Le journaliste biélorusse arrêté a bien passé plusieurs semaines avec des néonazis ukrainiens

© AP Photo / Sergei GritsInterpellation de Roman Protassevitch à Minsk lors d'une manifestation en 2017 (archive photo)
Interpellation de Roman Protassevitch à Minsk lors d'une manifestation en 2017 (archive photo) - Sputnik Afrique, 1920, 27.05.2021
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Un ancien commandant du régiment néonazi ukrainien Azov* a reconnu que le Biélorusse Roman Protassevitch, arrêté lors de la récente escale imprévue d’un avion de Ryanair à Minsk, avait passé quelques semaines avec cette unité engagée dans les combats dans le Donbass.

Roman Protassevitch, que les autorités biélorusses ont arrêté le 23 mai lors de l’escale imprévue d’un vol de Ryanair à Minsk, a bien passé quelques semaines avec le régiment Azov* ukrainien en 2015, a annoncé sur Telegram Andriy Biletsky, fondateur et ancien commandant du bataillon Azov*, devenu régiment Azov* en 2015.

«Je vais mettre les points sur les i. Oui, en effet, Roman a lutté contre l'occupation de l'Ukraine aux côtés d’Azov* et d'autres unités militaires. Il a été avec nous dans la région de Chirokino, où il a été blessé. Mais son arme en tant que journaliste n’était pas un fusil d’assaut, mais sa parole», écrit le colonel Biletsky, dirigeant de plusieurs organisations ultranationalistes et ancien parlementaire.

Un correspondant de l’agence d’information ukrainienne UNIAN à Moscou, Roman Tsymbalyuk, a aussi déclaré que M.Protassevitch avait agi en tant que journaliste dans le Donbass.

L’Azov*, créé comme un bataillon de volontaires en mai 2014, puis devenu un régiment au sein de la Garde nationale d’Ukraine, est connu pour son caractère néonazi, ce qui lui a notamment valu une interdiction de recevoir un financement du Congrès américain. Des publications en ligne de cette unité montrent ses membres sur fond d'emblèmes en forme de croix gammée. Le magazine Corne sonce («Soleil noir» en ukrainien), publié par le régiment, doit aussi son nom à un symbole nazi composé de trois svastikas. 

Qui est cet homme en uniforme et armé d’un fusil d’assaut?

Une couverture du magazine Corne sonce paru le 3 juillet 2015, circule sur les réseaux sociaux. Elle montre un jeune homme en treillis avec le chevron du bataillon Azov* et un fusil d’assaut à la main, qui ressemble à Roman Protassevitch. Le slogan publié au-dessus de la photo dit en ukrainien «Nous construisons notre avenir».

​Le magazine The Insider a d’abord indiqué que l’homme représenté sur la photo n’était pas Roman Protassevitch, mais Andriy Snitko, membre du bataillon Azov* tué en 2014 près d’Ilovaïsk. Le média a ensuite supprimé sa publication.

Un poste de responsabilité dans le régiment Azov*, selon l’enquête

Le chef du KGB biélorusse, Ivan Tertel, estime que le fondateur de la chaîne Nexta sur Telegram Roman Protassevitch a bien combattu aux côtés des néonazis du régiment Azov* dans le sud-est de l’Ukraine.

Selon le parquet général de Biélorussie, Roman Protassevitch a déjà commencé à passer aux aveux.

La République populaire autoproclamée de Lougansk (RPL) a elle aussi intenté une action pénale à l’encontre de M.Protassevitch pour sa participation aux combats dans le Donbass du côté de Kiev, a annoncé ce jeudi 27 mai la porte-parole du parquet général de la République, Inna Semenova.

«Le 27 mai 2021, le […] Parquet général de RPL a ouvert une enquête pénale contre le Biélorusse Roman Protassevitch [...] pour participation aux activités d’une organisation reconnue comme terroriste par la RPL, utilisation dans un conflit armé […] d’armes de destruction massive interdites par les traités internationaux et actes de génocide», expose Mme Semenova.

​Selon l'enquête menée par la RPL, M.Protassevich a volontairement rejoint les rangs du bataillon nationaliste Azov* à l’été 2014 et a participé aux hostilités dans le Donbass jusqu’à l’hiver 2015 en qualité de commandant adjoint en charge des communications de la 2e compagnie d'assaut.

Arrestation de Roman Protassevitch

Un avion de la compagnie irlandaise à bas prix Ryanair reliant Athènes à Vilnius a atterri en urgence le 23 mai en Biélorussie sur décision du commandant de l’équipage suite à une alerte à la bombe qui s’est révélée fausse. Le même jour, l’avion a poursuivi son vol jusqu’à Vilnius.

Parmi les passagers figurait Roman Protassevitch, fondateur de la chaîne Nexta sur Telegram, qui était recherché par les autorités biélorusses pour «extrémisme» et «organisation de troubles de masse». M.Protassevitch a été arrêté à l’aéroport de Minsk lors d’un contrôle d’identité, dans le cadre de plusieurs actions pénales initiées à son encontre. Il risque jusqu’à 15 ans de prison.

Avions déroutés par les autorités

La pratique de déroutage d’avions par des États ne date pas d’hier.

En juillet 2013, l'avion du Président bolivien Evo Morales, qui rentrait dans son pays en provenance de Moscou, a dû se poser à Vienne, la France et le Portugal lui ayant fermé leur espace aérien. L’avion a été fouillé de fond en comble suite aux rumeurs sur la présence à bord du lanceur d’alerte et ex-agent de la CIA Edward Snowden.

En octobre 2016, un Boeing 737 biélorusse reliant Kiev à Minsk a été contraint de retourner à son aéroport de départ à cause de la présence à son bord d’un ressortissant arménien, a rappelé le 24 mai le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, lors d’une conférence de presse. Le passager en question a été évacué de l'avion qui a poursuivi son vol. Kiev n’a pas présenté d’excuses suite à l’incident.

En 2012, la Turquie a dépêché des chasseurs pour forcer d’atterrir un avion de ligne reliant Moscou à Damas sur son territoire. Les autorités turques soupçonnaient que l'avion transportait du fret militaire. L’avion a plus tard a été relâché et s’est posé à Damas.

*Organisation interdite en Russie

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