Démanteler la "Jungle", d'accord, mais comment reloger les migrants?

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Ayant promis lors de sa dernière visite à Calais de démanteler la "Jungle" à la demande des Calaisiens, Bernard Cazeneuve a rendu publique le schéma de mobilisation de places d'hébergement. Où héberger les migrants pour ne pas "multiplier des Calais partout en France"? Deux opinions opposées des maires français dans un entretien à Sputnik.

Il l’avait promis lors de sa dernière visite à Calais, le ministre français de l’Intérieur Bernard Cazeneuve allait tout mettre en œuvre pour accéder aux demandes des Calaisiens qui réclamaient un démantèlement total du camp de la Lande, tristement appelé "la Jungle". Le ministre parlait alors d’un démantèlement par étapes et qui nécessitait la création de places d’hébergement.

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L’objectif annoncé: 12.000 places d’ici la fin de l’année dans des centres d’accueil et d’orientation. Depuis novembre 2015, un peu plus de 3.000 places ont déjà été créés un peu partout en France, en vue du transfert des migrants de la zone nord de la jungle à la mi-octobre, mais le gouvernement estime qu’il faut en créer 1.000 de plus en urgence avant la fin du mois, et 8.200 en tout d’ici fin décembre.

En ce qui concerne les places en Commission d'appel d'offres (CAO), même si certains préfets sont opposés à l'idée d'héberger les migrants, ils n’auront pas le choix. Certaines places ont déjà été créées un peu partout en France et accueillent des réfugiés depuis plusieurs mois.

C’est le cas de la ville de Decize, qui recevait plusieurs anciens habitants de la jungle il y a une semaine, forte d’une précédente expérience réussie, selon le maire PS de la ville Alain Lassus. Cette réussite s'explique d'après lui par un accueil favorable de la population: 

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"L’accueil n’a pas été défavorable parce que je pense avoir situé tout de suite le problème en disant que c’était pour nous une obligation de solidarité d’accueillir ces gens parce qu’ils étaient en difficultés", a expliqué à Sputnik le maire de Decize.

Et d'ajouter que si " un peu partout en France on accepte de prendre des gens pendant 6 mois, de les laisser se reposer, rediscuter de leur situation avec l’Etat de façon à ce qu’ils redonnent une nouvelle direction à leur vie…en  expliquant les choses comme ça il n’y a pas trop de raison qu’il y ait d’opposition".

Il faut pourtant souligner que le nombre de réfugiés accueillis par Decize n'est pas très significatif, à peu près deux dizaines, ce qui rend ces conclusions quelque peu hâtives.

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Le maire de Béziers, Robert Ménard, dont la ville est déjà dotée de deux centres d’accueils, accuse le gouvernement français d'être incapable de régler le problème des réfugiés et avoue ne pas vouloir un nouveau Calais dans sa ville.

"Il (le gouvernement, ndlr) nous a menti sur les chiffres, il nous a annoncé 4.000 personnes à Calais quand il en y avait 10.000. Maintenant on n’arrive pas à résoudre ce problème. Alors qu’est-ce qu’on propose? De répartir dans toute la France le problème. Mais je ne veux pas de ce problème chez moi", s'exclame le maire de Béziers.

"De la même façon que je m’étais opposé à recevoir des refugiés syriens à Béziers, maintenant je ne veux pas voir arriver des gens de Calais… dans ma ville. Ma ville est assez pauvre, elle a assez de problèmes", sous-entendant qu'il ne fallait pas en ajouter d'autres.

Et si d’après le maire de Decize, l'accueil des réfugiés est une question de valeurs "de solidarité, de redistribution, d’émancipation" et qu'il faut arrêter de "discuter de l’identité nationale", pour aborder "les vrais sujets, à savoir comment on peut faire pour aider les gens en difficulté", pour le maire de Béziers, ce n'est pas une question d’identité nationale mais de sécurité et de capacité d’accueil.

"Tout le monde le sait, quand on a fait rentrer des centaines ou un million de pseudo-réfugiés syriens ou irakiens en France, on a fait rentrer avec eux – on l’a vu lors des attentats – un certain nombre de djihadistes qui sont des terroristes. C’est ça la réalité. C’est pour cela qu’il faut mettre le holà à l’immigration, qu’il faut mettre le holà à l’accueil des pseudo-réfugiés ", conclut Robert Ménard.

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