Sur fond d’annonces de préparation d’une campagne de vaccination massive en France en 2021, le professeur Bernard Bégaud a évoqué dans un entretien au Parisien les pièges que le gouvernement devra éviter pour réussir.
Alors que de nombreux vaccins montrent une efficacité supérieure à 90%, l’ancien président de la commission sur les essais cliniques à l’Agence du médicament (1994-2008) a pointé le risque «d’avoir d’un côté des laboratoires omniprésents sur le devant de la scène» et de l’autre «une montée en puissance des anti-vaccins et des complotistes sur les réseaux sociaux, sans parole publique au milieu».
Lutter contre le mouvement des anti-vaccins
Comme la France «est le pays du monde où la défiance vaccinale est la plus forte» par rapport aux autres pays, le gouvernement devra «jouer son va-tout»:
«Soit tout se passe bien et c’est une réussite historique, soit il n’anticipe pas et on risque le crash», a-t-il expliqué.
Afin de réussir, «le gouvernement doit consulter les experts, les sociologues, les médecins généralistes et pas seulement ses conseillers, au risque d'aller droit dans le mur», selon lui.
Bernard Bégaud a également mis en garde contre la répétition de l’erreur faite sur les masques et celle sur la vaccination anti-H1N1 en 2009 «qui a entamé la confiance des Français».
Selon lui, «une des pistes, comme cela a été fait en 2016 [pour repenser la politique vaccinale, ndlr], est d'instaurer dès maintenant une concertation citoyenne représentative de la diversité française. Il est très important d'impliquer les citoyens».
Appel à la prudence
Suite aux annonces de l’efficacité à 90% du vaccin de Pfizer, la France a réservé 90 millions de doses de vaccins pour permettre à 35 millions de Français, plus de la moitié de la population, de se faire inoculer.
Cependant, le professeur a appelé à la prudence en prenant en compte l’absence de données essentielles sur la tolérance de la molécule.
Enfin, une question logistique se pose, car le vaccin de Pfizer doit être conservé à moins de 70 degrés, une température nécessitant de congélateurs spécifiques que la France devra acquérir.