«Opération Hôtel»: comment les USA ont truffé de micros une ambassade étrangère pour traquer Assange

© AP Photo / Matt DunhamJulian Assange
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Mediapart affirme avoir eu accès aux éléments recueillis par la justice espagnole sur l’espionnage de Julian Assange par la société UC Global pour le compte des services américains à l’ambassade d’Équateur à Londres. Les détails du dispositif de surveillance, baptisé «opération Hôtel», ont été dévoilés par trois anciens salariés de l’entreprise.

Mediapart a pu consulter une partie des éléments recueillis par la justice espagnole auprès de trois anciens salariés de la société UC (Undercover) Global qui auraient secrètement, à partir de la fin de l’année 2017, espionné Julian Assange, ainsi que ses proches et défenseurs pour le compte des services américains.

Leurs témoignages retracent l’histoire des relations entre UC Global et les services américains ainsi que celle de l’«opération Hôtel», nom donné en interne au dispositif de surveillance déployé autour de Julian Assange à partir de décembre 2017.

Le site d’information indépendant indique que la société UC Global fondée par un ancien militaire espagnol du nom de David Morales a connu une existence modeste jusqu’en 2015, année durant laquelle elle a signé un contrat avec l’ambassade équatorienne à Londres.

La même année, lors d’un salon spécialisé sur la sécurité à Las Vegas, David Morales a reçu la proposition de travailler avec les services de renseignement américains en leur envoyant des informations sur Julian Assange et ses soutiens.

Mise en place de l’«opération Hôtel»

Les documents consultés par le média indiquent que ces activités se sont intensifiées après l’élection de Donald Trump en novembre 2016. L’«opération Hôtel» a été mise en place en référence à l’ambassade, Julian Assange étant désigné dans les échanges comme «le client».

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Dans le cadre de cette opération en 2017, les caméras de surveillance en place qui ne permettaient pas de captation sonore ont été remplacées.

Des micros ont été installés sur un extincteur situé juste à côté de la chaise où Julian Assange avait l’habitude de s’asseoir, ainsi que dans les toilettes pour dames, la seule pièce que le fondateur de WikiLeaks pensait protégée et où il se réfugiait pour ses discussions les plus sensibles.

Installation de micros sophistiqués

En mars 2018, David Morales a fait installer des filtres sonores permettant d’atténuer les effets du générateur de bruit blanc, un appareil qui permettait à Julian Assange de perturber les enregistrements sonores. Un système de «microphone laser» a été déployé afin de pouvoir écouter une conversation à travers une fenêtre grâce à un laser mesurant les vibrations de la vitre.

Outre Julian Assange, les cibles prioritaires étaient également la journaliste Sarah Harrison, proche collaboratrice de Julian Assange, Jennifer Robinson, son avocate anglaise, Baltasar Garzón, son avocat espagnol, ou encore Renata Ávila, militante guatémaltèque et membre de son équipe de défense.

Selon Mediapart, David Morales a même demandé à ses employés de récupérer une couche d’un bébé rendant régulièrement visite à Julian Assange avec sa mère afin d’analyser ses selles et déterminer s’il pouvait être son enfant.

Cependant plusieurs collaborateurs ont décidé de dénoncer ses agissements quand ils se sont rendus compte que David Morales vendait toutes ces informations aux États-Unis.

Comparution devant la justice britannique dès février

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À la suite de son arrestation le 11 avril 2019 à l’ambassade d’Équateur à Londres, où il s’était réfugié en 2012 alors qu’il était en liberté sous caution, Julian Assange a été écroué à la prison de haute sécurité de Belmarsh à Londres pour violation des termes de sa liberté conditionnelle.

À partir du mois de février, il comparaîtra devant la justice britannique qui doit trancher sur la demande d’extradition déposée par les États-Unis.

La justice américaine souhaite juger l’Australien de 48 ans pour son travail de rédacteur en chef de WikiLeaks et la publication en 2010 des documents fournis par Chelsea Manning.

Le 23 mai 2017, le département de la justice a dévoilé les 17 charges retenues contre lui, dont la violation de l’Espionage Act. Il risque au total 175 années de prison.

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