«C’est ça le courage, d’être anonyme?» Darmanin s’en prend à la lâcheté des militaires de la nouvelle tribune

© AP Photo / Kamil ZihniogluGérald Darmanin
Gérald Darmanin - Sputnik Afrique, 1920, 10.05.2021
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Une nouvelle pétition politiquement engagée mais anonyme. Gérald Darmanin a condamné le manque de courage de ses auteurs. François Hollande s’est joint à lui, jugeant qu’il ne faut pour cette raison «pas [y] accorder de crédit».

Au lendemain de la publication, toujours par Valeurs actuelles, d’une nouvelle pétition de militaires, les réactions s’enchaînent. Alors qu’une vingtaine de généraux avaient signé le premier texte paru le 21 avril dans les colonnes de l’hebdomadaire, cette fois, les auteurs du nouveau texte ont préféré garder l’anonymat, élément qui a provoqué l’indignation de certains politiques.

«C’est ça le courage, d’être anonyme? Quand on veut faire de la politique, on se présente aux élections [...]. En démocratie, n’en déplaise à certains militaires, c’est les gens qui décident entre Dupont et Duchmol», lance ce matin le ministre de l’Intérieur, invité de Jean-Jacques Bourdin sur BFM TV.

Confiant qu’il n’a pas lu la tribune à sa parution le 9 mai au soir, Gérald Darmanin a confié qu’il avait beaucoup de militaires dans sa famille et «je crois savoir [...] que quand on est militaire, on ne fait pas ce genre de chose en cachette, à la petite semaine».

Dans cette nouvelle tribune, les auteurs, tous militaires d’active selon l’hebdomadaire, insistent sur le fait que «nous ne pouvons pas, réglementairement, nous exprimer à visage découvert».

Suite à la publication de la première tribune, principalement coécrite par des militaires à la retraite, le chef d’état-major des armées François Lecointre a promis de sanctionner certains les signataires actifs et ceux qui peuvent toujours être rappelés.

«On se croirait sur les réseaux sociaux»

Le ministre de l’Intérieur s’en est également pris au magazine pour avoir servi de plateforme, sans pour autant évoquer son nom:

«Quelle drôle de société courageuse que celle qui donne la parole à des anonymes? On se croirait sur les réseaux sociaux», regrette Gérald Darmanin.

Puis le locataire de l’hôtel Beauvau a appelé à «arrêter les tergiversations politiques», jugeant qu’il s’agit d’«une grossière manœuvre d’impression qu'il y aurait [...] des radicaux qui pourraient aider le Front national à gagner les élections», le premier tour des élections régionales se tenant dans quelques semaines et celui de la présidentielle dans 11 mois.

D’après le ministre de l’Intérieur, «quand on veut être courageux, on donne son nom, et quand on a envie de montrer [...] que l’on peut gagner parce que l’on va gagner avec ses idées et [...] que ceux qui sont là, présents, sont mauvais, alors [...] on se présente aux élections».

«On ne devrait même pas y accorder de crédit»

Dans un entretien à Franceinfo ce matin, le ministre de l’Économie a estimé que c’était «le contraire de ce qu’on attend des militaires».

«Ce qui me choque le plus, c’est que cela abîme une partie de nos armées», a ajouté Bruno Le Maire qui a fait part de tout son respect et de tout son amour envers l’armée française, mais «certainement pas ces quelques poignées de militaires qui ont jugé bon, sous couvert d’anonymat, de reprendre la rhétorique de l’extrême droite».

Un anonymat que trouve «inquiétant» François Hollande qui s’est interrogé ce matin sur France Inter sur «la déontologie»:

«On ne devrait même pas y accorder de crédit: quand il n'y a pas de signature, il n'y pas de texte».

«Signal d’alarme sérieux»

S’adressant au Président, aux ministres, aux parlementaires et aux officiers généraux, les militaires indiquent dans leur tribune – qui a déjà été recueilli plus de 100.000 signatures selon une mise à jour ce lundi 10 mai à midi – qu’il ne s’agissait cette fois «pas d’émotion sur commande, de formules toutes faites ou de médiatisation».

«Il s’agit de la survie de notre pays, de votre pays» menacé par «l’islamisme auquel [nos dirigeants] font des concessions sur notre sol», écrivent-ils, mettant en garde contre «la guerre civile» qui couve en France.

Certaines personnalités politiques voient dans cette pétition «un signal d’alarme sérieux», comme le député LR Julien Aubert, qui considère que le gouvernement doit tenir «un discours de lucidité sur l’état de pays».

Le député européen François-Xavier Bellamy s’est quant à lui dit «révolté que certains s’en prennent aux messagers pour ne pas écouter le message».

«Oui, la France vit une crise profonde. Il faut donner aux forces de l'ordre les moyens de leur mission, rétablir la chaîne pénale, reconstruire l'éducation», insiste-t-il.
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