Des experts commentent la prochaine mise en vente de Iouganskneftegaz

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MOSCOU, 19 novembre.- RIA Novosti. Les experts des sociétés d'investissement ne s'accordent pas sur la mise à prix du paquet d'actions de Iouganskneftegaz qui va être mis aux enchères et doutent qu'elle reste inchangée avant les adjudications.

Ce vendredi le Fonds des propriétés fédérales (RFFI) a annoncé la date de la vente de 76,79% des actions de Iouganskneftegaz : le 19 décembre. La mise à prix est fixée à 246 753 447 303 roubles, soit 8,6 milliards de dollars US.

De l'avis de Konstantin Goulaev, de "Region", le prix correspond à l'évaluation de la banque Dresdner Kleinwort Wasserstein (DrKW) car son évaluation conservatrice à hauteur de 11,4 milliards de dollars excluait les réclamations fiscales et tenait compte de la valeur de la totalité des actions.

Dmitri Manguilev, de "Prospekt", estime, lui, que "la mise à prix a un peu surpassé les attentes du marché", mais reste inférieure aux réclamations fiscales.

Les réclamations fiscales formulées à l'encontre de Ioukos pour 2000-2002 se montent dans leur totalité à 17 milliards de dollars environ.

Arif Zeinalov, de "Interfintrade", a fait remarquer que, compte tenu du coût de toutes les unités de production de Iouganskneftegaz, la mise à prix n'est pas élevée. Cependant, à condition de prendre en considération toutes les réclamations fiscales, l'expert l'a trouvée équitable. Elle peut être revue à la baisse puisque des réclamations nouvelles peuvent surgir pendant la période qui reste avant les enchères.

Evgueni Souvorov, de la banque "Zenit", trouve la mise à prix de Iouganskneftegaz inférieure à sa valeur réelle. Il n'a pas écarté l'hypothèse d'une modification des conditions de vente et a estimé, entre autres, que le paquet d'actions pourrait être vendu en plusieurs lots.

Konstantin Goulaev met en doute le succès des enchères : "J'ai du mal à croire que Iouganskneftegaz puisse être vendue parce que la mise en prix est trop élevée".

"L'annonce des enchères a été faite d'une manière fort étrange, poursuit l'expert. Elle a paru sur le site web de la "Rossiiskaïa gazeta" mais est absente dans la version papier du journal.

Les enchères sont fixées au 19 décembre et les experts estiment que cette date a été choisie intentionnellement.

Ainsi que l'avait annoncé au début du mois le président du conseil des directeurs de Ioukos, Viktor Guerachtchenko, les actionnaires du groupe pétrolier tiendront le 20 décembre une assemblée extraordinaire et il leur est recommandé d'étudier un plan anti-crise qu'ils devront approuver de concert avec les organes publics compétents. Au cas où ce plan serait rejeté, l'assemblée devra songer à une procédure de liquidation de la société ou sa mise en faillite, avait déclaré Viktor Guerachtchenko.

"L'Etat a intérêt à organiser les enchères avant cette assemblée", a fait remarquer Arif Zeinalov.

"Les autorités prennent ainsi leurs précautions pour que Ioukos n'ait pas le temps de déposer le bilan", estime Evgueni Souvorov.

De l'avis de Dmitri Manguilev, si les enchères ont lieu, il y a fort à parier que les actionnaires de Ioukos décideront de déposer le bilan de la société.

Quant à l'éventuel acquéreur de Iouganskneftegaz, les experts évoquaient des sociétés russes et étrangères.

Pour Konstantin Goulaev, l'acheteur le plus probable est Sourgoutneftegaz, mais il n'a pas exclu que Iouganskneftegaz puisse être achetée par un consortium de sociétés russes proches des structures étatiques. La mise à prix est élevée, la société est vendue en un seul lot et il est impossible d'obtenir un crédit aussi important, a-t-il expliqué. En effet, la mise à prix représente environ 4% des actifs des banques russes et 6,5% de la totalité des crédits bancaires tandis que l'unique société russe disposant d'une encaisse solide est Sourgoutneftegaz, a-t-il ajouté.

Dmitri Manguilev estime qu'aucune autre société russe ne possède autant de fonds et que la participation de sociétés occidentales aux enchères dépend entièrement de la volonté des autorités.

Evgueni Souvorov donne la priorité à Sourgoutneftegaz et à Gazprom en association avec la société énergétique allemande E.ON, mais n'exclut pas le groupe italien ENI.

Arif Zeinalov, lui, considère ENI comme le prétendant numéro un au paquet d'actions de Iouganskneftegaz. "Les relations entre la Russie et l'Italie sont aujourd'hui telles que l'intérêt que ENI porte pour Iouganskneftegaz a l'air absolument logique", a expliqué l'expert.

Un autre acquéreur éventuel des plus probables est, d'après lui, Gazprom de concert avec E.ON. qui sont les deux groupes les plus puissants.

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