Après l’attentat de Halle, «la crainte est toujours présente» au sein des communautés juives d’Europe

© REUTERS / FABRIZIO BENSCHUn homme portant un drapeau israélien à côté d'un véhicule de police près de la synagogue de Halle
Un homme portant un drapeau israélien à côté d'un véhicule de police près de la synagogue de Halle - Sputnik Afrique
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Suite à l’attentat antisémite de Halle, en Allemagne, qui a coûté la vie à deux personnes, les communautés juives d’Europe se préoccupent de leur sécurité. Sputnik France revient sur l’origine de ces inquiétudes et les efforts entrepris par les autorités pour les tempérer.

L’émotion est encore vive en Allemagne, et en Europe, suite à l’attentat antisémite perpétré à Halle ce mercredi 9 octobre, durant la fête de Yom Kippour, jour le plus sacré du calendrier juif. Le pire a pourtant été évité, car le tueur n’a pas réussi à forcer les portes de la synagogue qu’il prenait pour cible. Il s’en est alors pris à un restaurant turc de kebabs et à des passants qu’il a ciblés avec une grenade et des tirs à vue, qui ont fait deux victimes.

L’auteur des faits avait, selon l’observatoire du terrorisme SITE et le quotidien allemand Die Welt, publié un manifeste antisémite dans lequel il mentionnait clairement le projet d’attaque contre la synagogue de Halle. Selon ces mêmes sources, le document montre «des photos des armes et des munitions utilisées» et affiche clairement la volonté de «tuer autant d’antiblancs que possible, de préférence des juifs». Un attentat qui a laissé la communauté juive sous le choc. Les instances communautaires allemandes reprochent d’ailleurs aux autorités leur manque de protection face à la menace qui pèse contre eux.

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Le tueur de Halle a diffusé un manifeste détaillé avant l’attaque

«Je ne comprends pas du tout que la synagogue de Halle n’ait eu aucune protection policière lors de la plus importante journée juive de célébration», a critiqué Josef Schuster, président du Conseil central des juifs d’Allemagne.

Cet acte a largement participé à cristalliser les peurs d’une communauté vivant déjà auparavant dans l’angoisse d’attentats djihadistes ou néonazis. En 2018, les attaques antisémites ont triplé dans la seule capitale, Berlin, avec en cause une montée des extrêmes tant dans la société civile que dans sa représentation politique.

«Nous avons peur. J’ai reçu hier déjà de nombreux messages de personnes qui m’ont dit qu’elles ne viendraient pas parce qu’elles avaient peur. Cela doit changer!», explique Gesa Ederberg, rabbin de la nouvelle synagogue de Berlin.

En effet, dans la plupart des grandes métropoles européennes, qui regroupent les plus importantes concentrations de personnes de confession juive, la tendance est généralement à la hausse en ce qui concerne les actes antisémites.

Ce sentiment d’insécurité n’est pas isolé en Europe. Celui-ci est en effet partagé dans tous les pays européens où vit une importante communauté juive. Contacté par Sputnik France, le président de l’UEJB (union des étudiants juifs de Belgique), Sacha Guttman confirme:

«Ce qui donne une dimension majeure à cet attentat, c’est qu’il soulève la question de la sécurité des lieux de cultes juifs. En Europe occidentale, sommes-nous protégés par nos États ou pas? En Belgique, il y a une présence relativement importante, mais en Allemagne il n’y avait quasiment pas de sécurité… La crainte est toujours présente, mais elle est généralement atténuée par la présence sécuritaire. Malheureusement, cet attentat remet cela en question, surtout dans le cas où les lieux de cultes sont moins protégés…»
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Après l’attentat de Halle, le ministre de l’Intérieur appelle à «faire face à la vérité»

Même son de cloche en France du côté des institutions représentatives de la communauté juive française. Dans son communiqué paru après l’attentat de Halle, le CRIF (conseil représentatif des institutions juives de France) exhorte les pays européens à plus de vigilance:

«Cet attentat doit interpeller les pays européens sur la violence et parfois les dérives terroristes de groupuscules antisémites, racistes et xénophobes. Le CRIF demande à chaque pays européen des mesures vigoureuses pour éradiquer la peste brune qui menace nos démocraties.»

Plusieurs associations se sont rassemblées devant l’ambassade d’Allemagne en France jeudi 10 octobre à 18 h, afin de rendre hommage aux victimes et de sensibiliser à la nécessité d’une sécurité accrue.

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