C'est l'une des «mesures-phare» de la feuille de route pour une économie circulaire, présentée par le ministère de la Transition écologique et solidaire le 23 avril dernier: l'«indice de réparabilité». Une équipe, dont fait partie l'association Halte à l'Obsolescence Programmée (HOP), est chargée de mettre au point cet indice. Laetitia Vasseur, cofondatrice, nous explique sur quelles bases il se construit:
«L'idée c'est qu'on puisse avec des informations sur: est-ce qu'un produit est démontable, est-ce que les pièces détachées sont disponibles, est-ce qu'elles sont standard, est-ce qu'il y a une notice qui permet de démonter, réparer, entretenir, etc.»
«Il ne faut pas faire de la comm' pour faire de la comm' et il ne faut pas que ça se concentre sur la réparabilité», estime néanmoins Laetitia Vasseur.
Son association, en pointe sur le sujet, a porté plainte, pour la première fois en France, pour délit «d'obsolescence programmée» contre les géants HP, Canon, Brother et Epson. Même si «ça va dans le bon sens», cela reste «la solution de facilité»:
«La réparabilité ne donne pas d'information sur la durée de vie des logiciels, la robustesse. Ce que l'on veut, ce sont des produits qui ne tombent pas en panne trop vite», argumente-t-elle.
À travers cette mesure, la «seule obligation, c'est d'informer». Mais si les fabricants se retrouvent mal placés, avec cet indice, «par jeu de concurrence, ils vont certainement vouloir s'améliorer», explique la cofondatrice. Mais rien ne les y contraint pour l'instant. En attendant,
«associations de consommateurs, environnementales et toutes les fédérations, distributeurs, commerçants, fabricants, réparateurs» vont devoir s'entendre sur les critères, mais «il ne faudrait pas que la voix des fabricants soit prépondérante.»
«Il faut qu'il y ait une information très claire, voire une pondération de la note, en fonction de si c'est réparable par tous, ou s'il faut impérativement repasser par la case fabricant.»
Une chose est sûre, c'est qu'en cas d'obsolescence indirecte (c'est-à-dire quand un produit est fonctionnel, mais devient obsolète parce que l'un de ses produits associés n'est plus disponible sur le marché), le client en sera informé:
«Si tout est fait pour que la pièce d'usure tombe en panne et qu'on ne puisse plus la réparer dans deux ou trois ans, c'est de l'obsolescence indirecte et cela mettra en lumière ce type de pratique.»