Les experts qualifient de suicidaires les sanctions pétrolières prises à l’encontre de l’Iran pour la bonne raison que l’Europe ne pourra pas combler le déficit de son bilan énergétique.
Les pays de l’UE représentent environ 20 % des exportations iraniennes de « l’or noir », soit près de 30 millions de tonnes. La Chine, la Corée du Sud, l’Inde et le Japon figurent parmi les plus grands consommateurs du pétrole iranien mais, contrairement aux États-Unis et à l’Europe, n’ont aucune intention d’appliquer des sanctions contre Téhéran ". Voici ce qu’en pense Konstantin Simonov, directeur général de la Fondation nationale pour la sécurité énergétique.
L’UE s’attire de très gros ennuis. Il lui sera particulièrement difficile de combler entièrement le déficit en pétrole iranien d’autant plus que ses livraisons se répartissent très inégalement en Europe et il y a des pays particulièrement exposés comme la Grèce, l’Italie et l’Espagne où leur part représente plus de 30 %. C’est le sud de l’Europe en pleine crise qui risque encore de s’aggraver. Sur quoi compte donc l’Europe ? Elle compte sur l’Arabie Saoudite qui est supposée accroître brusquement sa production pour colmater la brèche. Or, l’Iran a la possibilité de bloquer le détroit d’Ormuz et faire cesser les livraisons de pétrole et de GNL en provenance d’Arabie Saoudite et du Qatar. Il peut aussi récupérer les pertes accasionnées par l’embargo UE en livrant davantage à la Chine et à d’autres pays ", - note l’expert Sergueï Pikine.
La Chine est un des plus grands consommateurs mondiaux de pétrole et de gaz et pourrait le cas échéant se substituer à l’Europe. Il faut évidemment prendre en compte le fait que la communauté internationale, l’UE et les États-Unis feront des pressions sur la Chine mais celle-ci préfère généralement mener son propre jeu ".
Après les États-Unis, l’Europe devient prisonnière des mythes forgés par des politiciens puisque rien ne prouve la réalité du volet militaire du programme nucléaire iranien. Quant aux sanctions appelées à frapper l’Iran et à le dissuader à développer son arme nucléaire, elles auront en réalité un impact négatif sur la population des Etats-Unis et de l’UE.