Plus d’un Français sur deux victime de harcèlement scolaire, selon une étude

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En classe - Sputnik Afrique, 1920, 20.03.2021
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Phénomène social, le harcèlement touche plus d’un Français sur deux en milieu scolaire, selon une récente étude Ifop. Nora Fraisse, fondatrice d’une association d’aide aux enfants victimes et à leurs parents, pointe pour Le Figaro le rôle des réseaux sociaux en la matière et évoque plusieurs façons de remédier au problème.

«Plus d’un Français sur deux» s’avère avoir été victime, de façon répétée, d’«au moins une forme de violence» (56%), notamment verbale, révèle une étude Ifop sur le milieu scolaire, effectuée pour la région Île-de-France et l’association Marion Fraisse La main tendue.

La question porte sur tout le cours de leur vie, d’où l’on conclut que le harcèlement n’est pas limité à l’établissement scolaire mais s’étend au-delà, sur le chemin de l’école ou sur les réseaux sociaux. Comme Alisha, morte noyée dans la Seine début mars, harcelée depuis des semaines sur les réseaux sociaux, selon sa mère.

Réseaux sociaux

Pour la plupart, il s’agit de moqueries et propos vexants (46%) ou d’insultes (36%), précise l’enquête qui s’est focalisée sur l’expérience des 2.003 répondants et 500 enseignants, en janvier 2021. 21% des Français interrogés ont vécu des violences physiques, 19% des gestes dégradants, 15% des menaces d’agression de racket et 10% évoquent des «jeux dégradants».

«Depuis le confinement, beaucoup de jeunes enfants sont revenus à l’école avec un téléphone portable, un amplificateur du phénomène de harcèlement», déclaré au Figaro Nora Fraisse, fondatrice de l’association Marion La main tendue.

Présence active de bandes

En 2013, sa fille Marion a été retrouvée pendue dans sa chambre, son téléphone portable non loin. La mère s’est depuis engagée dans le combat contre le harcèlement et a mis au point en novembre dernier un organisme dans l’Essonne destiné à recevoir les victimes de harcèlement et leurs parents.

Depuis lors, 82 enfants y ont trouvé un accompagnement, dans ce département où se sont déroulées récemment des rixes mortelles entre adolescents. Fin février, deux adolescents de 14 ans y avaient trouvé la mort en l’espace de 24 heures.

La présidente (LR) de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, a souligné qu’il était «important qu’une telle structure ait ouvert dans l’Essonne, un territoire où les bandes sont très présentes, s’invectivent sur les réseaux sociaux et se retrouvent ensuite dans le même établissement scolaire».

Dans le contexte de la multiplication des altercations entre jeunes, Mme Pécresse s’est dite favorable à l’idée d’«abaisser la majorité pénale de 18 à 16 ans», ainsi qu’à l’utilisation de drones, à la vidéosurveillance et à l’armement de la police municipale.

Catégories les plus touchées

Le harcèlement touche pour l’essentiel les jeunes (59% chez les 15-17 ans), les groupes précaires (49% parmi les populations à revenus modestes, contre 32% pour celles à hauts revenus) et les minorités sexuelles.

L’enfant d’un quart des Français (24%) en a été victime, indique l’étude.

Ce qui complique le dossier, c’est qu’environ la moitié des victimes n’ont jamais parlé.

Durcir les sanctions

Pour Nora Fraisse, il importe de veiller à la formation des enseignants et au durcissement de la punition des coupables. 62% des professeurs affirment avoir géré des situations de harcèlement dont 33% à maintes reprises, mais «se sentent assez majoritairement désarmés pour y faire face», pointe l’enquête.

«Il faudrait tout simplement appliquer la loi», insiste Nora Fraisse.

«Inutile de créer un nouveau délit. Le cadre pénal existant est suffisant», d’après Valérie Pécresse, qui propose de «fixer un "violentomètre" pour graduer les sanctions».

La plupart des Français (92%) perçoivent ce problème comme «pas appréhendé à sa juste mesure par les pouvoirs publics».

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