«Développement de faits extrêmement violents», la note alarmiste de Darmanin aux préfets

© AFP 2023 LUDOVIC MARINGérald Darmanin à Beauvais
Gérald Darmanin à Beauvais - Sputnik Afrique, 1920, 07.06.2021
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Gérald Darmanin a admis que les faits de violences avaient explosé ces derniers mois, dans une lettre aux préfets, relayée par Le Figaro. Le ministre de l’Intérieur fait le lien avec la crise sanitaire.

L’enchaînement des faits divers ces dernières semaines, entre agressions de policiers et violences familiales, ne laissait guère de doute, mais Darmanin a fini par le formaliser: certaines violences ont explosé depuis le début de l’année. C’est en tout cas la teneur de la note que le ministre de l’Intérieur a envoyé aux préfets le 4 juin dernier, et que s’est procurée Le Figaro.

Dans ce télégramme, le ministre admet que le pays est en proie «au développement de faits extrêmement violents», dont la gravité doit «appeler une réponse forte». S’appuyant sur les données de ses services, Gérald Darmanin insiste notamment sur la hausse des violences intrafamiliales (+20% par rapport au cinq premiers mois de 2020) et sur les violences conjugales (homicides et tentatives d'homicides).

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Plusieurs drames de cet ordre ont en effet secoué l’actualité il y a peu, notamment le meurtre près de Bordeaux de Chahinez B., brûlée vive en pleine rue par son mari. Deux semaines plus tard, à Hayange, une jeune femme avait été égorgée par son conjoint sous les yeux de sa fille de trois ans et demi. Dans les deux cas, les coupables avaient bénéficié d’aménagement de peine, ce qui avait relancé les débats sur un possible laxisme de la justice. Éric Dupond-Moretti, avait d’ailleurs été hué au Sénat après le meurtre de Mérignac.

Dans sa note, Gérald Darmanin signale encore une «progression de 137% des interventions par le GIGN et le RAID sur des individus dangereux retranchés». Les récentes traques de deux forcenés, d’abord dans les Cévennes après un double meurtre, puis en Dordogne il y a une semaine, en sont l’illustration.

Le ministre de l’Intérieur s’inquiète enfin d’une «augmentation de 28% des violences à l'encontre des services de sécurité, de santé et de secours». Un constat également dressé par les syndicats de police, qui avaient exprimé leur ras-le-bol par plusieurs tribunes ces dernières semaines, puis par une manifestation devant l’Assemblée nationale, ce 19 mai. Là encore, les débats sur le laxisme de la justice avaient fait rage. «Monsieur le garde des Sceaux, réveillez-vous!», avait ainsi lancé le secrétaire général d’UNSA Police, lors de ce rassemblement.

La pandémie en cause?

Cherchant à identifier les causes de ces flambées de violence, Gérald Darmanin incrimine en premier lieu la pandémie, dans sa note aux préfets. Pour le ministre, ces faits sont en effet «vraisemblablement liés aux conséquences de la crise sanitaire».

Un «effet confinement» a notamment pu jouer sur l’explosion de certains types de délits, comme les violences conjugales. Lors du premier confinement, Marlène Schiappa avait ainsi annoncé que la plateforme dédiée avait reçu cinq fois plus de signalements qu’en temps normal.

D’autres mettent au contraire l’accent sur le déconfinement, qui aurait pu permettre une forme de déchaînement des pulsions, après plusieurs mois d’enfermement. Commentant une récente agression raciste à Cergy, Mario Stasi, le président de la LICRA (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) avait ainsi mis en cause «un effet de lâcher prise», pointant du doigt «des bêtes enragées qui sortent et expriment leur violence», sur BFM TV.

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