L’hôtellerie parisienne haut de gamme ne peut plus se payer le luxe d’exister à l’ancienne – vidéo

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Entre l’absence de clientèle internationale et un secteur de l’événementiel à l’arrêt, l’hôtellerie de luxe parisienne souffre. La menace de licenciements et de fermetures s’accroît encore avec l’avancement de l’heure du couvre-feu national à 18 heures. Les propriétaires d’hôtels rivalisent d’inventivité pour rester à flot. Reportage.

Paris est délaissé par les touristes. Alors que l’hôtellerie de bord de mer, de campagne ou de montagne a plutôt bien tiré son épingle du jeu cet été, pour l’hôtellerie parisienne haut de gamme, la situation n’a fait qu’empirer en termes de fréquentation, au gré des confinements et des couvre-feux. Certains établissements ont fermé, d’autres misent sur l’ingéniosité et l’enthousiasme de leur personnel. Emmanuel Sauvage, directeur général du groupe Evok Hôtels, tire un bilan moral de cette période au micro de Sputnik:

«Pour moi, cette année 2020 a été extrêmement complexe, mais je pense avoir tellement appris, avoir progressé, avoir une meilleure gestion, j’ai essayé de trouver des solutions.»

Pourtant, le bilan financier du groupe n’est pas aussi satisfaisant. Quatre hôtels de luxe –le, le Nolinski, le Sinner et le Cour des Vosges– misaient en 2020 sur 45 millions d’euros du chiffre d’affaires. Ils en auraient réalisé seulement 17. Il faut pourtant plus d’épreuves pour dissuader le dynamique directeur, qui admet pouvoir «trouver des idées toutes les 10 minutes».

«Le chef d’entreprise a une mission. La mission de l’entrepreneur est d’embaucher. Mais il a aussi une mission de sauvegarde. On a réduit la voilure pour sauvegarder l’entreprise et pouvoir continuer», souligne Emmanuel Sauvage.

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Malgré les difficultés liées à la crise, le directeur se félicite d’avoir fait «très peu de licenciements économiques dans le groupe», bien que certains «jeunes ont décidé de partir pour se réorienter.»

«Pour moi, la règle d’or, c’est d’anticiper. On nous annonce des mesures de couvre-feu à 18h. Ça ne change rien, la vie continue. On décale les horaires et on a la même vie», clame Emmanuel Sauvage.

Pour le chef d’établissements qui «fonctionnent bien, malgré le contexte», l’issue est dans l’innovation et d’être «présent sur les réseaux sociaux et en communication». Faisant partie des «hôtels à forte identité», avec une clientèle partagée équitablement entre les locaux et les touristes, le groupe espère «avoir moins de difficultés à reprendre». «Je dis qu’en septembre, on est carrément reparti à la normale dans nos établissements», espère Emmanuel Sauvage.

«J’ai fermé à contrecœur»

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Malgré le sourire radieux et le caractère combatif de Delphine Prigent, propriétaire du Signature Saint-Germain, la situation reste préoccupante pour cet hôtel familial quatre étoiles. En 2020, elle a perdu 85% de son chiffre d’affaires.

«On est un petit microcosme, une petite économie à nous seuls. Mais à un moment donné, travailler pour quasiment rien et pour avoir autant de charges, puis devoir diminuer nos services, parce qu’on a moins d’équipes, ça ne me convenait plus», détaille Delphine Prigent.

Après une courte période estivale, la jeune propriétaire a décidé de fermer l’établissement face au «calme plat et au couvre-feu» qui ont eu raison de sa clientèle, qui cherchait un pied-à-terre dans une maison parisienne. Et c’est également un crève-cœur pour les neuf personnes qui font tourner les 26 chambres de l’hôtel. Une famille aussi.

«J’ai fermé à contrecœur. Ils sont tous au chômage partiel. Ils ont des aides, mais c’est dur. Ce sont les gens qui ont l’habitude de travailler, d’être en contact avec les gens», précise Delphine Prigent.

Malgré le fait que la jeune propriétaire reste consciente que l’année 2021 «ne va pas être une année touristique», elle s’accroche aux valeurs de sa famille, hôteliers depuis trois générations: «Notre point fort – c’est l’humain: nos équipes et la satisfaction de nos clients.»

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