Evacuation du siège d’Amazon: les journalistes empêchés d’informer?

© SputnikSiège d’Amazon occupé: les militants d’ANV COP 21 et les Gilets jaunes évacués
Siège d’Amazon occupé: les militants d’ANV COP 21 et les Gilets jaunes évacués - Sputnik Afrique
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Alors que plusieurs organisations écologistes occupaient le siège parisien d’Amazon, le 2 juillet, afin de protester contre l’ouverture de nouveaux entrepôts du géant américain, plusieurs journalistes, dont notre correspondante, ont été expulsés des lieux par les forces de l'ordre et empêchés de revenir sur place. Sputnik fait le point.

«Et ça continue... Si l’on ne comprend pas que ce qui se passe sous nos yeux est gravissime, alors ce pays court droit à la catastrophe...»

L’avocat Gilet jaune François Boulo a dégainé son clavier pour twitter son indignation suite à la diffusion d’une vidéo de l’agence Line Press. Elle montre le journaliste Rémy Buisine, qui officie pour Brut, empêché de s’approcher du siège français d’Amazon pour couvrir la fin de l’opération d’évacuation de militants écologistes qui s’étaient introduits dans l’établissement le 2 juillet.

​Ces derniers, composés notamment de membres d’ANV COP 21, des Amis de la Terre et de Gilets jaunes, protestaient contre l’ouverture de trois nouveaux entrepôts du géant américain à Brétigny-sur-Orge (Essonne), Augny (Moselle) et Lyon (Rhône). Mais que s’est-il passé?

​Dès 8h du matin, des dizaines de militants écologistes ont investi le siège d’Amazon situé à Clichy. Obstruant les entrées au site, ils ont bloqué l’entrée de nombreux salariés de la firme fondée par Jeff Bezos. Aux alentours de 16h30, des gendarmes mobiles sont intervenus pour évacuer les protestataires qui s’étaient regroupés à l’intérieur de l’établissement en s’enchaînant, pour certains, les uns aux autres.

​Plusieurs journalistes, dont notre correspondante, sont alors sur place, à l’extérieur du bâtiment et à proximité de la plupart des militants écologistes qui attendent d’être expulsés du site.

«Au début de l’évacuation, j’ai pu filmer tranquillement jusqu’à ce que les forces de l’ordre entourent les journalistes présents et nous demandent de quitter les lieux. J’ai alors décidé de sortir tranquillement quand j’ai vu Rémy Buisine repoussé assez brutalement par les gendarmes», explique notre correspondante.

Moi, ainsi que d’autres journalistes avons alors été mis de côté. Les forces de l’ordre nous ont demandé nos cartes de presse et des pièces d’identité avant de les prendre en photo. Mes confrères avaient des cartes de presse française, moi une étrangère. Ensuite, les gendarmes nous ont escortés vers l’entrée de métro la plus proche. J’étais notamment accompagné de Rémy Buisine, de Mathieu Jublin de LCI, d’un journaliste de Paris Match faisant un documentaire pour France 5 et d’Éric, de Radio Tongossa. Les forces de l’ordre refusaient de répondre à nos questions sur la légalité d’un tel procédé et se contentaient de nous repousser brusquement», poursuit-elle.

​Après avoir refusé de prendre le métro, les journalistes se sont alors mis en tête de retourner sur place afin de couvrir la fin de l’évacuation. Mais ils ont trouvé les gendarmes, postés à environ 200 mètres du siège d’Amazon, pour leur barrer la route. Malgré les protestations de plusieurs reporters, rien à faire. Les forces de l’ordre n’ont rien voulu savoir. Situation cocasse: des passants étaient autorisés à circuler.

«Les gendarmes nous bloquaient l’accès alors qu’il n’y avait aucun périmètre de sécurité et que des passants circulaient sans le moindre contrôle. Rémy Buisine et Matthieu Jublin ont demandé à plusieurs reprises de passer, mettant en avant leur profession de journaliste. Mais ils ont été repoussés avec force par les gendarmes. Environ une heure plus tard, l’évacuation des manifestants était terminée», raconte notre correspondante.

​Ce comportement des forces de l’ordre a interpellé plusieurs observateurs sur les réseaux sociaux. L’écrivain et documentariste David Dufresne, connu pour son travail sur les violences policières, s’en est ému sur Twitter.

​De même que la Société des journalistes de LCI qui a pris la défense de son journaliste Matthieu Jublin ainsi que de ses confrères, en soulignant qu’«informer n’est pas un délit».

​La chaîne d’information assure que l’un des journalistes présents sur place lors des événements a contacté la préfecture de police de Paris qui n’aurait «pas expliqué la raison pour laquelle seuls les journalistes ont été bloqués dans l’espace public entre 19h et 20h».

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