La Russie pourrait combler la dette américaine depuis le fond de l'Arctique

© Sputnik . Valery Melnikov / Accéder à la base multimédiaАтомный ледокол "Ямал" во время научно-исследовательских работ
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Les réserves russes de minerais dans la région arctique ont été évaluées à 22.000 milliards de dollars - un montant comparable à la dette publique des États-Unis, remarque le journal britannique Daily Star.

L'exploitation des gisements arctiques est prise en charge par la compagnie Rosatom, seule entreprise au monde à disposer d'une flotte de brise-glaces nucléaires.

Quand ce projet ambitieux fonctionnera-t-il à plein régime et quels profits promet la conquête de l'Arctique à la Russie?

Un véritable trésor

D'après les estimations des experts, les sous-sols de l'Arctique abritent près de 10 milliards de tonnes de pétrole (environ 83 milliards de barils) et approximativement 1.550.000 milliards de mètres cubes de gaz. Outre les hydrocarbures, l'Arctique renferme du platine et des terres rares, ainsi que des minerais de cuivre et de nickel, de tantale, de niobium, d'or et de diamants. Il y a également en Arctique des minerais dont le pays est déficitaire.

«Sur les plateaux des mers arctiques ont déjà été découverts des minerais qui sont sollicités aussi bien dans l'industrie russe que sur les marchés extérieurs. A ce jour, on peut parler de plus de dix placers (gisements de minerais de valeur)», a déclaré Anton Sergueev, porte-parole de la société Rosgeologia.

L'expert a souligné que l'étude du plateau arctique étant «très inégale», il est encore possible d'y découvrir des dizaines de nouveaux gisements de minerais solides.

L'exploitation de toutes ces ressources nécessite non seulement une approche particulière, mais également un matériel spécial prévu pour travailler dans les dures conditions arctiques. Pour l'instant, rien de tel n'existe — mais la Russie a un atout.

«Nous planchons sur la production sous-marine de minerais solides et difficiles à extraire», explique Viktor Litvinenko de la Fondation des recherches prometteuses.

Le principal projet d'extraction de minerais en Arctique sera certainement «Iceberg», qui se compose de cinq sous-projets liés.

Le premier élément d'Iceberg est le dispositif d'exploration sismique doté d'une profondeur d'immersion allant jusqu'à 400 m. Les travaux sont menés sous l'eau, et non depuis des navires qui ne pourraient se trouver dans la zone de recherche que pendant deux mois de l'été et seulement le long de la côte.

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Le deuxième niveau est le système énergétique sous-marin de 24 Mw, capable de fonctionner de manière autonome en l'absence de l'homme et d'une maintenance technique pendant 8.000 heures, c'est-à-dire pendant presque un an. La durée de service de la «pile» sous-marine devrait s'élever à 30 ans.

Le troisième élément du projet est une foreuse robotisée composée de trois modules qui, dans son ensemble, constitue une ville sous-marine déserte contrôlée par les ingénieurs depuis le littoral. La station forera le fond de manière autonome, préparera et fournira de la boue de forage, et posera les tuyaux.

La quatrième partie est l'une des plus intéressantes: il s'agira d'un complexe sous-marin en catamaran créé à partir de deux sous-marins liés entre eux. Hormis l'acheminement de fret, il s'occupera de la maintenance des équipements déjà installés — les réparations, les réglages et, si nécessaire, le démontage et le transport jusqu'à la côte.

Enfin, le cinquième élément est un système de sécurité spécialisé dont les détails ne sont pas encore révélés et qui, pour des raisons évidentes, ne sera pas accessible au grand public dans les années à venir.

Iceberg n'est pas simplement une idée fantastique des ingénieurs russes: d'après Viktor Litvinenko, la documentation technique du projet a déjà été transmise à Rosatom. Cela signifie que la construction des premiers prototypes commencera très prochainement, et qu'une coentreprise sera certainement créée réunissant, hormis Rosatom, Gazprom, Rosneft, la Compagnie unifiée de construction navale et Rostec.

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Dans les prochaines années, l'Arctique est appelée à devenir une région cruciale, où sera extraite la majeure partie des hydrocarbures de la planète. Cette nouvelle configuration découle du fait que les plus grandes compagnies pétrolières et gazières ont significativement réduit leurs dépenses pour l'exploration de nouveaux gisements. D'après Reuters, en 2016, le nombre de gisements découverts a atteint son minimum depuis 70 ans.

Les compagnies du secteur énergétique subiraient des pertes colossales en investissant dans l'exploration si le pétrole était bon marché. Si le baril augmentait jusqu'à 100 dollars et plus, l'exploration serait amortie, mais la croissance des économies émergentes, notamment dans la région Asie-Pacifique, serait alors ralentie.

Les deux scénarios seraient bénéfiques pour la Russie: la diminution de la concurrence pour les ressources ferait augmenter la part des hydrocarbures russes sur le marché mondial, ce qui offrirait davantage de possibilités pour réguler le prix du carburant et permettrait de prémunir les économies émergentes contre une crise énergétique, même en dépit des éventuelles sanctions de l'Occident.

Il y a toujours un autre chemin

Les tâches ambitieuses de la Russie en Arctique ne s'arrêtent pas là. Fin septembre, Rosatom et la banque VTB ont signé un mémorandum sur le financement des projets garantissant une navigation maritime sûre toute l'année via la Route maritime du Nord.

«Leur mise en œuvre demandera la création d'une infrastructure stable, dont le premier élément est un nombre suffisant de brise-glaces capables d'assurer le transport de minerais vers différentes destinations — l'Europe et l'Asie», souligne Kirill Komarov, directeur général adjoint de Rosatom.

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Pour sa part, le vice-président de VTB Valeri Loukianenko a évoqué les discussions en cours sur le financement de la construction de brise-glaces de classe LK-60, ainsi que les négociations qui touchent à leur fin sur le plus grand brise-glace nucléaire du monde, Lider, d'un déplacement d'eau supérieur à 71.000 tonnes.

L'intérêt des transporteurs étrangers pour la Route maritime du Nord se renforce très rapidement. Fin septembre, l'Arctique a été franchie pour la première fois par un cargo de la compagnie danoise Maersk. Les Danois ont effectué cette navigation d'essai pour évaluer la sécurité de l'itinéraire et s'assurer que le chemin entre l'Asie et l'Europe via la Route maritime du Nord prenait bien moins de temps que via l'océan Pacifique et le canal de Suez.

La Route maritime du Nord possède d'autres avantages: l'économie sur l'affrètement du navire et le carburant, l'absence d'une file d'attente comme dans le canal de Suez et, surtout, la sûreté de la navigation. En effet, il est peu probable que des pirates somaliens partent en Arctique pour prendre à l'abordage les cargos à bord de glaciers à la dérive.

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