C'est dans son fief de Bonifacio que Sputnik a rencontré Jean-Charles Orsucci. Vidée de ses touristes, inondée par le soleil et balayée par le vent hivernal, la ville s'offre à notre regard. Il est difficile d'imaginer des milliers de visiteurs dans les petites rues tortueuses de la ville haute, alors que le tourisme est l'un des piliers de l'économie locale.
Pourtant, en septembre, le mouvement nationaliste Corsica Libera avait réclamé des quotas de touristes sur les sites naturels, qu'ils estiment abîmés par les flux trop importants.«Il y a sur les îles un risque de surfréquentation, confirme le maire de Bonifacio, ce qui ne veut pas dire que Bonifacio est surfréquenté.»
Deux millions de visiteurs par an pour une ville de quelque trois mille habitants. 670 visiteurs par habitant. On est en effet encore loin des chiffres d'étouffement touristique de Barcelone ou de Venise. Mais M. Orsucci pense «s'inspirer des endroits dans le monde où on contingente le nombre des visiteurs.» Favorable à cette idée, même si cela aura une répercussion sur le coût de la visite, le maire de Bonifacio est «prêt à travailler avec la majorité».
«Il n'y a pas de clivage gauche-droite-écologiste. L'écologie c'est l'affaire de tous», affirme le maire de Bonifacio.
Limiter l'accès aux sites sensibles n'est pas la seule préoccupation de la ville. Elle souhaite également étaler la saison touristique, jongler avec la préservation de l'emploi et des prix attractifs, notamment pour le carburant — un sujet très actuel. Une solution, largement utilisée sur le continent, n'est pas au goût de Jean-Charles Orsucci.«Si demain vous confiez la distribution du carburant aux grands groupes comme E. Leclerc ou Casino, vous n'auriez pas de baisse des prix en Corse, mais surtout vous allez engendrer la mort de toutes les petites stations qui font vivre l'intérieur de l'île.»
Le maire, évoque environ un millier de personnes qui vivent de ce commerce sur l'île. Il préconise de trouver des mécanismes qui permettraient à la fois d'avoir un tarif plus bas, ce dont les gens ont besoin pour préserver leur pouvoir d'achat et maintenir ces emplois. «C'est possible, puisque ça existe dans d'autres régions françaises,» insiste Jean-Charles Orsucci.
«On a prévu d'inscrire la Corse dans la Constitution. Nous pourrons avoir un traitement différent du territoire. C'est déjà un soutien. J'aurais voulu qu'on aille encore plus loin dans le pacte girondin. […] Il faut améliorer les relations entre Paris et la Corse, c'est indispensable pour la réussite de l'île.»
Malgré ses prises de position, le maire de Bonifacio fait pourtant face à des critiques de la société civile locale, sur laquelle «La Republique en Marche» compte pourtant s'appuyer. L'un des dossiers controversés est la présence de plusieurs villas de luxe construites dans des zones protégées de l'île. Et si la Villa Martinolli est tombée sous les coups des pelleteuses, une autre, la Volla Ferracci, dans les environs de Bonifacio, est toujours debout.
«Je crois que la Villa Feracci est une attaque contre le Président de la République de la part des médias et de la part de la population, insiste Jean-Charles Orsucci. Aller me chercher querelle est fort de café, parce que le contentieux date des années 1990: Emmanuel Macron passait son bac et moi, j'étais à la fac.»
Critique vis-à-vis de façon d'agir des associations pour l'environnement, le maire insiste sur son implication dans la protection de l'environnement. Étant «contre la bétonisation de la Corse», il parle de la nécessité de trouver des moyens de développer économiquement la Corse:«Je n'accepte plus l'idée que la Corse soit sous perfusion économique du continent. C'est le challenge qu'on doit soulever et le tourisme est au cœur de notre action.»
Jean-Charles Orsucci est fier d'avoir investi 100 millions d'euros sur 10 ans sur sa commune — les fonds issus du tourisme — et travaille désormais sur l'idée d'un parking de contention et d'un bus à hydrogène qui le reliera au centre-ville.
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