Les banques européennes bientôt testées par la BCE

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La Banque centrale européenne va tester les banques des pays de l’UE. Il s’agit de mener des tests de résistance à 130 organisations financières dans toute l’Union. Le secteur bancaire du vieux continent sera évalué en termes de risques, de liquidités, de qualité des actifs, de volumes de financement et de sa capacité à faire face à différents problèmes financiers.

La liste des institutions contrôlées regroupera les principales banques de la région. En tout, 24 institutions financières en Allemagne, 15 en Italie, 13 en France et plusieurs banques en Grèce, en Espagne, à Chypre et au Portugal seront testées. Ces organismes financiers représentent à eux seuls 85% du marché bancaire de l’Union européenne. Cette vérification est nécessaire pour renforcer le système bancaire européen, souligne l’analyste de la société Alpha Forex Andreï Dirguine.

« Le régulateur européen veut améliorer la discipline pour limiter les conséquences négatives de l’activité des banques institutionnelles et mettre en œuvre un plan visant à améliorer la santé du système bancaire en Europe. Ce sera une vérification de grande envergure, avec un changement de certains critères, notamment en ce qui concerne les demandes par rapport aux capitaux, et les portefeuilles de prêts. Les banques européennes auront beaucoup moins de libertés d’action, car le régulateur va surveiller de beaucoup plus près les flux d'investissements ».

Cette révision devrait améliorer la transparence de l’état financier des banques et de montrer d'éventuelles lacunes dans le système bancaire. Elle permettra également d'accroître la confiance dans le système bancaire européen par le biais des investisseurs privés. Cependant, les analystes craignent que les problèmes détectés dans certaines banques, notamment des grands établissements bancaires, pourraient avoir un effet contraire à celui que souhaite le régulateur, à savoir mettre en doute la confiance dans le système bancaire de l'UE. Selon Mario Draghi, le président de la BCE, le régulateur n'hésitera pas à déclarer en faillite les banques qui ne réussiront pas ces tests de résistance. Il est peu probable que la vérification vise spécifiquement à éliminer les institutions financières dites « insolvables », explique le professeur de la chair du marché boursier et du marché des investissements à la Haute école d’économie de Moscou Alexandre Abramov.

« Une telle vérification aura comme résultat une nouvelle facture que l’UE devra payer pour aider à capitaliser ses banques. C'est l'un des problèmes principaux qui divise l’Europe actuellement. Les régulateurs allemands ne veulent pas donner le pouvoir à la BCE pour résoudre ces problèmes, car dans ce cas, ce sont les contribuables allemands qui seront obligés de payer pour la capitalisation des banques d’Italie, d’Espagne, du Portugal et de certains autres pays de l’union.»

L’Union européenne n’a pas encore décidé ce qu’elle devrait faire au terme d'une telle vérification. Les experts européens ne sont toujours pas arrivés à un consensus sur la manière de sauver les banques en difficulté. Toutefois, il a été décidé que la BCE sera dotée dès octobre 2014 de compétences de régulateur financier de la région. Mais cette décision n’impliquera pas de changements majeurs dans ses actions, estime Alexandre Abramov.

« La BCE va continuer à jouer le rôle de cette bonne grand-mère, qui apporte des gâteaux aux grandes banques dans les moments difficiles. C'est probablement une mesure nécessaire, mais l'ampleur de son efficacité devrait encore faire ses preuves. La BCE pourra-t-elle faire preuve de suffisamment de dureté pour non seulement aider financièrement les institutions financières, mais aussi mener des réformes nécessaires pour restructurer les banques qui ne rempliront pas ses demandes ? On le verra prochainement. »

Malgré tout, la BCE a déjà formulé certaines demandes strictes que les banques et les institutions financières européennes doivent remplir. Le régulateur leur a demandé de se préparer minutieusement aux vérifications et de générer du capital supplémentaire d'un montant de 8 % du capital de base pour pouvoir s’en servir comme tampon contre les pertes sur prêts et les actifs. Ces exigences ont été adoptées par le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire (CBCB), et prendront effet à partir de l'année prochaine.  N

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