La Russie, qui a augmenté sa part de marché mondial de céréales de manière spectaculaire depuis le début du siècle (d'un pourcent à 18%), évince ses concurrents des plus grands marchés céréaliers, a affirmé Benaouda Abdeddaïm interrogé par BFM TV.
«Ces trois derniers mois, les Russes ont remporté tous les appels d'offre vers le premier débouché mondial — l'Égypte. Non seulement la Russie consolide les meilleures positions en Turquie, au Bangladesh et au Nigéria, mais en plus elle conquiert de nouvelles places fortes. L'Indonésie, gros acheteur, se fournissait beaucoup en Ukraine. Elle se tourne à présent vers les exportateurs russes», a souligné l'expert français.
«Les Allemands et les Polonais sont maintenant tentés de stocker leur production dans l'attente de jours meilleurs sur les prix. Quant aux Français, ils vont être contraints de revoir leur politique commerciale, y compris auprès des clients qui passaient pour totalement acquis comme la Côte-d'Ivoire, le Sénégal ou le Cameroun», croit M. Abdeddaïm.
Selon lui, deux facteurs sous-tendent le succès de la Russie. Tout d'abord, la dépréciation du rouble, qui a contribué à la compétitivité des prix du blé russe sur le marché mondial. Le soutien l'État a également joué un grand rôle pour la réduction des coûts de production et a permis aux producteurs de «semer toujours plus, y compris durant les périodes où les cours mondiaux connaissent un fort repli».
La Russie, qui a imposé un embargo sur les produits alimentaires occidentaux en 2014, a entamé la modernisation de son secteur agriculteur. Depuis, l'industrie agroalimentaire russe connaît une croissance de plus de 3% par an.