Sortie du confinement: pourrons-nous bientôt ressortir normalement?

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Comment et quand le déconfinement aura-t-il lieu? Hier, Édouard Philippe a avancé qu’il aurait lieu selon la région, l’âge et la disponibilité des tests. Voulant paraître à la fois prudent et rassurant, le Premier ministre n’a pas été en mesure d’en dire davantage. En effet, la date de pic de l’épidémie –et donc de sa décrue– n’est pas claire.

Le pic de l’épidémie, c’est à la fois l’épreuve de force et le début de la fin. L’Île-de-France, région la plus touchée, vit avec cet espoir: ce pic aura lieu aux alentours du 6 avril, selon un document de l’Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP) regroupant 39 hôpitaux, datant du 31 mars et consulté par Le Parisien.

Les chiffres, qui ont atteint 6.507 décès au soir du 3 avril, cesseraient donc de grimper exponentiellement d’ici quelques jours. Une bouffée d’oxygène, alors que les 2.700 lits de réanimation de la région parisienne sont près d’être occupés, avec 2.327 patients. Selon l’AP-HP, deux scénarios sont étudiés: les chiffres se stabiliseraient entre le 6 et le 11 avril, ce qu’on appelle un «effet plateau», avant de commencer à baisser vers le 16 avril.

Épidémie: est-ce bientôt début de la fin?

Selon la deuxième option, plus pessimiste, mais plus proche des chiffres italiens, ce plateau pourrait durer une dizaine de jours. La pression serait donc maintenue sur les services hospitaliers et le personnel soignant. Dans le Grand-Est, le pic est attendu entre le 15 et le 25 avril. Mais dès à présent, on constate une baisse des appels au Samu et d’arrivées aux urgences.

Pour autant, la prudence reste de mise. Le gouvernement n’a toujours pas donné d’estimation. Selon Valeurs actuelles se référant à des sources médicales proches de l'exécutif, ce dernier tablerait sur le 19 avril à échelle nationale, avec une arrivée à saturation des services d’urgence le 8 avril.

Déconfinement: quand et comment? Le grand flou

Édouard Philippe a évoqué mercredi dernier, devant la mission d’information de l’Assemblée nationale, qu’un «déconfinement général et absolu, en une fois, partout et pour tout le monde» était peu probable. Si le confinement est prévu jusqu’au 15 avril, «le déconfinement n’est pas pour demain matin» a-t-il déclaré jeudi sur TF1, avant de préciser: «au moins jusqu’au 15 avril, et probablement plus longtemps»… Tout est dans la probabilité: l’hypothèse du mois de mai est donc pour l’heure la plus crédible.

La question des scénarios de déconfinement est à n’en pas douter épineuse:

«Nous avons demandé à plusieurs équipes de travailler sur cette question en étudiant l’opportunité, la faisabilité d’un déconfinement qui serait régionalisé, qui serait sujet à une politique de tests, en fonction, qui sait, de classes d’âge», a avancé le Premier ministre.

Les variables sont donc nombreuses: la région, les classes d’âge, la faisabilité des tests. À cela s’ajoutent les risques de l’irrespect du confinement: «le virus n’est pas en vacances» a souligné le Premier ministre, craignant des départs en vacances pour Pâques. L’inquiétude de voir les foyers d’épidémie se déplacer vers l’Ouest de l’Hexagone, jusqu’ici moins touché, ne peut être écartée: «si nos concitoyens font ça, ils propageront le virus et nous nous trouverons dans une situation encore plus difficile.» 60.000 gendarmes et policiers sont d’ailleurs mobilisés ce week-end pour renforcer les contrôles routiers.

Selon l’Imperial College de Londres, qui avait publié plus tôt au mois de mars l’étude épidémiologique qui aurait convaincu le gouvernement de procéder au confinement généralisé, cette mesure extraordinaire aurait pour l’heure permis de sauver 2.500 personnes en France (et 38.000 en Italie). Le pic aura donc été à la fois retardé et aplani, suivant l’effet recherché pour préserver les services hospitaliers:

​Pour autant, le déconfinement ne peut être pris à la légère: la résurgence du virus en cas de retour précipité à la normale (notamment via les porteurs asymptomatiques, ce qui jouera contre la réouverture de l'espace Schengen) a d’ailleurs été évoquée par l’épidémiologiste Neil Ferguson de l’Imperial College de Londres: «le nombre d’infections recommencera à croître, ce qui mènera à un pic épidémique plus tard dans l’année». En d’autres termes, le gouvernement pourrait être contraint de rétablir un confinement à moyen terme:

© Photo Extrait de l'étude de l'Imperial CollegeSource : Imperial College COVID-19 Response Team, 30 mars 2020.
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Source : Imperial College COVID-19 Response Team, 30 mars 2020.

Et si le confinement semble avoir fonctionné, il a aussi eu des effets regrettables: seuls 3% de la population française aurait été contaminée à l’heure actuelle, ce qui signifierait que le nombre d’immunisés est encore minime. L’inconnue est considérable, et en l’absence de vaccin (12 à 18 mois sont encore nécessaires), il n’existe qu’un moyen d’obtenir une réponse: les tests.

Les tests sérologiques: pour le mois de juin?

«Le vrai sujet, c’est les tests sérologiques» a déclaré Édouard Philippe. Il est ici question d’un dépistage massif par prélèvement sanguin et à échelle nationale. Jusqu’à présent, leur nombre a été dérisoire, environ 30.000 par jour. Or, sans test, toute décision politique est basée sur des hypothèses. En d’autres termes, en naviguant à vue. Mais les tests sérologiques ne seront disponibles que d’ici «les prochaines semaines», selon Olivier Véran, ministre de la Santé. Un calendrier pour le moins vague.

Les «tests rapides», donnant des résultats en quelques minutes, qui devraient être produits au nombre de 100.000 par jour, ne seront disponibles qu’au mois de juin. L’arrivée des grands industriels sur le marché, ceux qui produisent par exemple les tests contre le VIH, est attendue avec impatience.

Pour l’heure, l’un des tests est en cours de fabrication par une PME bretonne, NG Biotech. Son test de diagnostic rapide et in vitro, à partir du sang, nommé «NG Test IgM-IgG Covid-19», permet de détecter les anticorps produits en réponse à une infection dans une goutte de sang en 15 minutes seulement. Comme pour un test de grossesse, le résultat est révélé par une bande colorée. 2 millions de tests devraient être produits par l’entreprise par mois d’ici le mois de juillet, pour un prix unitaire de 10 à 15 euros.

Pourra-t-on bientôt savoir qui est immunisé?

Un test positif signifierait que la personne a développé les anticorps nécessaires pour être immunisée contre le coronavirus. «Si vous êtes positif, vous n’êtes pas à risque d’attraper la maladie et de la transmettre», a déclaré le docteur Jimmy Mohammed pour Europe1, proposant au passage «un dispositif de “laissez-passer” pour ces personnes, qui pourraient sortir et reprendre le travail.» Un test positif pourrait donc être une sorte de sésame pour les chanceux. Une idée avancée par un épidémiologiste allemand, Gerard Krause.

À cela peuvent s’ajouter les nouvelles technologies. En Chine, un «code QR» est utilisé sur les téléphones portables: vert pour ceux qui peuvent sortir, orange pour les personnes à risque interdites de sortie, rouge pour les plus malades. Une stratégie numérique d’identification a été utilisée en Corée, où les dépistages ont été massifs, permettant de tracer les déplacements et les contacts de chaque cas potentiel.

Mais nous n’en sommes pas là en Europe. Et malgré tout, les incertitudes sont nombreuses. Entre autres, la saisonnalité du virus, que l’on pouvait croire au départ virulent en hiver, n’est pas encore avérée: sa propagation en Afrique est venue contredire cette hypothèse.

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