Les « couloirs » gaziers de l’Europe

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« Malgré toutes les risques on peut dire aujourd’hui que le projet Nabucco a dépassé l’étape des conversations mythiques pour passer au stade de sa mise en œuvre.

« Malgré toutes les risques on peut dire aujourd’hui que le projet Nabucco a dépassé l’étape des conversations mythiques pour passer au stade de sa mise en œuvre. C’est un signal très fort aux investisseurs pour dire que ce projet sera réalisé ». C’est l’opinion exprimée par le politologue allemand et directeur du Centre « Russie-Eurasie » auprès du Conseil de la politique extérieure de l’Allemagne Alexandre Rahr qui a commenté les résultants de la récente visite du président de la Commission européenne José Manuel Barroso à Achgabat. Les autres sont cependant plus prudents dans leurs avis.

D’après les agences d’informations le président de l’Azerbaïdjan Ilham Aliev et le président de la Commission européenne ont signé la déclaration commune sur le « Couloir gazier du sud » appelé à diversifier la fourniture du gaz en Europe. Le tristement célèbre projet Nabucco fait partie de ce « couloir ». La déclaration commune dit que l’Azerbaïdjan s’engage à long terme à livrer le gaz aux Etats membres de l’Union européenne. L’Azerbaïdjan prévoit d’extraire plus de 30 milliards de mètre cube en 2011 et d’augmenter ce chiffre jusqu’à 80 milliards vers 2018. La visite du chef du « gouvernement européen » à Bakou n’a donc rien d’étonnant, disent les commentateurs.

Quant à la rencontre de Barroso avec le président turkmène Gurbanguly Berdimuhamedow, la visite du président de la Commission européenne à Achgabat doit marquer « un nouveau pas dans le dialogue entre le Turkménistan et l’Union européenne », dit la déclaration du service de presse présidentiel turkmène. Le Turkménistan assure l’hôte bruxellois que la mise en service des gazoducs à destination de la Chine et de l’Iran ne signifie pas que les ressources du pays sont épuisées. Les deux pays ont déclaré soutenir le projet Nabucco. Pour l’instant ce soutien n’est que moral.

Pourtant le quotidien allemand « Frankfurter Allgemeine Zeitung » a déjà annoncé que l’Union européenne « a fait un autre pas et s’est approché de son but, celui de devenir moins dépendante du gaz russe ». Avant de préciser qu’à présent 40% des besoins de l’Europe en gaz sont satisfaits par la Russie. Barroso parle du « progrès important » et souligne que les arrangements permettent à élargir  l’« accès direct » de l’UE au gaz en provenance de la région caspienne. La presse européenne rappelle que les « sages femmes » de l’UE suivent la « parturiente » les 8 dernières années mais que le bébé n’est pas prêt à venir. Nabucco n’a pas encore du gaz. Mais même s’il y a le gaz, cela ne réglera pas le problème de la sécurité énergétique de l’UE, estime Youri Fedorov de l’institut britannique « Chatham House ». C’est pourtant l’un des facteurs qui peuvent renforcer les positions de l’Europe vis-à-vis de la Russie, ajoute-il.

Au micro le responsable du département analytique de « Brokerkreditservis » Maxime Shéine :

« Il n’y aura pas d’évolutions concrètes avant l’injection des investissements et le début des travaux. On peut signer des accords et des mémorandums mais ce sera le point mort tant qu’il n’y aura pas d’argent. Je dirais même que l’Europe continue à vivre avec des vielles notions dans la tête qui datent de l’époque du « rideau de fer ». L’efficacité de l’Union européenne est remise en cause. Il y a beaucoup de problèmes. Et voilà qu’on voit naître la volonté de montrer que l’Europe monte la garde sur les intérêts de l’Europe parce que sa sécurité énergétique serait menacée par la Russie ».

Ce genre d’approche n’aboutit à rien, souligne Maxime Shéine. Une déclaration remarquable a été d’ailleurs faite par Marlène Holzner de la Commission européenne : « On est pour le septième couloir et Nabucco est une de nos armes principales pour y arriver ». Combien de « couloirs » gaziers l’Europe demandera encore ? Ce sont son affaire à elle. Mais pourquoi faire recours à des armes ?    

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