«Dangers par derrière, difficultés par devant»: Athènes sort des plans d’aide et après?

© REUTERS / Dado RuvicEuro coins are seen in front of a displayed Greece flag
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La politique d’austérité et la récession appartiennent-elles définitivement au passé et les marchés attendent-ils la Grèce à bras ouverts? Ou pas? La Grèce ayant tourné la page des plans d’aide longue de huit ans, Sputnik a invité des spécialistes à livrer leurs pronostics.

La Grèce vient de sortir de huit ans de mise sous tutelle de l’Union européenne, mais le retour à son indépendance financière risque d’être parsemé d’embûches, estime Vassilis Korkidis, président de la Fédération grecque des commerçants.

«Les dangers sont par derrière, mais les difficultés sont par devant. Si on parle des PME, je peux vous dire que le 21 août sera le jour des réflexions et non celle des célébrations. 920.000 chômeurs, 244.000 personnes en freelance ayant également perdu la possibilité de travailler. C’est un lourd fardeau. Ainsi, nous devons nous redresser pour relever le PIB des 25% qu’il a perdus au cours des huit derrières années», a-t-il indiqué.

Évoquant le commerce, il rappelle que le chiffre d’affaires qui s’élevait jadis à 73 milliards d’euros est tombé à quelque 35-36 milliards.

«Nous voudrions voir une sortie réelle et substantielle et non pas formelle des mémorandums, l’augmentation du chiffre d’affaires, de l'emploi, des salaires, la suppression des contrôles de capitaux, l’amélioration de la liquidité des marchés de la part des banques et, bien sûr, la suppression des taxes trop élevées pour les personnes physiques et morales», explique-t-il ajoutant qu’en effet le retrait du pays des mémorandums sous-entend le travail dans les directions indiquées.

Mais rappelons que cette sortie des plans d’aide, décidée par l’Eurogroupe en juin dernier, prévoyait en outre le respect par la Grèce des engagements pris et dans le cadre desquels elle devrait maintenir un excédent budgétaire de 3,5% du PIB jusqu’en 2022 et de 2,2% jusqu’en 2060. À l’issue d’une longue crise et face à la nécessité de combler les lacunes mentionnées par M.Korkidis, ces perspectives sont-elles réalistes?

A Greek flag flies past a statue depicting the European unity outside the European Parliament ahead of a euro zone leaders summit on Greece in Brussels, Belgium, July 6, 2015. - Sputnik Afrique
«Debout sur ses deux jambes»: la Grèce sort du plan d’aide international
Comme l’explique Nikos Christodoulakis, ancien ministre de l’Économie, l’excédent budgétaire et les rythmes de croissance élevés sont deux objectifs parallèles, ce qui signifie qu’opter pour l’un d’eux affaiblit les chances de succès de l’autre.

«Si l’accent est mis sur l’excédent, la croissance se contractera, ce qui à son tour entraînera des dépenses pour assurer le service de la dette de l’État. Si l’accent est mis sur la stimulation de la croissance, les dépenses pour le financement de la dette seront réduites, mais il sera impossible d’obtenir l’excédent», explique-t-il.

Frank Gill, de Standard & Poor's, estime pour sa part qu’il est peu probable qu’Athènes puisse dégager un important excédent budgétaire et afficher des résultats inférieurs à ceux escomptés. Toutefois, il estime que les créanciers feront preuve de flexibilité.

Grèce: huit ans de crise et de combat - Sputnik Afrique
Grèce: huit ans de crise et de combat
L’engagement de la Grèce au sein de l’Eurogroupe exclut en grande partie la possibilité de la mise en œuvre d’une politique budgétaire indépendante et vertueuse, orientée sur la stimulation de la demande effective et la croissance du PIB, juge Spiros Pagratis, de l’Université d'économie d'Athènes. Et les conséquences se feront sentir clairement dans les années à venir, estime-t-il.

Selon lui,  l'aspiration à l’excédent reposant sur une imposition très lourde et non sur de bons résultats économiques fragilise encore davantage les perspectives de croissance de l'économie grecque.

Cette approche «rend encore plus douloureuses les dettes fiscales et entraînera au bout du compte l'économie dans un cercle vicieux: charge fiscale élevée, réduction des dépenses pour la sécurité sociale et croissance économique atone», explique-t-il.

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