au grand jour. Cela signifie que le monde doit s’attendre très prochainement à d’autres révélations importantes. Une fois de plus, les diplomates vont devoir tenir le coup.
L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction.
