«État profond»: réalité administrative ou fantasme conspirationniste?

© Sputnik . Irina Kalashnikova / Accéder à la base multimédiaLe palais de l'Élysée, à Paris
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La pandémie de Covid-19 a révélé sous un jour cruel les failles de l’État ainsi que les approximations de l’administration. Mais ces ratés sont-ils imputables aux seuls responsables politiques? Y a-t-il en France un «État profond»? La politiste Chloé Morin, qui publie Les inamovibles de la République, partage son analyse avec Sputnik.
«Nous avons, nous aussi, un État profond. Et donc, parfois, le Président de la République dit des choses, et puis la tendance collective pourrait être de dire: “Il a dit ça, mais enfin nous on connaît la vérité, on va continuer comme on a toujours fait.”»

Non, ce n’est pas Donald Trump, Marine Le Pen ou encore un obscur blogueur conspirationniste qui le dit. Les mots ont été prononcés par Emmanuel Macron le 27 août 2019, devant ses diplomates réunis à l’Élysée lors de la traditionnelle conférence des ambassadeurs et des ambassadrices. Le chef de l’État dénonçait alors, à la stupéfaction générale, l’existence d’un «État profond» au Quai d’Orsay.

Mais que signifie exactement ce terme et qui est dans le collimateur du Président de la République? Chloé Morin, conseillère à Matignon de 2012 à 2016 sous le quinquennat de François Hollande, révèle dans son livre Les inamovibles de la République (Éd. de l’Aube) la toute-puissance de la haute fonction publique. Une classe de super-techniciens, bien rodés aux subtilités de l’appareil d’État, protégés par un système de réseautage finement entretenu, et dont les diplômes assurent une rente à vie, relate-t-elle.

Cette caste quasi aristocratique au plus haut sommet de l’État, qui se maintient indépendamment des alternances politiques, ne serait pas exempte de tout reproche, si l’on en croit la politiste.

«Pour être promu, il vaut mieux copiner, avoir rendu des services, qu’avoir décidé et obtenu des résultats au risque d’avoir déplu à son corps d’origine», témoigne dans son livre celle qui est désormais spécialiste de l’opinion à la Fondation Jean-Jaurès.

Inertie, uniformisation des modes de fonctionnement, entre-soi malsain, cooptation, pantouflage du public vers le privé, voire rétro-pantouflage quand un haut fonctionnaire repasse du privé vers le public… L’action politique est-elle affaiblie par la mainmise de la haute administration française?

«Il y a une porosité de plus en plus grande entre la haute administration et la classe politique», alerte Chloé Morin.
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