Sur fond de polémique, l’Université de Cergy-Pontoise a présenté ses excuses pour la publication d’un formulaire adressé à ses personnels visant à détecter des «signaux faibles de radicalisation».
C’est un professeur de l’établissement qui a mis le feu aux poudres le jour même de la diffusion du formulaire après l’avoir reçu. Clément Carbonnier a dénoncé sur Twitter un email envoyé par la direction à près de 1.800 membres du personnel qui vise à détecter les signes d’une radicalisation.
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— Clément Carbonnier (@Carbonnier_Eco) October 14, 2019
apparition du port d'un voile
arrêt de consommation de boissons alcoolisées
arrêt soudain de consommation de nourriture à base de porc
consommation récente de produits hallal
arrêt de faire la fête
intérêt soudain pour l'actualité nationale et internationale
j'ai honte!
Selon M.Carbonnier, les «signaux faibles d’une radicalisation» comprennent: l’absentéisme récurrent aux heures de prière (le vendredi), le port d'une djellaba, le port d’une barbe sans moustache, l’apparition du port du voile, l’arrêt de la consommation de boissons alcoolisées, l’arrêt soudain de la consommation de nourriture à base de porc, la consommation récente de produits hallal, ne plus faire la fête, l’intérêt soudain pour l'actualité nationale et internationale.
«Mon premier réflexe a été d'écrire un tweet pour expurger ma colère, dans l'espoir de faire réagir les collègues», a expliqué à l'AFP le professeur. «C'est totalement aberrant, j'ai honte.»
D’autres messages révélateurs ont suivi la dénonciation de M.Carbonnier:
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— lamri f. (@lamri213) October 14, 2019
DELATION : l'université de Cergy demande aux professeurs de dénoncer les étudiants présentant des "signaux faibles"... Un formulaire leur a été envoyé selon Clément Carbonnier, professeur invité de l'université, et Renaud Epstein, maître de conférence : pic.twitter.com/AOSBXxNnKt
Je viens de recevoir une "Fiche de remontée de signaux faible" dont je tairais, par mansuétude, l'origine.
— renaud epstein (@renaud_epstein) October 14, 2019
La liste des "signaux faibles" qui y figure est sidérante. Si je devais l'utiliser pour une auto-analyse, j'aurais de bonnes chances de gagner un voyage gratuit à Guantanamo
Le message en question a été envoyé par le fonctionnaire chargé de la sécurité et de la défense qui «a visiblement pris lui-même l’initiative suite à la tuerie de la préfecture de police», a expliqué au Parisien le président de l’Université François Germinet.
«Le premier était extrêmement maladroit. Notre intention n'était pas de stigmatiser une communauté. Notre établissement a toujours prôné la diversité. Quand un débat national s'ouvre sur le voile à l'Université, je suis le premier à monter au créneau pour demander de nous laisser tranquilles!», a-t-il déclaré.
Suite à la fuite du document, l’Université de Cergy-Pontoise a publié un communiqué annonçant le retrait de ce formulaire «diffusé en interne […] dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et la prévention des phénomènes de radicalisation» et disant «regretter vivement d'avoir pu heurter ou choquer [...] par une formulation inappropriée et source d'incompréhension».
RECTIFICATIF pic.twitter.com/vjhx73nrJi
— Univ Cergy-Pontoise (@UniversiteCergy) October 14, 2019
Attaque au couteau contre la préfecture de Paris
L’envoi de ce fichier fait suite à l’attaque à la préfecture de police de Paris et au discours du Président de la République qui a appelé à la «solidarité nationale» pour combattre «l’hydre islamiste».
Après avoir constaté certains signes de radicalisation chez le meurtrier après sa conversion à l’islam, les enquêteurs estiment qu’il pourrait s’agir d’une éventuelle attaque djihadiste et l’affaire a été remise au parquet national antiterroriste.