La mosquée d’Angers bientôt sous tutelle du Maroc? «Une pure folie, un abandon de territoire!», réagit Gilbert Collard

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La mosquée d’Angers, en travaux, pourrait être cédée à titre gracieux au Royaume du Maroc. Un évènement qui dénoterait à une semaine du discours d’Emmanuel Macron sur la lutte contre le séparatisme religieux, affirme auprès de Sputnik l’eurodéputé RN Gilbert Collard. La décision de l’association des musulmans d’Angers est attendue dans la journée.

La Mosquée d’Angers ainsi que ses environs seront-ils cédés «à titre gracieux» au ministère des Habous et des Affaires islamiques du Royaume du Maroc? Telle est la question à laquelle répondront ce 25 septembre les membres de l’association des musulmans d’Angers (AMA) qui se réunissent en assemblée générale extraordinaire.

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Débutés en 2014 sur les Hauts-de-Saint-Aubin, les travaux financés avec l’argent des fidèles sont à l’arrêt. Le chiffrage du projet, qui comprend également la construction d’un centre culturel, avoisine les quatre millions d’euros. Dans l’ancienne cité médiévale de la dynastie Plantagenêt, le sort de la mosquée Abou-Bakr-Essedik divise, inquiète. L’imam sera-t-il marocain? Dans quelle langue seront les prêches? Qui aura la gestion –à perpétuité– des lieux? Autant de questions posées au maire de la commune, Christophe Béchu, relate Ouest-France. L’édile a tenu à préciser qu’aucun denier public n’était engagé dans ce projet.

Une mosquée française cédée au Maroc? «un très mauvais signe»

Céder cet édifice religieux serait «un très mauvais signe», réagit auprès de Sputnik l’eurodéputé Identité et démocratie (ID) Gilbert Collard, qui a été l’un des premiers à s’attaquer à cette possible décision sur les réseaux sociaux. Un problème d’autant plus inquiétant, selon lui, au regard du discours sur la lutte contre le «séparatisme», notamment religieux, que tient depuis plusieurs mois le chef de l’exécutif.

«Le fait de céder quasiment à titre gratuit un espace religieux dont on ne sait pas vers quelle version de la religion il se dirigera est une pure folie, un abandon de territoire. Au moment même où on parle de lutter contre le séparatisme, qui est en réalité le masque langagier du communautarisme et de l’extrémisme, c’est une reculade!», assène l’élu du Parlement européen, qui estime que la France «se donne à l’encan».

Bien qu’il salue la lutte du Royaume chérifien, qui entend endiguer la montée du salafisme au sein de sa jeunesse, contre l’islam radical, Gilbert Collard estime primordial de ne pas laisser une puissance étrangère ériger une «forteresse religieuse» sur le territoire national, s’en prenant durement au passage aux services de renseignement français:

«Nos imbéciles de services feraient bien de s’inspirer de ce que le roi du Maroc veut imposer. Mais on ne sait jamais entre les mains de qui une mosquée peut tomber. L’entrisme, cela existe, la neutralisation, cela existe, la capacité à phagocyter, cela existe et on l’a vu. On prend un risque, on ne sait jamais qui monte à bord et qui navigue.»

La lutte contre le séparatisme, c’est justement le thème sur lequel doit se prononcer Emmanuel Macron le 2 octobre. Ce discours présidentiel est d’autant plus attendu qu’il a été reporté, mais les plus impatients risquent fort d’être déçus.

Vers un concordat avec l’islam?

En effet, si Jean Castex a promis un projet de loi à l’automne lors de son discours de politique générale mi-juillet, le texte serait plutôt à attendre avant fin… 2021. L’exécutif a décidé de ménager tout le monde sur un sujet jugé particulièrement épineux, ou trop «politique».

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Des travaux gouvernementaux tâtonnants, dont Europe1 dévoile cette semaine les «premières pistes». Parmi elles, une «batterie de mesures» qui porteraient sur le renforcement de la «neutralité religieuse des agents de la fonction publique» et de la surveillance des associations, ou encore vers une modification du «volet financement de la loi 1905», afin de permettre la création «de nouveaux circuits financiers transparents». En somme, le gouvernement pourrait remettre sur la table le projet de créer un concordat avec l’Islam. Cette option constituerait-elle une solution pour trancher le nœud gordien qu’est le financement des lieux de culte musulmans en France?

«Pour qu’il y ait concordat, il faut qu’il y ait concorde» bat en brèche Gilbert Collard.

L’avocat tient à souligner la multitude de divisions et de courants qui traversent l’Islam et participent à son singularisme. Autre dossier qui pourrait être mis à mal par cette cession de la mosquée d’Angers, la volonté de Paris de sortir d’ici 2024 du système de «l’Islam consulaire»– qui continue d’offrir au Maroc, à l’Algérie ou encore à la Turquie une emprise sur les musulmans dans l’Hexagone. Un système qui par les imams détachés. En 2015, Paris et Rabat avaient renforcé leur partenariat en la matière, afin de pallier la carence française en matière d’imams.

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