Le rouble s’affaiblit, mais ce n’est pas dramatique (Interview)

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L’analyste financier de la société Investcafé explique à La Voix de la Russie pourquoi il ne faut pas se précipiter aux bureaux de change se débarrasser des roubles russes.

« Soit que le puits fût très profond, soit qu’il tombât très lentement ». Désormais les experts financiers russes utilisent  souvent cette phrase tirée d’Alice aux pays des merveilles pour parler du rouble. Depuis le déclenchement de la crise ukrainienne, la monnaie russe ne cesse de se déprécier face au dollar et à l’euro. La Voix de la Russie a demandé à Timour Nigmatoulline, analyste financier de la société Investcafé pourquoi le cours du rouble baisse et que faut-il faire avec ses économies en monnaie russe.

La Voix de la Russie : De nombreux analystes associent la baisse du cours du rouble avec l’inflation, la chute des cours du pétrole et la libéralisation de la monnaie russe par la Banque de Russie. Y a-t-il d’autres facteurs qui peuvent expliquer ce phénomène ?

Timour Nigmatoulline : Selon la recherche que nous avons menée, le rouble a perdu 47% de sa valeur depuis le début de l'année 2013. La chute des cours du pétrole est effectivement responsable de la moitié de cette baisse. Mais le rouble a aussi perdu 20% de sa valeur à cause de la politique d’assouplissement quantitatif de la Réserve fédérale américaine (Fed). D’ailleurs cette politique a fait fuir les investisseurs des nombreux marchés en développement. Tous les pays BRICS, à l’exception de la Chine, en ont payé le prix. Outre l’affaiblissement du rouble russe, le réal brésilien, la roupie indienne et le rand sud-africain ont également perdu de leur valeur.

La baisse du cours du rouble peut aussi être expliquée par des raisons géopolitiques, notamment les tensions internationales autour du conflit en Ukraine. La monnaie russe s’est retrouvée sous une très forte pression des investisseurs qui craignant l’instabilité, se sont retirés du marché russe.

La Voix de la Russie : La Banque centrale envisage d’arrêter les interventions financières pour soutenir le rouble. Quelles conséquences aura cette décision sur le cours de la monnaie russe ?

Timour Nigmatoulline : Cela n’aura aucune conséquence sur le cours du rouble, la Banque centrale l’a déjà affirmé à plusieurs reprises. Elle peut toutefois ponctuellement influer sur le cours de la monnaie, comme c’était le cas le 31 octobre, lorsqu’elle a relevé son taux directeur jusqu’à 9,5% et le rouble s’est renforcé pendant une courte période par rapport au dollar et à l’euro.

En même temps la politique monétaire non traditionnelle de la Fed est en train de se terminer et cela peut aider à réduire l’instabilité sur les marchés internationaux. Pour le reste, on verra. Peut-être que les cours du pétrole vont remonter, où les tensions géopolitiques vont s’atténuer.

La Voix de la Russie : Quels conseils donneriez-vous aux investisseurs étrangers suite à la chute du rouble ? Que faudrait-il faire avec les économies en roubles ?

Timour Nigmatoulline : La situation n’est pas attrayante sur le marché russe pour les investissements de portefeuille. Mais il me semble que du point de vue des investissements dans le capital, le marché russe a toujours été sous-estimé.

Quant aux économies en roubles, il vaudrait mieux attendre. Cette situation n’est pas nouvelle dans l’histoire de l’économie mondiale. Dans les années 1980, l’Australie et la Nouvelle-Zélande se sont retrouvées confrontées au flottement de leurs monnaies. Donc pour se débarrasser des roubles, il vaudrait mieux attendre un bon taux de change. Ou investir en attendant dans les obligations gouvernementales ou les actions des sociétés russes.

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