Une bagarre a éclaté dimanche devant la mairie de Bastia puis devant les grilles de la préfecture de la Haute-Corse. Là, à peu près 500 personnes sont venues crier leur colère au lendemain de "l'agression" dont ont été victimes plusieurs adolescents de la commune et leurs parents venus à leur rescousse en Corse.
Apres la rixe d'hier soir à #Sisco plus d'une centaine de personne est rassemblée devant la mairie de #Bastia #Corse pic.twitter.com/iHMxCfPgk0
— Betty De Beketch (@betty_debeketch) 14 августа 2016 г.
Il n'y pas de personnes radicalisées d'un côté et de méchants racistes de l'autre: c'est le bilan tiré à ce stade de l'enquête par Nicolas Bessone, procureur de la République de Bastia. Jeudi, cinq individus devaient être jugés en comparution immédiate, mais le procès a été reporté au 25 septembre. S'agit-il donc d'un soulagement?
"Tout à fait. Parce que l'enquête n'est pas finie, c'est ce qu'a dit le procureur", explique le maire de Sisco, en Haute-Corse. "Il reste des choses encore à éclairer. Tout n'est pas terminé. Et on recherche d'ailleurs une sixième personne qui a donné une fausse identité, et qui est certainement partie du territoire de la Corse".
La personne est recherchée, car elle aussi devrait être dans le box, poursuit Ange-Pierre Vivoni, ne précisant pourtant rien sur cet individu.
"Je ne sais rien. Je pense, car la présomption d'innocence vaut pour tout le monde, qu'elle devait être sans papier sur le territoire. Je suppose, je le mets au conditionnel. Il y a beaucoup de choses qui ne sont pas éclairées. Cela permet à chacun d'entre nous de reprendre ses esprits, dans un esprit apaisé. C'est ce que je souhaitais depuis le début", affirme-t-il.
Le maire de Sisko a ensuite pris un arrêté laïc, conformément aux lois. Il n'a d'ailleurs pas parlé de Burkini.
"Je n'ai jamais parlé de ça, ni dans mon arrêté ni dans aucun média de France et de Navarre. J'ai dit: +C'est une simple altercation entre des Corses+".
"La France, maintenant, c'est une cocotte-minute. Ça bout à l'intérieur. Et ça a été la soupape qui a permis, au moins, de sortir un peu de vapeur. Ce que je pense, c'est que ce n'est ni un problème de gauche ni un problème de droite, c'est un problème de société", met en valeur M. Vivoni.
Ainsi, les politiques et les maires en première ligne des communes doivent protéger leur peuple de toute attaque, fustige-t-il. Il faut expliquer que le vivre ensemble est et a toujours été classé parmi les droits de l'homme et de la femme, c'est-à-dire que chacun peut avoir la religion qu'il veut ou ne pas en avoir du tout. Donc, c'est la laïcité qu'on doit défendre.
Par conséquent, il y a eu un emballement médiatique autour de ces faits divers parce que ça couve, et depuis longtemps, c'est ainsi que c'est devenu un problème de société, précise-t-il.
"Le Français, aujourd'hui, a d'autre choses à faire, et le Corse en particulier, nous avons d'autres problèmes. Nous avons ce problème-là qui nous accapare au quotidien, je dirais qui empoisonne notre société et empêche à mon avis de parler des réels problèmes de la France".
Lui-même n'a jamais été contre l'islam, le considérant comme une religion de paix et de partage. Et cependant, c'est en Corse que l'on recense le plus d'actes islamophobes…
"La plus grande majorité de la population maghrébine est intégrée en Corse. Bien évidemment, comme partout, il y a des racistes, nous le savons. Je pense qu'en Corse il y a moins de racistes en pourcentage qu'en France continentale".
Alors que les médias continentaux fabulent "Nous sommes chez nous", il faut se rappeler que quand on le dit, ça n'a pas la même connotation qu'en France continentale.
"Nous sommes des îliens, et tous les îliens du monde, de tout temps, ont toujours voulu se protéger", résume M. Vivoni. Avant d'ajouter: "Ça ne veut pas dire: +Nous sommes des nationalistes et on rejette l'étranger+".