Le sang-froid face au terrorisme observé chez de plus en plus de Français, selon un sondage

© AFP 2023 THOMAS SAMSONAttentat de Rambouillet
Attentat de Rambouillet - Sputnik Afrique, 1920, 01.05.2021
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Secoués par le meurtre d’une fonctionnaire de police dans le commissariat de Rambouillet, les Français semblent s’accoutumer aux attentats, selon un sondage Ifop réalisé pour L'Express. Le directeur du département Opinion de l'Ifop précise pourtant que la population attend que «l'État muscle sa riposte».

De plus en plus de Français semblent s’habituer à la menace terroriste alors qu’il y a six ans elle était source d’une très forte inquiétude chez plus des deux tiers d’entre eux, indique le sondage Ifop réalisé pour L'Express les 27 et 28 avril.

Ainsi, 29% des personnes interrogées quelques jours après l’assassinat de la fonctionnaire de police Stéphanie Monfermé par le terroriste Jamel Gorchene, trouvent «très élevée» l'intensité de la menace terroriste.

Interrogé par L’Express, Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l'Ifop, considère que les Français «apprennent à vivre avec la menace terroriste à l'instar de ce qui se passe avec le Covid».

«C'est sans doute terrible, mais les gens, et aussi les médias, tournent aujourd'hui plus vite la page après un attentat. L'attaque de Conflans est une exception: les circonstances étaient très particulières, en raison de la décapitation, de l'identité de la victime, un enseignant, de l'identité de l'auteur, un jeune homme réfugié, et du motif». 

En effet, après la décapitation de Samuel Paty, 51% des sondés ont qualifié cette menace de «très élevée». Ceci alors que depuis trois ans le ratio oscillait entre 16% et 38%. À titre de comparaison, après les attentats de Paris de 2015, 68% des personnes interrogées trouvait également cette menace «très élevée», selon un sondage de l'Ifop réalisé pour Sud-Ouest Dimanche.

«Depuis 2017, on est dans un mouvement de baisse dans la perception de l'intensité de la menace, avec des rebonds», poursuit auprès du magazine Jérôme Fourquet.

«Un glissement vers une demande de plus de sévérité»

Comme l’estime M. Fourquet, «on prend désormais en compte l'existence de radicalisés» comme «on prend en compte l'existence de pédophiles et de tueurs en série dans la société, en demandant aux enfants, aux femmes seules, de faire attention».

Selon lui, il ne s’agit pas d’indifférence mais d’une «colère sourde, qui passerait par une demande décuplée de répression»:

«Ce n'est pas pour autant rassurant, car on observe dans le même temps un glissement vers une demande de plus de sévérité. Les Français apprennent à vivre avec le terrorisme mais attendent que l'État muscle sa riposte».

La confiance en la politique sécuritaire

Cette tendance a affecté la confiance des Français dans l'action sécuritaire d'Emmanuel Macron et du gouvernement, laquelle affiche un taux de 38%, selon le sondage.

La politique sécuritaire satisfait plus les électeurs de gauche (45% des sympathisants PS et 53% des EELV), que de droite (35% chez LR et 11% au RN).

«Les électorats LR et RN considèrent largement que le compte n'y est pas de la part d'Emmanuel Macron. Ce qui permet de comprendre pourquoi Xavier Bertrand et Valérie Pécresse, par exemple, ont un discours très dur sur ces sujets de sécurité», note Jérôme Fourquet.

Loi antiterroriste

Pour mieux protéger les habitants face à la menace terroriste, le ministre de l'Intérieur a présenté mercredi 28 avril un nouveau projet de loi antiterroriste qui élargit le recours à la technique controversée des algorithmes pour tenter de détecter les personnes radicalisées, actuellement sous les radars du renseignement.

En outre, le texte prévoit la surveillance accrue des ex-détenus condamnés pour terrorisme, la limitation de déplacement des personnes sous surveillance administrative dans un certain périmètre ou encore un durcissement des mesures de fermeture liées aux lieux de culte soupçonnés d'être liés à des faits de nature terroriste.

Selon Gérald Darmanin, le ministère y travaille «depuis des mois». Il assure que ce n'est «pas une réponse» à l'attentat de Rambouillet.

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