Gérard Collomb face à la colère de la police: «une séance de communication»

© REUTERS / Charles PlatiauGerard Collomb
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Mercredi 10 janvier, le ministre de l’Intérieur a reçu les syndicats de police, excédés des violences accrues à leur encontre. Ils demandent le retour des peines planchers et l’impossibilité d’aménagement des peines... Le bilan de la rencontre est pour le moins mitigé.

«On est sur du vent et de l'approximatif», estime Alexandre Langlois, secrétaire général du syndicat de police VIGI (ex CGT-Police). La colère monte chez les policiers, 10 jours après l'agression violente de deux fonctionnaires à Champigny-sur-Marne. D'après les chiffres du ministère de l'Intérieur, 3.000 policiers sont blessés chaque année suite à une agression. Certains syndicats demandent un durcissement des peines à l'encontre des agresseurs… afin de calmer la grogne, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb les a reçus mercredi 10 janvier. Mais le résultat paraît très loin des attentes:

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«D'abord, il y a eu un constat, il y a 3.000 policiers blessés, c'est inacceptable, d'accord. Après les propositions qui ont été faites, ce sont des modifications de la loi, de plus sévères sanctions de la Justice, qui ne dépendent pas du tout du ministère de l'Intérieur…»

L'Intérieur a pris acte des revendications syndicales, et s'en remet désormais à la Justice: «L'ensemble des organisations syndicales ont pu exprimer leur position. Plusieurs propositions d'évolutions législatives ont été formulées à cette occasion. Elles seront toutes expertisées en lien avec la Chancellerie dans le cadre de la réflexion d'ores et déjà en cours sur le sens et l'effectivité des peines», a indiqué le ministère de l'Intérieur dans un communiqué. Chancellerie qui se dit attentif «à toutes les propositions et pistes de travail que le ministère de l'Intérieur et les policiers nous présenteront et nous les étudierons», comme le rapport Le Figaro.

«Rien qu'à lire la phrase, ça veut dire qu'on va discuter tranquillement, mais que quand l'opinion publique aura oublié ce qu'il s'est passé, se sera autre chose […].Ça va leur passer au-dessus. Pour réduire les agressions, il faut connaître les quartiers, remettre une police qui sait où elle travaille, avec des méthodes d'interventions qui ne seraient pas téléportées d'un endroit pour repartir.»

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Les responsables des principaux syndicats de gardiens de la paix demandent au gouvernement des mesures concrètes: le retour des peines planchers et l'impossibilité d'aménagement de peines pour tous les agresseurs. Toujours d'après Le Figaro: «la place Vendôme n'entend pas céder: la demande d'établir des peines planchers pour les délinquants ayant commis des violences sur des personnes dépositaires de l'autorité publique restera lettre morte […]. L'idée d'une suppression des aménagements de peines, en cas de violence sur les policiers, ne peut que hérisser les magistrats».

«On a l'impression qu'à chaque fois qu'il se passe quelque chose, on fait une nouvelle loi pénale, mais qui ne sera pas appliquée derrière. Commençons par appliquer ce qui existe déjà», estime Alexandre Langlois, lui-même en désaccord avec les demandes des principaux syndicats de police. Il y voit d'abord un problème d'application des peines, lorsqu'il s'agit, par exemple, d'«agressions quotidiennes, pas physiques, mais les insanités de tous les jours»:

«On fait juste un rappel à la loi. Une mesure adaptée serait de faire des travaux d'intérêt général, des choses comme ça. Mais ça demande du personnel. C'est plus une question de moyen de la Justice pour faire appliquer des peines justes.»

En attendant, la place Beauvau va débloquer 150 millions d'euros afin de pallier à une autre revendication de la police: l'insalubrité des locaux et la vétusté du matériel «À la fin, on fait un peu d'auto-félicitation avec le ministère, qui dit qu'il a débloqué 150 millions d'euros pour l'équipement de la police. Donc concrètement pour notre quotidien, ça ne va rien changer. C'est une séance de communication pour dire "on agit"», conclut, septique, le policier.

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