Fin du masque où le pass sanitaire est exigé: «Quand on a inventé l’airbag, on n’a pas retiré la ceinture de sécurité»

© AP Photo / Oded BaliltyMasque sur le sol
Masque sur le sol - Sputnik Afrique, 1920, 10.08.2021
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Désormais, sous réserve de disposer d’un pass sanitaire, le port du masque n’est plus obligatoire pour se rendre dans les restaurants ou les bars, dans les lieux de culture ou encore de loisirs. Un choix que dénoncent certains médecins, dont le docteur Alexis Hautemanière
«Ce sont des lieux où si justement il y a un pass sanitaire, c’est qu’il y a un fort risque de contamination. […] Si on voulait vraiment sécuriser le système, il fallait garder le masque.»
Alexis Hautemanière, médecin épidémiologiste et hygiéniste, ne s’en cache au micro de Sputnik: «C’est une disposition qui m’a surpris.»
En effet, le décret publié le 8 août au Journal officiel a confirmé que le masque ne sera plus obligatoire pour les personnes «ayant accédé aux établissements, lieux, services et événements» concernés par le pass sanitaire.
Un assouplissement pour les clients envisagé par Olivier Véran en juillet dernier. Sur RTL, le ministre promettait: «Là où il y a le pass sanitaire, les personnes pourront enlever le masque, car ça veut dire qu'on est sûr que toutes les personnes qui rentrent sont vaccinées complètement ou ont un test très récent qui est négatif.»

Un «compromis» qui ne fait pas l’unanimité

Une proposition qui n’avait guère convaincu Alain Fischer, le monsieur Vaccin du gouvernement. Selon lui, si la fin du port du masque à l’extérieur était compréhensible, «en situation où beaucoup de personnes sont réunies dans un même lieu, je pense qu'il faut rester prudent», avait-il estimé sur Europe 1.
​Une position que partage le docteur Hautemanière. Le praticien rappelle que «la vaccination a effectivement un effet protecteur sur l’acquisition de la maladie». Mais il existe toujours un risque de contamination! Si une personne contracte le virus, elle peut donc le transmettre. Les vaccins n’immunisent pas à cent pour cent.
Dans un entretien accordé à LCI, le virologue Christian Bréchot concédait: «Pour le Delta, la charge virale est comparable à celle des non-vaccinés, mais ça concerne les 10% de personnes qui ont été en échec du vaccin.»
«Ça ne remet pas en cause le fait que 90% des personnes qui ont été vaccinées ne vont pas être contaminantes, ne vont pas transmettre le virus», avait-t-il nuancé.
Étant donné les risques, certes faibles, comment expliquer ce choix gouvernemental? Pour le docteur Hautemanière, il s’agit d’une «décision politique». «Ce n’est pas une décision scientifique, ni clinique, c’est un compromis. Lorsque l’on a inventé l’airbag, on n’a pas retiré la ceinture de sécurité», ironise l’épidémiologiste.
«Il faut bien comprendre que la médecine, ce n’est pas que de la rhétorique. On est sur un système: les phases d’incubation, les phases de transmission. […] Si on veut vraiment arrêter cette épidémie, il faut que l’on mette toutes les chances de notre côté, plutôt que des chances du côté du virus. Le variant Delta, c’est une vraie exponentielle», détaille le docteur Hautemanière.
D’autant plus que l’épidémiologiste rappelle qu’un «virus mute parce qu’il se réplique»: «Plus on va arrêter vite l’épidémie, moins on aura de variants secondaires. C’est aussi un des grands enjeux de la vaccination pour tous.» Alors si la France connaissait une flambée des contaminations, le gouvernement pourrait-il faire marche arrière? «Cela sera inévitable», rétorque le médecin hygiéniste.
«Il y a d’ailleurs un certain nombre de restrictions qui sont réintroduites, alors qu’elles avaient été levées il y a quelques semaines. Si vous regardez ce qui se passe dans les territoires d’outre-mer. C’est impressionnant. On se retrouve quasiment dans une situation première vague.»
Un contexte épidémiologique critique qui a poussé Stanislas Cazelles, préfet de la Martinique, à décréter un nouveau couvre-feu de trois semaines.
​D’autres préfets ont imposé le port du masque en extérieur dans certaines communes comme en Charente-Maritime, Meurthe-et-Moselle, dans l’Hérault ou encore en Vendée. Le décret relatif à la gestion de la crise sanitaire prévoit d’ailleurs que le port du masque «peut toutefois être rendu obligatoire par le préfet de département lorsque les circonstances locales le justifient, ainsi que par l'exploitant ou l'organisateur». En outre, dans les transports de longue distance, tels que les avions, autocars et les TGV, le masque reste toujours de rigueur.
«Il est aussi prévu dans la loi une évaluation hebdomadaire des dispositifs, tant sur le volet économique que sur le volet épidémique. […] Une loi ça se défait et ça se refait», conclut le docteur Alexis Hautemanière.
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