La Chine restera dépendante des moteurs d'avions russes

© ©Photo: ru.wikipedia.org/Retxham/cc-by-sa 3.0La Chine restera dépendante des moteurs d'avions russes
La Chine restera dépendante des moteurs d'avions russes - Sputnik Afrique
S'abonner
Les représentants de la compagnie China Aviation Industry Corporation (AVIC) ont déclaré dans une interview accordée à Jane’s Defense Weekly, que la société pourrait encore continuer d’utiliser les moteurs de fabrication russe pendant les 5 à 8 années à venir.

Ce qui signifie que les avions chinois seront équipés de moteurs russes jusqu’en 2018-2021. Précédemment, Ma Zhiping, vice-président de la CATIC, branche des importations et des exportations de l’AVIC, a déclaré que le chasseur chinois de quatrième génération J-10 ne possède toujours pas d’autorisation d’exportation, alors que le contrat de 1,4 milliards de dollars prévoyant la livraison de 36 chasseurs J-10 au Pakistan a été signé en novembre 2009. Tout cela perturbe les perspectives d’exportation des chasseurs chinois à court terme.

La Chine produit trois principaux types de chasseurs de quatrième génération. D’après le classement chinois, il s’agit des chasseurs de troisième génération - des modèles J-10, J-11B et FC-1. Les moteurs de fabrication russe sont installés sur ces trois modèles. Le moteur AL-31FN est installé sur le chasseur J-10, le RD-93 est installé sur le FC-1, et le J-11B utilise la version AL-31F. Même si la Chine assure la fabrication en série du moteur Taihang, qui peut être installé sur les chasseurs J-11 et J-10, leur utilisation est limitée à cause du leur manque de fiabilité.

L’académicien Feng Peide, expert réputé dans le domaine de l’aviation a reconnu dans un entretien aux médias chinois que les officiers des Forces aériennes chinoises ne font pas confiance aux moteurs de fabrication chinoise, leur préférant les moteurs de fabrication étrangère. Et les clients étrangers font d’autant moins confiance aux moteurs de fabrication chinoise. La quasi-totalité de l'équipement de l'aviation militaire chinoise s’exporte avec des moteurs importés. Les moteurs d’avions sont de fabrication russe et ukrainienne, et ceux des hélicoptères sont fabriqués par la France. Les sociétés françaises fournissent en Chine les moteurs Turbomecca Arriel 2.

Pour exporter son équipement militaire avec des moteurs de fabrication étrangère, la Chine est obligée de demander un permis de réexportation au pays fabricant le moteur. Sinon, le constructeur refusera d’assurer la maintenance et la réparation du moteur. Pour pouvoir exporter son chasseur FC-1, la Chine a reçu l'autorisation de réexporter le moteur russe RD- 93 vers un certain nombre de pays, dont le Pakistan.

Obtenir l’autorisation pour le Pakistan ne fut pas une chose facile. L'Inde avait exercé une forte pression politique sur la Russie pour l’amener à interdire cette exportation. Toutefois, vu l’importance du programme FC-1 pour l'industrie chinoise et le rapprochement entre la Russie et la Chine, le gouvernement russe a accepté d’autoriser la réexportation de ses moteurs. La déclaration de Ma Zhiping sur le fait que le chasseur J-10 n'a pas reçu l'autorisation d’exportation pourrait signifier que la Russie n’a pas donné son aval à la livraison de ses moteurs AL-31FN au Pakistan.

Il peut y avoir plusieurs raisons à ce refus. Le J-10 est un avion plus puissant et beaucoup plus moderne que le FC-1. La pression de la part de l’Inde aurait donc pu être alors beaucoup plus forte. Cependant, du point de vue économique et politique, la transaction pour la livraison de J-10 est moins importante pour la Chine que le gros contrat de livraison de chasseurs FC-1. L'incapacité de livrer les FC-1 au Pakistan signifierait l'échec de ce projet. En dépit des affirmations que cet avion pourrait devenir un concurrent sérieux du chasseur russe MiG-29 sur le marché mondial, le FC-1n’a pas trouvé de clients outre le Pakistan. D’ailleurs la Force aérienne chinoise a refusé d’accepter l’appareil dans son parc d’avions. Quant au J-10, il semble très demandé et très apprécié par les militaires chinois, et sa ligne de production serait très chargée.

Cet exemple avec la livraison des chasseurs au Pakistan montre clairement qu’il est impossible de réussir à exporter des avions militaires en quantités importantes sans pouvoir contrôler la production des moteurs. La Chine risque de se retrouver confrontée à des difficultés dans l’exportation de ses équipements d’aviation sur les marchés étrangers, où elle pourrait subir la concurrence de la production russe. Elle pourrait donc occuper des niches d’exportation de l’armement qui ne son pas liées à l'aviation. Il s’agit par exemple de livrer des systèmes de défense antimissile et aérienne à l’étranger. La RPC a remporté récemment l’appel d’offre pour la livraison en Turquie de missiles antiaériens lourds HQ-9 pour une valeur totale de 3 milliards de dollars. C’est sans doute sa plus grande réussite de toute l’histoire des exportations d’armement. T

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала