LA RUSSIE A BESOIN D'UNE STRATEGIE ENERGETIQUE A LONG TERME

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MOSCOU, 3 mars (par notre commentatrice Marianna Bélenkaïa). La Russie a absolument besoin d'une stratégie énergétique qui définirait un cadre aussi bien pour la production interne que pour l'exportation, a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Andreï Denissov, dans une interview exclusive accordée à RIA-Novosti.

Selon Andreï Denissov, le document gouvernemental ayant trait à la stratégie énergétique à long terme se trouve actuellement au stade de l'élaboration. Il était prévu de l'adopter en 2002, mais en raison de la complexité de cette question décision a été prise de reporter la chose au premier semestre de cette année.

Cette stratégie énergétique permettra aux diplomates russes de savoir de manière précise ce qu'il convient de soutenir, quels projets sont prioritaires, où se trouve le point de jonction des opérateurs économiques et des intérêts nationaux, a relevé Andreï Denissov.

Le vice-ministre a déclaré que la Russie souhaitait la stabilité dans les trois composantes: stabilité de l'extraction, stabilité du transport et stabilité de l'utilisation des ressources énergétiques.

Andreï Denissov a fait remarquer que les intérêts russes s'élargissaient et que c'était là rien de plus naturel car on ne saurait éternellement opérer sur un seul et même marché. Pour lui, l'avenir n'est pas tellement lié au marché européen qui est un marché de longue date pour les ressources énergétiques russes.

Le marché asiatique est l'un des plus prometteurs pour les produits énergétiques russes. Cela concerne en premier lieu la Chine, le Japon et la Corée du Sud, a indiqué Andreï Denissov.

Le diplomate russe a relevé que pour pouvoir s'implanter sur le marché asiatique il faut disposer d'une base de ressources cohérente et d'un bon programme d'investissements d'envergure. Il a également ajouté que l'accent devait être mis sur l'appui matériel du secteur énergétique de l'Extrême-Orient russe et de la Sibérie orientale. Si nous voulons vraiment que les projets envisagés se réalisent progressivement, alors nous allons devoir mettre en valeur les immenses territoires par lesquels les pipelines passeront, a déclaré Andreï Denissov.

Celui-ci a également souligné que le ministère russe des Affaires étrangères faisait preuve d'une grande circonspection en ce qui concerne la question de savoir s'il fallait poser une conduite empruntant le territoire chinois (Angarsk-Daqing) ou bien accorder la préférence au marché japonais. Ce problème sera abordé le 13 mars au cours de la réunion du gouvernement consacrée, entre autres, à la mise en valeur des gisements pétrogaziers de Sibérie orientale et d'Extrême-Orient russe.

De l'avis d'Andreï Denissov, si les moyens financiers ne suffisent pas pour les deux projets, alors il faudra choisir une option tenant compte des paramètres économiques, des intérêts politiques et du bon sens. Ici la priorité devra être accordée aux projets déjà en cours de réalisation, a-t-il déclaré.

Andreï Denissov a rappelé que des livraisons de pétrole russe sur le marché des Etats-Unis avaient été envisagées au cours du forum énergétique russo-américain tenu à la fin de l'année dernière. A l'époque, nous avions bien senti que l'intérêt manifesté au sein des secteurs public et privé - départements ministériels, compagnies pétrolières, milieux d'affaires - n'était ni feint, ni le fruit de combinaisons politiques.

En tant qu'Etat producteur de pétrole, la Russie pourrait approvisionner les stocks de brut de plusieurs pays. Pour Andreï Denissov, cette question sera débattue par les ministres de l'Energie du G8.

Le vice-ministre russe des Affaires étrangères n'écarte pas une éventuelle participation de compagnies russes à la construction du pipeline transafghan. Il a relevé que la réalisation de ce projet dépendait dans une mesure décisive de la question de savoir si l'Afghanistan est disposé à ce qu'un grand pipeline traverse son territoire.

Andreï Denissov a relevé par ailleurs que si la Russie était un important producteur d'hydrocarbures, elle disposait aussi d'un formidable potentiel en matière de transport. Toutefois, a-t-il fait remarquer, les possibilités offertes découlant de la situation géographique de la Russie ne peuvent être matérialisées que par le truchement de l'économie. Selon lui, les partenaires de la Russie se plaignent que dans ses ports la manutention des conteneurs coûte plus cher que dans les ports chinois ou sud-coréens. Pour le vice-ministre, afin de pouvoir être compétitifs dans ce domaine, il faut bien agencer le réseau de transport, améliorer la desserte des conteneurs ainsi que le rapport qualité/prix.

Le texte intégral de l'interview du vice-ministre russe des Affaires étrangères, Andreï Denissov, est librement accessible sur le site de RIA Novosti www.rian.ru

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