Port du voile: un rabbin dénonce un «dialogue de sourds» en France

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Tandis que «les uns dénoncent l’islamisation galopante de la société» et les autres une «hystérisation» de la polémique sur le port du voile, un rabbin du Mouvement juif libéral de France a appelé à un débat apaisé.

Dans une tribune sur le HuffPost, Yann Boissière, rabbin du MJLF (Mouvement juif libéral de France) et président de l'association Les Voix de la paix, a regretté un «dialogue de sourds» dans les débats sur le port du voile qui bouleversent actuellement la France.

«Quand les uns dénoncent l’islamisation galopante de la société à la vue du moindre centimètre carré de voile dans l’espace public, les autres brandissent la bannière de l’indignation face à ce qui serait une "hystérisation" du débat, une "islamophobie" consubstantielle à la société française», écrit-il.

Il qualifie les discussions actuelles de «formidable dialogue de sourds, inutile parce que personne ne s’écoute», et de «vaines» parce «qu’aucune idée, finalement, ne fait mieux que la précision de la loi, que la plupart jouent à ignorer, ou que le simple bon sens.»

Le rabbin évoque également les propos polémiques de l’éditorialiste du Figaro Yves Thréard. Invité à débattre sur le port du voile dans l'espace public sur LCI, le directeur adjoint de la rédaction du quotidien a déclaré: «Je déteste la religion musulmane […]. On a le droit de détester une religion, on tout à fait le droit de le dire.»

«Nous voici terrassés par cette rhétorique à l’emporte-pièce si caractéristique des réseaux sociaux dont le seul pouvoir est d’aplatir, d’abêtir le débat par le prisme "j’aime/j’aime pas". Pas vraiment une conquête de l’esprit…», commente le président de l’association juive.

Le rabbin appelle «les amateurs de simplifications» à reconnaître et à tenir compte du fait qu’il existe diverses manières de porter le voile: comme un acte revendicatif, «vecteur d’une culture identitaire agressive, défiante à l’égard de la société française» ou par tradition, «pas nécessairement religieuse d’ailleurs, mais par culture traditionnelle.»

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L’auteur exprime son désir de voir disparaître certains termes employés dans ces débats: «"signaux faibles" (de la radicalisation – un signe "signifie" pleinement ou il ne "signifie pas", non?), "communautarisme" (massue lexicale, qui pour traiter d’un problème localisé, frappe d’anathème toutes les autres "communautés"), et enfin, la star du vocabulaire de l’info continue: l’ineffable "stigmatiser", dont l’effluve christique ne semble en rien débouter les ardeurs indignées des tenants d’une laïcité extrême».

Polémique sur l'islamophobie

La question de la situation des musulmans fait polémique actuellement en France.

À la suite d’un débat enflammé né de la demande de Julien Odoul à une accompagnatrice d’élèves de retirer son voile, 90 personnalités ont signé une tribune adressée au Président français, publiée dans Le Monde, pour lui demander de condamner cet acte et de dénoncer la haine contre les musulmans.

En outre, une centaine d’élus locaux ont alerté dans une tribune dans le JDD contre le risque de créer une «société de la suspicion», «à trop pointer du doigt une communauté de croyants», les musulmans, et donc de diviser la société.

Le militant valentinois Hakim Madi est poursuivi en justice par le préfet de la Drôme pour des propos tenus sur Facebook dans lesquels il accuse le gouvernement d'entretenir un «climat islamophobe et raciste» et de mener une «politique de chasse aux musulmans». 

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