Terrasses éphémères à Paris: bruit nuit et jour, chez les riverains, la grogne monte – vidéo

© Photo Patrick Broders. Vivre le MaraisLe bruit à 70dB jusqu’à 02h du matin est un gêne reccurant nocture sur la Place Sainte-Catherine, dans le Marais
Le bruit à 70dB jusqu’à 02h du matin est un gêne reccurant nocture sur la Place Sainte-Catherine, dans le Marais - Sputnik Afrique
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Une vingtaine de collectifs des Parisiens, excédés par une cohabitation difficile avec des terrasses provisoires autorisées par la mairie dans l’espace public et par le bruit nocturne, en témoignent quotidiennement sur les réseaux sociaux. Reportage de Sputnik place du Marché Sainte-Catherine, en plein centre de Paris.
«Cette place fait caisse de résonnance. Désormais, il y a 250 couverts place du Marché Sainte-Catherine. On est à plus de 70 dB, d’après les micros posés par Bruitparif: on ne peut plus ouvrir les fenêtres», s’indigne Hassan, qui habite ici depuis sept ans, au micro de Sputnik.

Les Parisiens et les touristes connaissent bien cette petite place piétonne intimiste, près de la royale place des Vosges. Mais la cohabitation de la vie nocturne du Paris-qui-ne-dort-jamais avec la vie des simples riverains est délicate.

Suite à l’annonce du prolongement de «l’expérimentation de la mairie» –l’élargissement des terrasses jusqu’en juin 2021–, les habitants du quartier attendent avec appréhension l’année à venir.

«Restaurant» à ciel ouvert

«Le respect de la qualité de vie des habitants» est l’un des objectifs-phares de l’association «Vivre le Marais!», qui mène un combat quotidien contre les nuisances en tout genre dans le quartier. Et, depuis le déconfinement, cette liste s’allonge.

«Depuis l’après-confinement, l’extension des terrasses s’agrandit petit à petit, pour arriver à une confiscation complète de la place du Marché Sainte-Catherine», précise Hassan à Sputnik.

Les huit restaurants qui disposent de terrasses sur la place ont commencé «à grignoter petit à petit l’espace», pour finir par une «occupation totale» de celle-ci et sa transformation en une sorte de restaurant à ciel ouvert.

La mairie, entre sourde-oreille et silence radio?

Le tout dans le respect de la «charte Covid» imposée par la mairie pour les terrasses provisoires.

«On a fait plusieurs signalements par l’application dédiée de la mairie de Paris, puis par mail. Souvent, ça reste sans réponse ou les réponses arrivent tardivement. On a eu également des réponses dans le genre “habitant au centre de Paris, vous saviez à quoi vous attendre”», raconte Hassan.

Une extension provisoire d'une terrasse d'un restaurant dans l'espace public, Paris  - Sputnik Afrique
Extension de terrasses: «Il s’agit du clientélisme entre la Mairie de Paris et le lobby des bars»
Ces dernières années, les riverains se sont mobilisés pour placer des «croix de Saint-André», les fameuses barrières délimitant l’espace des terrasses face à chaque bar ou restaurant, ce qui permettait de «contrôler» le bruit. Mais, d’après le riverain témoin, tout cela «a été perdu avec l’arrivée de l’initiative de la mairie.»

«Les nuisances [sonores, ndlr] commencent très tôt, à 6 heures du matin, malgré l’autorisation d’étendre les terrasses à partir de 8 heures», déplore Hassan.

Sauf, que le jour même de notre reportage, les choses ont eu l’air de bouger: l’association a reçu une réponse du maire de Paris-centre (Ier au IVe arrondissement), Ariel Weil. L’élu a répondu aux nombreuses plaintes des riverains de la place: il vient d’enjoindre aux bars-restaurants de «respecter les conditions imposées par la “charte Covid” qu’ils ont accepté de signer pour bénéficier des avantages qu’elle leur offrait». Et même si la question du chauffage des terrasses, parfaitement anti-écologique, est repoussée –elle aussi– à 2021, les restaurateurs la critiquent dans son essence.

«Les immeubles sont vieux, datent des années 1800, le bruit se propage très facilement à l’intérieur. Et le rangement des terrasses, vers 2h du matin, réveille tout le monde. On veut juste que l’on respecte la règlementation et on veut pouvoir cohabiter avec eux», conclut Hassan.

La place, jadis un petit havre de paix, lieu de promenade pour les enfants, est la proie d’une «mono-activité» que regrettent les riverains: plus de fleuriste, plus d’étudiants en pause, plus de possibilité de s’assoir sur un banc public, «puisque les tables sont à 50 cm.»

​Et le télétravail, auquel sont astreints de nombreux riverains, est particulièrement pénible, puisque les habitants du quartier sont obligés de se cloîtrer chez eux pour ne pas subir les nuisances des cafés.

«On est entièrement à la merci des restaurateurs!» conclut Hassan, amer.
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