Des lacrymos plus puissants sont-ils utilisés contre les Gilets jaunes?

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Tandis que des internautes dénoncent sur Facebook l'emploi par les forces de l'ordre d'un gaz lacrymogène qui serait «plus puissant» qu'à l'accoutumée, les observateurs sur le terrain interviewés par Franceinfo mettent plutôt en cause les pratiques des policiers.

En vue de vérifier les informations circulant sur les réseaux sociaux depuis le mois d’avril et selon lesquelles les forces de l'ordre emploieraient désormais «un gaz plus puissant» contre les Gilets jaunes «dans certaines villes», Franceinfo a interrogé sur ce sujet des experts en la matière.

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«Début janvier, de plus en plus de manifestants se plaignaient des lacrymos. Nous-mêmes, nous étions nettement plus gênés par les gaz qu'en décembre. On s'est dit qu'il y avait un problème avec ces grenades», commente Pascal Gassiot, membre de l'Observatoire toulousain des pratiques policières.

Cependant, Laurent Nunez, secrétaire d'État auprès du ministère de l'Intérieur, a assuré sur Franceinfo en février dernier que «la recette [la composition du gaz, ndlr] n'a absolument pas changé».

Si les observateurs confirment ce «ressenti» de grenades lacrymogènes «plus intenses», ils mettent surtout en cause les techniques employées en l’occurrence par les forces de l'ordre. Selon Pierre Bernat, membre de la Ligue des droits de l'Homme (LDH) à Toulouse, cela s’explique par l'apparition dans l'arsenal des forces de l'ordre en 2016 du PGL-65, un lanceur multi-coups qui permet de tirer six munitions de 40 millimètres.

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«Avec le PGL-65, ils tirent comme avec le LBD, en tir tendu», explique Yann, représentant du collectif Désarmons-les. «Les palets ne tombent plus en rideau, mais de manière beaucoup plus rapprochée. Et toutes les grenades sont tirées en même temps. La concentration en gaz est beaucoup plus importante et l'air est plus saturé.»

Cette technique de tir produit des effets différents selon la topographie, soulignent les observateurs. «Dans les petites rues de Toulouse, le nuage est extrêmement dense et intense. Aujourd'hui, on peut se perdre dans les nuages de lacrymos, on n'y voit pas à trois mètres», explique encore Pascal Gassiot.

«Le problème est que certaines constructions ou des arbres peuvent empêcher les gaz de se dissiper par le haut», poursuit Pierre Bernat, pour qui «cela pourrait expliquer des effets plus forts». «C'est moins le cas à Paris, où les manifs se déroulent sur des grandes artères, mais on a quand même constaté ces effets sur les Champs-Élysées où énormément de grenades ont été tirées», riposte Yann.

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Or, le secret qui entoure la composition des grenades lacrymogènes ne permet pas de trancher le débat.

«Les grenades lacrymogènes ont été interdites en temps de guerre par la convention de Genève sur les armes chimiques, mais elles sont autorisées pour le maintien de l'ordre: c'est une aberration, selon André Picot, membre de l'Association toxicologie-chimie.

«On avait banalisé l'usage des lacrymos dans les manifestations. Même du côté des manifestants, cela faisait en quelque sorte partie du folklore. Aujourd'hui, l'utilisation des lacrymogènes est devenue très inquiétante», accuse Pascal Gassiot. «Ce n'est pas fait pour disperser les gens, c'est fait pour faire mal. Ça casse les gens sur place.»

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