Euro pour toute l’UE: une idée «complètement déconnectée des réalités»

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Deux experts français interrogés par Sputnik se montrent dubitatifs quant à la récente initiative de Jean-Claude Juncker visant à introduire la monnaie unique dans tous les pays membres de l'UE.

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Pour le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, sur les neuf pays de l'UE qui ne font pas encore partie de la zone euro, six devront adopter la monnaie unique dès qu'ils auront rempli les critères de convergence nécessaires. Selon Jean-Michel Naulot, ex-banquier et ancien régulateur à l'Autorité des marchés financiers, il s'agit plutôt d'une «vraie provocation» qui est «complètement déconnectée des réalités politiques et économiques».

«Sur le plan politique, trois citoyens sur quatre disent actuellement qu'ils veulent moins d'intégration et non pas plus d'intégration. Donc, ça va complètement à contre-courant de ce que souhaitent nos citoyens. Et ça explique en partie cette crise que traverse la zone euro et l'Union européenne depuis une dizaine d'années», a déclaré M.Naulot dans un entretien accordé à Sputnik.

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L'analyste rappelle que la zone euro comprend 19 pays et l'Union européenne, 27, si l'on considère la sortie du Royaume-Uni. «On voit bien déjà que le fonctionnement de la zone euro à 19 est absolument destructeur. Parce que tous les pays de la périphérie de la zone souffrent», indique-t-il.

L'ex-banquier souligne également que depuis la création de la zone euro, la production industrielle en Allemagne a progressé de 29%, alors qu'en France, elle a régressé de 14%.

«Alors dire qu'on va intégrer des pays comme la Bulgarie, la Croatie, la Slovaquie, la Pologne, la Roumanie, qui ont des niveaux de salaire sans commune mesure avec ceux de l'Allemagne et de la France, c'est tout simplement explosif pour l'avenir de la zone euro. Cela ne fera qu'accroître les problèmes», indique M.Naulot.

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Pour sa part, Vincent Brousseau, ancien économiste à la Banque Centrale européenne et actuel responsable national de l'UPR en charge des questions monétaires et du retour au franc, est persuadé que vouloir élargir la zone euro est plutôt «du wishful thinking».

«On voit bien que ce n'est pas possible de contraindre un pays à rentrer dans l'euro, étant donné qu'il y a des exemples de gens qui résistent depuis longtemps», prétend M.Brousseau.

«Un pays qui ne veut pas rentrer dans l'euro n'y rentre pas à mon sens et je ne vois pas très bien comment on pourrait contourner ça. Donc je crois qu'il ne faut pas tenir compte de ce qu'on entend de Juncker. En particulier si on pense à la Tchéquie, le parti qui risque de gagner les prochaines élections a dit qu'il prolongerait le statut quo, il ne voulait pas de l'euro tout de suite», rappelle le responsable de l'UPR.

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