Une sénatrice EELV veut compter les femmes dans les spectacles parisiens avant d’accorder des subventions

© Photo Pixabay / phegenbartUn théâtre
Un théâtre - Sputnik Afrique, 1920, 15.06.2021
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Alice Coffin a réclamé des statistiques sur les emplois octroyés aux femmes dans les spectacles parisiens. Une donnée à examiner avant d’accorder des subventions, selon l’élue EELV.

Alors que l’Assemblée nationale cogite pour imposer des quotas de femmes à la tête des grandes entreprises, certains souhaiteraient appliquer la même logique aux établissements culturels. Au Conseil de Paris, l’élue EELV Alice Coffin a ainsi demandé un décompte des femmes employées dans les spectacles parisiens.

Devant ses pairs, la conseillère a égrené quelques exemples de salles de théâtre où la parité laisse selon elle à désirer. Ainsi le Théâtre Paris 14 a-t-il été accusé d’afficher une «programmation avec huit hommes et six femmes pour la mise en scène», doublé d’un ratio peu glorieux de «douze hommes et trois femmes» côté auteurs.

Pour mieux équilibrer les comptes, l’élu propose donc que des statistiques en la matière soient dressés et examinées avant chaque accord de subventions.

«Ce boulot-là, d’aller compter, d’aller faire des statistiques sur les programmations est essentiel. Ce sont des techniques d’information […] J’aurais aimé savoir si ces chiffres pouvaient figurer dans les éléments qui nous sont donnés pour discuter des subventions», a ainsi déclaré Alice Coffin en séance.

Une façon de s’assurer que l’argent public ne «bénéficie pas qu’à une seule catégorie d’artistes: les hommes», a souligné l’élue.

La sortie de la militante féministe n’a pas tardé à soulever un tollé, plusieurs personnalités politiques critiquant sa proposition. Sur Twitter, la députée Aurore Bergé (LREM) s’est ainsi inquiétée d’une mesure préjudiciable à la liberté de création», qui selon elle ne se «contraint pas et ne se régule pas».

L’éditorialiste Lydia Guirous a pour sa part dénoncé une forme de «communautarisme», mettant en garde contre un glissement vers des décomptes ethniques et raciaux.

Alice Coffin avait elle-même effleuré le sujet dans son intervention, se félicitant que la comédienne Aïssa Maïga ait compté «les personnes noires dans la salle», lors de la cérémonie des Césars en 2020.

À l’époque, le discours de l’actrice avait d’ailleurs entraîné une controverse à propos des statistiques ethniques. Si ces dernières ne sont pas interdites en France, contrairement à une idée répandue, elles restent en effet strictement contrôlées.

Politique des quotas

Depuis quelques années, plusieurs entreprises publiques ou privées ont mis en œuvre des politiques de quotas, pour donner une meilleure visibilité à certaines populations. Des logiques de «discrimination positive» qui ne font pas toujours l’unanimité.

Début mai, l’Assemblée nationale avait notamment adopté une proposition de loi pour une «égalité économique et professionnelle réelle». Celle-ci appelait les entreprises de plus de 1.000 salariés à compter dans leurs rangs au moins 30% de femmes chez les «cadres dirigeants et membres des instances dirigeantes» d’ici 2027, et 40% d’ici 2030.

Comme l’a montré l’intervention d’Alice Coffin, le secteur culturel semble aussi friand de ce genre de stratégies. En septembre dernier, l’Académie des Oscars avait ainsi annoncé une série de mesures pour favoriser «l’inclusivité» parmi les films en sélection. Des critères en fonction de l’ethnie ou de l’orientation sexuelle devraient désormais prévaloir.

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