L'appel de Poutine à réduire les prix des denrées alimentaires met en émoi Bloomberg

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La réaction de Vladimir Poutine à la hausse des prix des denrées alimentaires en Russie, suivie par celle du Premier ministre, promet une intervention de l'État, rapporte Bloomberg, soulignant un émoi des marchés agroalimentaires.

La Russie secoue à nouveau les marchés agroalimentaires avec la menace d’une intervention du gouvernement alors que Vladimir Poutine et son Premier ministre dénoncent l’inflation des prix des denrées alimentaires dans un pays considéré comme l’un des plus grands exportateurs mondiaux de blé et d’huile de tournesol, affirme Bloomberg.

L'agence rappelle que la semaine dernière Vladimir Poutine a exprimé sa surprise face aux fortes augmentations des prix des produits de base comme le pain et l'huile de tournesol, et a demandé au gouvernement de prendre des mesures pour les réduire. Le Premier ministre Mikhaïl Michoustine lui a fait écho, indiquant que les producteurs, les exportateurs et les détaillants de produits alimentaires devaient cesser de «s'engraisser aux frais des consommateurs».

«C'est inacceptable dans cette situation difficile. Il est nécessaire de prendre des mesures drastiques et de régler le mode de formation des prix», a-t-il soutenu.

Les autorités envisagent d'ores et déjà une taxe à l'exportation du blé en plus de la proposition antérieure de fixer un quota d'expédition de céréales pour quelques mois l'année prochaine.

Des mesures antérieures

L'agence ajoute que la Russie avait fait appel par le passé à des mesures similaires impactant chaque fois le marché du blé. En 2007, elle avait imposé une taxe à l'exportation pour lutter contre la hausse des prix des denrées alimentaires et en 2010, elle avait décrété une interdiction provisoire d'exporter du blé après une mauvaise récolte. Dans les deux cas, les mesures avaient eu pour effet une hausse record des prix du blé sur les marchés internationaux.

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Les exportations de blé russe en hausse
Dans l'immédiat, personne ne sait comment la taxe à l’exportation du blé affectera les livraisons, constate Bloomberg. Le quota d'exportations céréalières proposé auparavant était suffisamment important et ne créait pas d'obstacles majeurs à un commerce normal. Pourtant les autorités russes durcissent le contrôle des exportations des produits de base, dont les graines de tournesol, en introduisant de nouvelles taxes.

Selon les données du Service fédéral pour les statistiques Rosstat en novembre 2020 l’inflation en Russie a atteint 4,42% après 3,99% en octobre. Les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 1,34% par rapport à octobre, les prix des biens manufacturés ont montré de 0,58% et ceux des services, de 0,5%.

Les prix mondiaux du blé augmentent eux aussi, sur fond d'une forte demande en Chine et d'un resserrement de l'offre. Les contrats à terme pour le blé où la Russie tient le haut du pavé se sont renchéris à la suite des déclarations de Vladimir Poutine.

«Le potentiel d’intervention ne peut pas être écarté»

«Les commentaires de Poutine créent un peu d'incertitude sur le sujet. Le marché y est sensible», a commenté à Bloomberg Matt Ammermann, un gestionnaire des risques sur les matières premières chez StoneX.

Carlos Mera, analyste principal chez Rabobank International, estime que la Russie a fait une récolte de blé presque record, et le quota proposé est relativement souple, ce qui laisse peu de préoccupations immédiates pour l'approvisionnement.

«Pourtant, le fait que Poutine et Michoustine en parlent signifie que le potentiel d’intervention ne peut pas être écarté. La situation semble être assez fluide», a-t-il déclaré.
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