Lever ou ne pas lever: la France écartelée face aux sanctions

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Après le soutien par l'Assemblée nationale d’une proposition de résolution en faveur de la levée des sanctions contre la Russie, deux experts français décryptent pour Sputnik la portée de cet événement.

L'Assemblée nationale a voté jeudi 28 avril une proposition de résolution en faveur de la levée des sanctions contre la Russie. Les médias français avaient prédit la veille un refus pour cette proposition qui fut à la surprise de beaucoup acceptée avec 55 votes pour et 44 contre. Sputnik a réussi à interviewer Cyrille Bret, maître de conférences à Sciences Po, et Claude Chollet, fondateur de l'OJIM, sur la couverture médiatique et les répercussions de ce vote historique.

Interview avec Cyrille Bret, maître de conférences à Sciences Po

"Pour le moment, il s'agit du vote d'une résolution qui n'a pas de valeur juridique contraignante et le Quai d'Orsay a bien signifié qu'il n'y aurait pas d'infléchissement avant juillet. En revanche à moyen terme, notamment dans la perspective des élections présidentielles et législatives, il est fort possible qu'en cas d'alternance, la politique étrangère de la France, qui est essentiellement entre les mains du président de la République, change à la faveur d'une possible élection soit de Nicolas Sarkozy, soit d'Alain Juppé, soit de François Fillon".

Les sanctions contre la Russie, poursuit M. Bret, "commencent à perdre leur efficacité", compte tenu de la menace terroriste actuelle:

"Il y a une coopération nécessaire en matière de lutte contre le terrorisme qui a déjà eu lieu sur le terrain entre la Russie et les Occidentaux. Tout cela marque l'inflexion des hommes politiques occidentaux à l'égard de la Russie, qui ne va toutefois pas déboucher à court terme sur une coopération très étroite".

En guise de conclusion, il a reproché aux médias occidentaux de "se concentrer plus sur la personne du président russe que sur les intérêts stratégiques de la Russie sur la scène internationale".

Interview avec Claude Chollet

Sputnik s'est également entretenu avec Claude Chollet, fondateur de l'Observatoire des journalistes et de l'information médiatique (OJIM).

Selon lui, la nouvelle n'a pas manqué de "susciter un grand intérêt" de la part des médias français:

"Je dirai qu'après ce vote, les médias ont été relativement conformistes au début, mais pour autant ils n'ont pas été unanimes. Le Monde et le Huffington Post ont partagé à peu près la même ligne et la même opinion. Ils ont insisté sur l'effet de surprise et sur le fait que ce vote est purement consultatif sans engager le gouvernement. Par contre, le Figaro a souligné l'absence des députés socialistes, (…) en se demandant si certains d'entre eux aient voulu envoyer un message au pouvoir estimant que ces sanctions étaient soit injustes, soit contre-productives, soit les deux".

"Et la Croix va jusqu'à envisager une manœuvre importante de la part du gouvernement: par exemple, envoyer un message d'apaisement à la Russie avant la visite en France de Vladimir Poutine en octobre. Il ne faut pas oublier que Jean-Marc Ayrault, qui est le nouveau ministre des Affaires étrangères, est réputé moins viscéralement hostile à la Russie que ne l'était Laurent Fabius. Ainsi, on a pu constater en quelques jours un changement d'atmosphère, un changement d'ambiance considérables".

M. Chollet juge possible que les sanctions soient levées à long terme, la France étant "relativement isolée dans cette histoire":

Il est temps d'admettre que la politique de sanctions a échoué - Sputnik Afrique
Il est temps d'admettre que la politique de sanctions a échoué
"Ce sont les Américains qui poussent essentiellement au maintien des sanctions, tandis que les Français hésitent. J'ai l'impression que le gouvernement Valls aimerait bien lever les sanctions mais ne sait pas très bien comment s'y prendre (…).Toujours est-il qu'au fond, tout cela pourrait annoncer le Printemps".

L'Assemblée nationale a soutenu le 28 avril le projet de résolution du parlementaire Thierry Mariani appelant à lever les sanctions économiques imposées par l'Union européenne contre Moscou. Sur les 98 députés qui ont pris part au scrutin, 55 ont voté pour la résolution.
La résolution a été soutenue notamment par Les Républicains et l'Union des démocrates et indépendants (UDI). Les socialistes, qui disposent de la majorité absolue à l'Assemblée nationale, ont pour la plupart ignoré le vote.

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