La décision de justice contre le RN, «une tentative d'assassinat politique»

© Sputnik . Kristina Afanassieva / Accéder à la base multimédiaMarine Le Pen
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La présidente du Rassemblement national (ex-FN), a fustigé le 9 juillet la décision de deux juges de saisir 2 millions d'euros d'aides publiques à son parti. Elle estime son mouvement en danger de mort et parle d’attentat contre la démocratie. D’autres responsables politiques s’inquiètent. Du côté de LREM, on se dit «outré» par ces accusations.

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Le Rassemblement national victime d'une fronde politique? C'est ce qu'affirme sa présidente Marine Le Pen après la décision prise par les juges Renaud Van Ruymbeke et Claire Thépaut. D'après RMC, dans une ordonnance datée du 28 juin, les magistrats ont demandé «la saisie pénale d'une somme destinée au Front national au titre de l'aide publique apportée aux partis pour un montant de deux millions d'euros». Les deux juges ont pris cette décision dans le cadre de l'enquête sur les assistants parlementaires présumés fictifs de membres de l'ex-FN et payés avec l'argent du Parlement européen. Pour plusieurs personnalités du parti, il s'agit clairement d'un acte politique et d'une atteinte à la présomption d'innocence.

Le Syndicat de la magistrature visé

Les juges Renaud Van Ruymbeke et Claire Thépaut invoquent l'endettement du parti pour justifier cette saisie. Ils craignent que la subvention ne serve qu'à rembourser des emprunts et soit donc indisponible pour recouvrer d'éventuels dommages et intérêts. Marine Le Pen, elle, est convaincue que cette décision est politique et pointe l'appartenance de Claire Thépaut au Syndicat de la magistrature: «Le caractère politique de l'initiative ne fait aucun doute, puisque l'un des deux juges est membre du Syndicat de la magistrature et l'autre est un de ses compagnons de route.» Le Syndicat de la magistrature, classé à gauche, s'est notamment retrouvé dans la tourmente en avril 2013 quand des images filmées dans leurs locaux montraient des photos de plusieurs personnalités, dont des hommes et des femmes politiques étiquetés à droite, épinglées sur un «mur des cons».

Joint par Sputnik, Louis Alliot, député RN des Pyrénées-Orientales et compagnon de Marine Le Pen, est sur la même longueur d'onde que sa conjointe:

«Le Syndicat de la magistrature nous est hostile. Je rappelle qu'il a appelé à faire barrage à Marine Le Pen entre les deux tours de la dernière présidentielle. Il est composé de juges militants. Cette affaire est donc très grave et porte atteinte au pluralisme politique nécessaire à la démocratie. On donne des leçons à la Russie et à la Chine, mais on ferait mieux de faire attention à ce qu'il se passe chez nous. Aujourd'hui c'est le Rassemblement national qui est visé, mais demain cela pourrait très bien être une autre formation politique.»

Contacté par Sputnik, le Syndicat de la magistrature n'a pas souhaité réagir à ces accusations.

Bruno Gollnisch, député européen RN à qui le Parlement européen réclame 275.984 euros, va même plus loin. Il a fait part de son avis sur cette affaire à Sputnik:

«C'est clairement une tentative d'assassinat politique. C'est absolument incroyable. C'est sans précédent. Nous sommes la première formation politique à subir un tel traitement. Tout ceci est l'aboutissement d'une manœuvre destinée à casser notre mouvement et qui a débuté quand Martin Schultz, ex-président du Parlement européen, a décidé d'agir de concert avec madame Taubira, ancienne ministre de la Justice, pour nous détruire.»

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Si les mots sont si forts, c'est que la situation est grave pour le mouvement politique. Le Rassemblement national devait recevoir, le 9 juillet, une avance équivalent à la moitié de l'aide publique de 4,5 millions d'euros à laquelle il a droit et dont le versement avait pris du retard. Cette dernière est calculée en fonction de ses résultats aux législatives de 2017. Le mouvement comptait sur cette somme pour faire face à plusieurs échéances financières proches. Et si le parti va faire appel de cette décision, ce dernier n'est pas suspensif. Marine Le Pen a même évoqué la mort de sa formation politique: «Si jamais il n'y a pas une chambre d'instruction qui se réunit en urgence, et qui constate qu'il y a eu une violation de la loi par des juges et une violation de la Constitution, alors fin août il n'y a plus de Rassemblement national.»

Du côté des autres partis, le député LR Guillaume Larrivé, s'est montré inquiet de cette décision: «Je n'ai pas regardé techniquement la procédure, ses conséquences en tout cas me préoccupent pour le débat public.» Sur Europe 1, le président de l'UDI Jean-Christophe Lagarde a mis en avant la présomption d'innocence: «S'ils ont commis un délit, s'ils ont commis quelque chose qui va les faire condamner, il faut attendre la condamnation pour leur prendre de l'argent.» Avant de s'interroger: «Qu'est-ce que c'est que cette condamnation préventive? Je ne comprends pas bien.» Brice Hortefeux s'est également étonné de cette décision de justice sur LCI. Il a déclaré qu'il ne «comprenait pas pourquoi on met sous séquestre un parti alors qu'il y a une dotation de l'État qui arrive chaque année».

Chez le patron de La République en Marche (LREM), le son de cloche est bien différent. Christophe Castaner s'est dit «outré par les accusations de dictature portées par Marine Le Pen contre notre système judiciaire». Il assure que «le scandale le plus grave est celui de la gestion» du Rassemblement national.

Afin de survivre, le parti a lancé un appel au don. Il a également démarré une campagne de sensibilisation, notamment sur les réseaux sociaux. Gaëtan Dussausaye, adjoint au délégué national de la communication du RN, a expliqué à Sputnik pourquoi le parti avait décidé de contre-attaquer:

«On est abasourdis. Dans ce pays, qui se targue d'être à la pointe de la démocratie, deux juges peuvent se permettre de tenter de rayer de la carte le premier parti d'opposition en faisant totalement fi de la présomption d'innocence. La situation est très grave. C'est pour cette raison que nous avons démarré une campagne de sensibilisation auprès des Français afin qu'ils sachent ce qu'il se passe.»

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Marine Le Pen a de son côté appelé le 9 juillet sur BFMTV et RMC les responsables politiques «qui se battent pour la démocratie» à la soutenir: «Quand on a un principe (…), on le défend y compris quand il va dans l'intérêt de votre adversaire. Si demain La France insoumise était dans la situation dans laquelle nous sommes, eh bien moi je viendrais les soutenir.»

Les juges français enquêtent sur un possible «système» qui aurait été en place au FN entre 2009 et 2017. L'organisation aurait rémunéré des permanents du parti avec les fonds européens réservés à l'embauche d'assistants parlementaires. Le préjudice est estimé à 7 millions d'euros. Plusieurs personnalités du mouvement sont d'ores et déjà mises en examen dans cette affaire dont Marine Le Pen, Louis Aliot, et Bruno Gollnisch ou encore l'eurodéputé Nicolas Bay.

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