Si les sanctions adoptées par l’Europe ne portent pas préjudice aux économies du Vieux Monde, le Canada se montre en revanche très actif. Ottawa a ajouté à sa liste des sanctions plusieurs entreprises d’armement, d’extraction et banques russes dont Gazprombank, Vnescheconombank et Novatek, deuxième producteur national de gaz par ordre d’importance. Les États-Unis ont auparavant sanctionné les mêmes personnes physiques et morales plus le groupe Rosneft. Il est évident que la politique des sanctions pratiquée par le Canada est très influencée par les États-Unis, estime Pavel Sviatenkov, analyste du fonds de perspective historique :
« Nos relations avec le Canada ne sont pas aussi étroites qu’avec l’UE. C’est pour cette raison que les Canadiens n’hésitent pas à décréter les sanctions antirusses. Nos relations s’en ressentiront, cela va de soi, mais le cas échéant le Canada est perçu comme un thuriféraire des USA très dépendant du grand frère américain. Par conséquent, les sanctions canadiennes sont à plus d’un titre une réplique des sanctions américaines. »
Washington a pris le crash du Boeing malaisien comme prétexte pour décréter un nouveau train de sanctions. Les sénateurs américains se sont empressés d’appeler le président Obama à accentuer les pressions sur Moscou. Cependant, comme l’a déclaré la Maison Blanche, il n’y aura pas de nouvelles sanctions dans l’immédiat.
L’Europe est quant à elle moins disposée à enfoncer le clou des sanctions pour la simple raison que l’UE n’y est pas intéressée. C’est Washington qui est intéressé à imposer de nouvelles sanctions, estime Andrei Kourtounov, directeur général du Conseil russe des affaires internationales :
« Je pense que les Américains comprennent que leurs sanctions ne causeront pas de tort à la Russie étant donné le volume modeste des échanges économiques russo-américains. Dès lors, ils veulent absolument que leurs initiatives soient soutenues par Bruxelles. Nous voyons que l’UE est rétive à leur élargissement et se limite surtout aux gestes symboliques. Mais Washington continue à pousser à la roue si bien que beaucoup dépendra maintenant de l’évolution des événements dans l’est de l’Ukraine. S’il n’y pas d’escalade du conflit en Ukraine, la question des sanctions deviendra caduque. »
C’est pour cette raison qu’on voit monter au créneau la Grande Bretagne en sa qualité d’allié le plus fidèle des États-Unis en Europe. Le premier ministre David Cameron propose à Bruxelles de durcir à l’extrême les sanctions contre les principaux acteurs énergétiques, financiers et militaires russes. « Les sanctions économiques incisives sont l’unique langage » qu’on peut utiliser avec la Russie, estime Cameron en reprenant sans doute les refrains d’outre-Atlantique.
Pourtant, Moscou avait déjà répété plus d’une fois que la Russie n’était pas engagée dans le conflit ukrainien et était au contraire intéressée à le résorber dans les plus brefs délais sur la base du dialogue. Vladimir Tchijov, ambassadeur russe auprès de l’UE, a déclaré auparavant que l’UE « restait encore sur la voie des sanctions bien qu’il soit évident qu'elle ne mène nulle part ». T