Les menaces de mort au personnel soignant proférées par des antivaccins: un phénomène qui inquiète les Alpes-Maritimes

© Sputnik . Vitali Belooussov / Accéder à la base multimédiaUn médecin prépare une seringue avec un vaccin (image d'illustration)
Un médecin prépare une seringue avec un vaccin (image d'illustration) - Sputnik Afrique, 1920, 24.04.2021
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Alors que la France accélère sa campagne de vaccination, les antivaccins n’en démordent pas. Les menaces de mort au personnel soignant sont ainsi devenues plus récurrentes dans les Alpes-Maritimes. Des plaintes sont déposées.

Le désir de se faire vacciner contre le Covid-19 se manifeste auprès de plus en plus de Français. Selon un sondage Odoxa-Backbone Consulting pour Franceinfo et Le Figaro, publié le 8 avril, 70% des personnes interrogées s’y montrent favorables. Cependant, un pharmacien des Alpes-Maritimes alerte sur les menaces reçues par du personnel soignant dans le département de la part des antivaccins.

«C'est devenu quotidien. On fait face à une vague d’agressivité […]», explique après du France Bleu le Dr Colombani, pharmacien à Roquebrune-Cap-Martin et président de l'Union Syndicale des Pharmaciens d'Officine dans les Alpes-Maritimes.

À chaque menace grave, il confie réagir par des plaintes.

«Quand on s'en prend à mes employés, à ma famille, quand les menaces sont importantes je vais au commissariat et j'encourage mes confrères également victimes à ne rien laisser passer», martèle le pharmacien.

«Restez dans votre coin!»

Alexandra Valetta-Ardisson, députée LREM des Alpes-Maritimes, a dénoncé ce phénomène: «Si vous êtes antivaccins, très bien: restez dans votre coin!».

«Il y a un an on applaudissait nos soignants, là ils sont menacés. C'est inadmissible. Ce pharmacien a tout mon soutien, ceux qui ne veulent pas du vaccin, c'est leur droit mais qu'ils n'aillent pas menacer de mort ceux qui sauvent des vies», réagit-elle auprès du média.

Interrogée par France Bleu, le Dr Colombani confie comprendre les réticences de ses patients:

«Nous sommes là pour les écouter mais aussi pour les rassurer. Il y a un risque de thromboses, ce sont des faits, mais il faut arrêter d'être dans l'émotion. C'est une course de vitesse, il faut vacciner et vite. Plus le virus va circuler, plus il va muter».

Les sources de méfiance

Les causes de méfiance sont expliquées par Françoise Salvadori, docteure en pharmacie et maître de conférences en immunologie à l’université de Bourgogne, dans une interview accordée le 2 mars à Essentiel Santé Magazine.

«La méfiance se dirige aujourd’hui contre une technologie présentée comme nouvelle: les vaccins à ARN messager. Ils auraient été vite faits, mal faits. Et nos grands-parents vivant en maison de retraite seraient de véritables cobayes».

Si elle admet que la mise au point des vaccins contre le Covid est «plus rapide que d’ordinaire», «c’est parce qu’il y a eu beaucoup de progrès ces dernières années. Et cette technique est en réalité étudiée depuis près de 20 ans».

«D’une manière générale, beaucoup de gens sont méfiants envers les laboratoires, qu’ils rassemblent parfois sous le terme négatif de "Big Pharma". Il est vrai que l’industrie pharmaceutique gagne de l’argent avec les vaccins mais ils ne représentent pas l’essentiel de leur chiffre d’affaires. De plus, pour les vaccins anti-Covid, les prix ont été vraiment négociés, grâce aux commandes passées à l’échelle européenne.»

Elle estime que les antivaccins sont repoussés par l’«idée que l’on pourrait nous obliger à nous vacciner contre le Covid, alors même qu’il n’en a jamais été question». 

Un moyen de rassurer

Pour rassurer les gens sur le fonctionnement et les effets secondaires des vaccins, elle propose de mener «une campagne de communication des autorités sanitaires pour parler des différents vaccins anti-Covid, notamment de ceux à ARN messager».

C’est ce que tente de faire le gouvernement. Lors de la réunion hebdomadaire «vaccins» à l'Élysée, Emmanuel Macron a salué le 20 avril «les 2,5 millions de doses injectées, le chiffre le plus élevé sur une semaine». En outre, le Président de la République a noté que près de 70% des plus de 70 ans étaient protégés.

Au total, près de 18 millions de personnes ont reçu une première dose alors que l’objectif des 20 millions de vaccinés avec au moins une dose pour la mi-mai est fixé par le gouvernement. Un objectif qui semble atteignable au rythme actuel, selon l’AFP.

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