La Banque Centrale Européenne n’est pas une «bourse» pour les pays endettés

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Les gouvernements des pays européens sont-ils aptes à appliquer les mesures d'austérité qui ont été décidées? L’observateur de Voix de la Russie Sergueï Gouk en discute avec Alexeï Kouznétsov, en charge du Centre des études européennes à l’Institut de l’Economie mondiale et des relations internationales.

Ayant analysé les résultats du sommet de l’Union européenne, les investisseurs ont commencé immédiatement à se débarrasser des actifs européens, a constaté la chaîne de télévision Euronews. Les indicateurs sur les marchés boursiers européens ont baissé entre 2% et 3% lundi, et cela peut être expliqué par deux raisons. D'abord, la position de la Banque Centrale Européenne (BCE), qui s’est soustraite aux problèmes d’endettement des Etats de l’Union européenne. Ensuite, le doute quant à l’aptitude des gouvernements d’appliquer les mesures d’austérité économique  qui ont été décidées.

Les agences de notation ont ajouté leur part de scepticisme, en prédisant une récession dans un avenir immédiat. L’insuffisance des moyens du Fonds européen de stabilité est un autre sujet d’inquiétude. Financial Times Deutschland cite Fred Bergsten, chef de l’Institut de l’Economie internationale Peterson à Washington qui a dit : «Christine Lagarde devrait à présent prendre un avion à destination de Pékin».

Or avant de se rendre en Chine, le directeur général du FMI ferait bien de résoudre quelques problèmes, notamment, convaincre l’administration américaine de ne pas entraver l’octroi des crédits à la zone euro. Les experts européens évoquent le refus de Washington d’aider les concurrents. Puisque si l’Europe parvient à régler le problème de la crise d’endettement dans deux ou trois ans, les Etats-Unis avec leurs problèmes en souffrance deviendront la cible des marchés financiers. Cette version est-elle probable?

«Au FMI les Américains jouent, bien sûr, un rôle important. Or le FMI ne donne que des garanties, en fait – c’est un apaisement des spéculateurs», répond Alexeï Kouznetsov. «En réalité la lutte essentielle contre les phénomènes de crise est menée par les Européens eux-mêmes. Les Américains qui le déclarent, sans doute, pensent beaucoup à leur pays. C’est bien, mais il ne faut pas surestimer la contribution de son pays au développement mondial. L’Union européenne traite en somme avec plus de responsabilité ses problèmes d’endettement, en dépit de toutes les difficultés apparues. Pour le moment, il est encore tôt de dramatiser la situation concernant l’Amérique, mais tout peut arriver».

Les leaders européens s’évertuent on ne sait comment à oublier que toutes leurs mesures touchant le salut financier des pays de la zone euro constituent une violation grossière des Traités de Maastricht. Le document interdit la transformation de l’union monétaire en caisse de secours mutuel.

«Aucun des politiques sérieux ne va jamais s’en tenir strictement à ce qu’il a écrit lui-même sans comprendre les conséquences de ses décisions», analyse Alexeï Kouznetsov. «Naturellement, il y aura toujours des déviations de ce genre à la règle. Il reste à savoir: est-ce une déviation du moment, un risque justifié, pour lequel il ne faudra pas répondre? Ou bien cela deviendra-t-il une pratique? En ce cas ce n’est qu’un expédient pour des abus ultérieurs».

La constitutionnalisation de l’union fiscale, au sujet de laquelle les participants au sommet se sont entendus, doit s’achever en mars 2012 au plus tard. Avec un concours heureux de circonstances, ce ne sera pas la seule démarche en vue de surmonter la crise. Un processus difficile et long d’édification d’un fédéralisme économique et politique restera à accomplir.

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