Un projet de décontamination de Notre-Dame recalé par le ministère de la Culture, selon Mediapart

© Sputnik . Anastasia PattsNotre-Dame de Paris
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Un projet de décontamination du plomb de Notre-Dame proposé par un bureau d’études spécialisé, qui prévoyait la protection des ouvriers du chantier et des riverains, a été rejeté par le ministère de la Culture, révèle Mediapart qui se réfère au témoignage de son auteur.

Suite à la contamination au plomb de la cathédrale Notre-Dame de Paris après l’incendie du 15 avril, un projet de décontamination, et de protection des ouvriers sur le chantier et des riverains, proposé par un bureau d’études spécialisé n’a pas été retenu par le ministère de la Culture, rapporte Mediapart, qui dévoile les témoignages de l’auteur du projet.

Un bureau d’études sollicité

Ce spécialiste de la prévention des risques et de la sécurité des chantiers, qui a souhaité garder l’anonymat, a été sollicité par le ministère dix jours après l’incendie.

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L’analyse du terrain a démontré qu’il «était nécessaire d’intervenir très rapidement pour mettre en œuvre des protections collectives, pour protéger non seulement les ouvriers, qui ne portaient pas les équipements de protection individuels d’usage contre les risques d’intoxication au plomb, mais également les riverains puisque le chantier n’était absolument pas confiné», indique un rapport rédigé par le bureau d’études, dont Mediapart a pris connaissance.

Une quantité importante de plomb

En outre, le risque d’effondrement de l’édifice, la présence de poussières de plomb «en quantités importantes et épaisses» et de déchets «du BTP vraisemblablement contaminés» a été mise en exergue dans le document. Comme le spécialiste le précise, «aucune installation ne remplissait les mesures de sécurité» à l’époque.

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Le bureau d’études a proposé de sécuriser et de confiner le bâtiment pour éviter le risque d’effondrement et de permettre aux ouvriers de dépolluer les lieux, zone par zone. Deux à trois mois étaient prévus pour cette étape, alors que le déplombage de l’ensemble du chantier devait durer jusqu’à la fin de l’année. L’idée principale était de protéger les gens qui pouvaient être en contact avec la cathédrale:

«Nous avons naturellement proposé de prendre en compte les rues et les immeubles avoisinants, exposés aux pollutions au plomb. L’idée était temporairement de mettre sous confinement étanche et résistant, sous cloche le chantier, à la fois à l’extérieur et à l’intérieur», a confié le spécialiste.

Des contrôleurs chargés du chantier, interrogés par le média, se sont exprimés en faveur de ce projet: «Cela aurait permis d’éviter une pollution continuelle sur le chantier et à l’extérieur» et de garantir «de meilleures conditions de travail», affirme l’un d’eux.

Des sas de décontamination hors service

Après que cette proposition n’a pas été retenue, des sas de décontamination ont été installés à l’intérieur de la cathédrale par le ministère de la Culture. Cependant, ils n’ont pas fonctionné pendant plusieurs mois, a annoncé Mediapart, revenant sur l’une de ses précédentes révélations.

Même si l’alerte sur les risques d’intoxication au plomb pour les employés a été lancée le 6 mai par l’inspection du travail, le chantier n’a finalement été suspendu que deux mois et demi plus tard, le 25 juillet, par le préfet d’Île-de-France. Les travaux ont redémarré le 19 août, tandis que «de nouvelles installations seront mises en place cet automne pour passer au régime indispensable au chantier».

«Un déni inacceptable du risque»

«Lorsqu’on apprend qu’une dépollution du site était possible et que ça a été refusé par le ministère, c’est un déni inacceptable du risque que représente le plomb», fustige Annie Thébaud-Mony, directrice de recherche honoraire à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), citée par Mediapart.

Elle a parlé des avantages que ce projet représentait: «Le premier est de limiter la pollution dans l’environnement de la cathédrale, en protégeant ainsi les riverains et les ouvriers et le deuxième est de garantir une meilleure organisation du travail sur le chantier, préservant la santé des salariés».

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