Des taxis évitent La Chapelle pour ne pas choquer les touristes entre Roissy et Paris

© REUTERS / Gonzalo FuentesA migrant sleeps next to tents installed in a street near the entrance of the reception center for migrants and refugees at porte de La Chapelle, north of Paris, France, July 6, 2017
A migrant sleeps next to tents installed in a street near the entrance of the reception center for migrants and refugees at porte de La Chapelle, north of Paris, France, July 6, 2017 - Sputnik Afrique
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Pour cause de l’insécurité régnant dans le quartier parisien de La Chapelle, plusieurs chauffeurs de taxi ont témoigné auprès de 20 Minutes qu’ils préféraient faire un détour. Autant pour ne pas montrer aux touristes arrivés par Roissy CDG la misère du quartier que pour se protéger. D’autres passent directement et renseignent leurs passagers.

Le quartier de La Chapelle à Paris, dans le 18e arrondissement, est connu pour son ambiance d'insécurité, son trafic de drogue et sa saleté. Certains chauffeurs de taxi affirment qu'ils essayent d'éviter de passer par ce quartier lorsqu'ils accueillent des touristes arrivés à l'aéroport Roissy CDG, relate le quotidien 20 Minutes. L'un de leurs objectifs est de ne pas décevoir les touristes et gâcher ainsi leur première impression de la Ville Lumière.

«La première image que les touristes ont, en arrivant à Paris, plus belle ville du monde, ce sont les tentes, les réfugiés, les toxicos… Quand je peux, j'évite au maximum de passer par la Porte de la Chapelle», déclare Mordi, qui travaille comme chauffeur entre l'aéroport Roissy Charles de Gaulles et Paris depuis plus de 20 ans.

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Concernant les itinéraires possibles de détour, il privilégie «la porte de Clichy ou la porte d'Asnières, surtout le soir et la nuit».

Mordi est parfois obligé de passer par ce quartier et ses passagers ne tardent pas à réagir à ce qu'ils voient de l'autre côté des vitres:

«Quand je n'ai vraiment pas le choix, je passe par la porte de la Chapelle, mais je vois que les touristes ne sont pas rassurés, qu'ils ont peur. Moi aussi finalement. Il y a une certaine agressivité des gens à la rue. Ce n'est agréable pour personne».

Lors d'une conférence de presse fin avril, Anne Hidalgo et d'autres maires ont lancé un appel à l'État afin de dénoncer la «situation indigne» des migrants habitant la capitale et tout le pays. Ceci a fait suite à de nouvelles évacuations de campements dans le nord-est de Paris, est-il précisé.

«La situation n'est plus acceptable et n'est plus vivable. On ne peut pas faire comme si la situation n'existait pas. […] On est au bout du rouleau de ce qu'on pouvait supporter», a annoncé Mme Hidalgo.

Le riverain et fondateur du collectif de locataires «Vivre au 93 Chapelle», Jean-Michel Métayer, domicilié au 93, rue de la Chapelle depuis 30 ans, a confié, toujours à 20 Minutes, différentes histoires d'autres habitants du quartier, qui saturent des campements, de la violence, de la toxicomanie et de la misère de la colline du crack.

«J'ai rencontré un taxi qui m'a dit que certains chauffeurs au départ de Roissy ne rentrent pas à Paris par la porte de la Chapelle, pour ne pas montrer au monde entier l'état du secteur», a ainsi indiqué M.Métayer au quotidien.

Ils prennent d'autres itinéraires pour ne pas passer à la Chapelle. Ils passent par la Porte Maillot, la Porte de Champerret», a-t-il poursuivi. Le fondateur de «Vivre au 93 Chapelle» a précisé que cette situation existait depuis sept ans mais c'est justement maintenant qu'était «atteint un stade impossible».

Un autre chauffeur, Djamel, fait un détour lui aussi, en passant par la Porte Maillot ou bien par la Porte de Clichy. Il ne soucie pas seulement d'une mauvaise première impression sur les touristes, mais aussi de la sécurité: «À la Chapelle, des gens tentent d'ouvrir la portière, de casser la vitre. Ce n'est pas vendeur pour nos clients, surtout des touristes qui découvrent Paris. Avant, la situation faisait mauvais genre, maintenant c'est dangereux».

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Néanmoins, certains chauffeurs ont une approche différente, poursuit le quotidien. Par exemple, Olivier, habitant de Paris depuis six ans, préfère prendre un itinéraire direct et faire connaître les particularités du quartier aux passagers:

«Oui, la sortie à la Chapelle craint. Oui, la pauvreté y est flippante, triste, et elle s'aggrave, mais je continue d'y passer et j'explique aux touristes la situation, le contexte».

Les touristes semblent ne pas être vraiment scandalisés, selon lui: «Globalement, les Européens sont conscients et les Américains ne comprennent pas qu'on puisse laisser faire ça. Mais ça ne les indigne pas plus que ça. Il peut y avoir une peur, mais je tente de les rassurer», résume-t-il.

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